Le spécialiste de la banque en kit Solarisbank arrive sur le marché français

La plateforme de services bancaires Solarisbank vient de lever 190 millions d’euros lors d’un nouveau tour de table, ce qui valorise la fintech berlinoise à 1,4 milliard. Elle vient de racheter la fintech britannique Contis, spécialisée dans les paiements, et compte se lancer à la conquête de l’Europe. Solarisbank ouvre ainsi une succursale en France pour attaquer un marché encore balbutiant dans l’Hexagone.
A gauche, le Dr. Roland Folz, CEO de SolarisBank et à droite, le cofondateur et président du conseil de surveillance de la néo-banque, Ramin Niroumand.
A gauche, le Dr. Roland Folz, CEO de SolarisBank et à droite, le cofondateur et président du conseil de surveillance de la néo-banque, Ramin Niroumand. (Crédits : DR)

La banque de demain sera-t-elle une plateforme de services ? C'était la conviction du cabinet d'études Forrester en 2010. Dix ans plus tard, Solarisbank, une des pionnières de la « bank as a service » (BaaS) en Europe, fondée à Berlin en 2015, ne cache plus ses ambitions. Elle vient de lever 190 millions d'euros lors de son dernier tour table, s'implante en France, en Italie et en Espagne, où elle compte proposer à ses clients des « IBAN » (identifiants bancaires) locaux et annonce l'acquisition de la fintech britannique Contis, spécialisée dans le paiement, pour se développer au Royaume-Uni.

« Cette alliance suit une logique stratégique claire. Ensemble, nous allons construire une puissance internationale dans le domaine du banking as a service », a déclaré, dans un communiqué publié ce mardi, Ramin Niroumand, président du conseil de surveillance de Solarisbank.

Accélérateur de fintechs

Encore méconnue du grand public, Solarisbank, qui dispose d'un agrément bancaire, propose à d'autres fintechs une vaste palette de services financiers, comme des comptes bancaires, des cartes bancaires ou du crédit, mais aussi du crowdfunding, des wallets, voire une place de marché (marketplace), via une multitude d'API's (interfaces de programmation) pour faciliter l'intégration informatique. La société a récemment migré l'ensemble de ses solutions technologiques vers le cloud et tous ses partenaires sont désormais gérés sur une plateforme unique.

Solarisbank apparaît ainsi comme un puissant accélérateur de fintechs, prenant en charge tout ou partie du traitement des opérations, dans une grande variété de domaines. Elle remet en piste, version techno, la vieille antienne sur la séparation des fonctions de production et de distribution, qui se met d'ailleurs progressivement à l'œuvre dans les grands groupes bancaires depuis la crise financière de 2008.

La force de Solarisbank est donc de proposer des solutions clés en main, modulaires, faciles à mettre en place en marque blanche, à des acteurs qui se peuvent ainsi se concentrer sur la relation client, en étant prêt à agréger des services de différents partenaires. En ce sens, des acteurs comme Solarisbank participe à la transformation radicale qui s'opère dans l'industrie financière.

Treezor, pionnier en France

Sa compatriote Fidor a également tenté de se lancer sur le banking as a service, mais contrairement à Solarisbank, en poursuivant son activité bancaire en B2C, selon le concept de la banque communautaire. Le rachat de Fidor par le groupe BPCE en 2016 n'a pas permis de masquer l'échec de cette stratégie à la fois B2C et B2B, et sa tentative de lancer en France, en 2018, une plateforme de services a fait long feu, avant la revente de la néobanque par BPCE en 2020. Le groupe bancaire français avait pourtant perçu très tôt le potentiel du BaaS, et a même développé, avec Visa , la solution de carte bancaire « à la demande » Xpollens.

C'est d'ailleurs sur ce créneau de la carte que la fintech Treezor a développé son activité de plateforme de services. Rachetée en 2018 par Société générale, cette fintech propose ainsi des solutions de paiement sur mesure, via des APIs, à d'autres fintechs, comme Qonto, mais aussi à des groupes industriels, comme TotalEnergies pour gérer ses flux de remboursement d'électricité.

Avec ces partenaires, les groupes non financiers peuvent ainsi envisager de se lancer rapidement, et à moindre coût, dans les services financiers. Les banques elles-mêmes peuvent avoir recours à ces fintechs BaaS. Ce fût le cas pour ABN Amro avec Solarisbank pour le lancement de sa banque en ligne en Allemagne Moneyou (depuis rachetée).

Inversement, de plus en plus de banques proposent elles-mêmes à des tiers des solutions de BaaS, comme Arkéa (HSBC France, Axa Banque), ou BBVA et même Goldman Sachs. Aux Etats-Unis, il n'est pas rare de voir des banques, souvent modestes, proposer des services clés en main à des stars de la fintech, comme Shime, Square ou Mondo.

Tous ces assemblages préfigurent peut-être le futur de la banque avec des fonctions éclatées vers une multitude de partenaires. Une façon de mieux rentabiliser des réseaux de distribution, mis à mal par la persistance des taux bas. Avec en bout de course, une multiplication de nouveaux intermédiaires, sensés simplifier les parcours pour le consommateur final.

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Commentaire 1
à écrit le 28/07/2021 à 8:33
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