La BRI plaide pour une régulation renforcée de la gestion d'actifs

La Banque des règlements internationaux (BRI) souhaite s'inspirer de ce qui a été fait pour les banques pour renforcer la régulation des acteurs financiers non bancaires. Il ne s'agit plus simplement du "shadow banking" mais bien de toute l'industrie de la gestion d'actifs qui est ainsi visée par la banque centrale des banques centrales.
Pour la BRI, la gestion d'actifs peut également représenter un risque systémique.
Pour la BRI, la gestion d'actifs peut également représenter un risque systémique. (Crédits : Reuters)

La régulation, le retour ? Dans son rapport trimestriel, la Banque des règlements internationaux (BRI), "la banque centrale des banques centrales", milite en faveur d'une régulation renforcée des acteurs non-bancaires. Et il ne s'agit pas simplement du "shadow banking", cette finance de l'ombre, mais bien de la florissante industrie de la gestion d'actifs, "compte tenu de son poids grandissant, susceptible de déstabiliser le système financier en cas de crise".

Selon la BRI, les actifs gérés de ces acteurs s'élèvent à 200.000 milliards de dollars en 2019, soit quasiment la moitié du système financier global. Et son rythme de croissance a été bien plus rapide que celui des banques ces dix dernières années.

Nouveau paradigme

C'est un changement de paradigme. Jusqu'ici, il était convenu d'une régulation "light" de la gestion d'actifs, du moins dans son acceptation de risque systémique (en revanche,  la conformité pour protéger l'investissement a explosé ces dernières années). Depuis la quasi-faillite du fonds LTCM en 1998, il est en effet admis que les conséquences de la faillite d'un fonds se limitaient à ses actionnaires, sans effet de contagion à l'ensemble du système.

La BRI pense désormais autrement, le choc de la pandémie aurait révélé les vulnérabilités du secteur, grand financeur de l'économie, qui englobe les fonds spéculatifs, les fonds d'investissement, les fonds de pension ou même les compagnies d'assurance. "Lorsque les choses tournent mal, les intermédiaires financiers non-bancaires peuvent déclencher ou amplifier le stress des marchés", estime le rapport. Et "affecter la façon dont les politiques se transmettent à l'économie", ajoute la BRI, soucieuse des marges de manœuvre des banques centrales.

Trésor de guerre

Du coup, l'institution souhaite renforcer les règles macroprudentielles dans la gestion d'actifs (activités peu consommatrices de fonds propres et donc rentables), à l'instar de ce qui se pratique déjà dans le secteur bancaire, avec pour objectif d'inciter ces acteurs non-bancaires à constituer un "trésor de guerre" pendant les périodes fastes et servir ainsi d'amortisseur en cas de grand stress sur les marchés. Et selon la BRI, les secousses de marché, avec de brusques mouvements , pendant la pandémie montrent bien qu'il ne faut pas baisser la garde.

La BRI fait ainsi clairement le parallèle avec ce qui a été fait pour le secteur bancaire après la crise financière, notamment avec toutes les mesures prudentielles contra-cycliques.

Ces réflexions peuvent d'ailleurs renvoyer en filigrane à la profonde transformation du fonctionnement même des marchés et de ces intervenants. Depuis la crise financière de 2008, les banques ont notamment quitté les marchés et leur rôle de contrepartie lorsqu'elles ont été contraintes de stopper leurs activités de trading pour compte propre. Un vide qui a été mis à profit par les fonds spéculatifs, voire plus récemment, par les boursicoteurs individuels.

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Commentaires 2
à écrit le 06/12/2021 à 23:36
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La régulation à la sauce bankster cela s'appelle surtout de la manipulation financière légalisée (cf. vente de produits dérivés sans contre-partie ou avec réplication synthétique de titres pourris).

à écrit le 06/12/2021 à 23:25
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BRI contre Robert !! ton univers impitoyaaaAble !

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