CAC 40 : Worldline, le champion français des paiements, s'écroule en Bourse (-60%)

Le prestataire en services de paiement, qui a fait son entrée au CAC 40 en mars 2020, a vu sa capitalisation fondre de près de 60% ce mercredi matin, après une révision à la baisse de ses objectifs de croissance pour 2023. Le titre était déjà sous tension, comme la plupart des géants du paiement qui ont profité du boom de l’e-commerce ces dernières années.
Le géant européen des paiements a réduit son objectif de marge opérationnelle à fin 2023 de 10%.
Le géant européen des paiements a réduit son objectif de marge opérationnelle à fin 2023 de 10%. (Crédits : Christian Hartmann)

[Article publié à 13h24, le 25/10, mis à jour à 18h]

Deux semaines après l'effondrement d'Alstom (-40% sur la séance du 4 octobre, et qui ne s'est pas relevé depuis) un deuxième géant du CAC 40 a vu sa valeur fondre. Cette fois-ci, c'est le géant européen des paiements, Worldline, qui a vu sa capitalisation boursière chuter de près de 60% ce mercredi, précisément de 59,24% alors que l'indice phare de la Bourse de Paris a clôturé en très légère hausse (+0,30%). La valorisation de cette filiale d'Atos jusqu'en 2014 passe désormais sous le seuil des 3 milliards d'euros, à 2,7 milliards d'euros.

Depuis son entrée dans l'indice CAC 40 en mars 2020, la capitalisation se sera donc effondrée de près de 80%. Cette chute entraîne dans son sillage son concurrent coté, le groupe néerlandais Adyen. Ce dernier limite sa perte à 11% en fin de matinée. Il cède toutefois, lui aussi, plus de 80% de sa capitalisation depuis trois ans. Ces baisses de valorisations correspondent d'ailleurs, peu ou prou, à celles d'autres géants non-cotés des paiements, comme Klarna. La fintech britannique CAB Payments, spécialisée dans les paiements transfrontaliersn et récemment introduite à la Bourse de Londres, a également chuté de plus de 70% en début de semaine, également sur un avertissement sur ses prévisions de chiffre d'affaires.

Un avertissement

Comment expliquer une telle chute ? Worldline a lancé un avertissement sur son activité et a abaissé son objectif de croissance : 6% ou 7 % en 2023, contre 8 à 10% initialement. Mais, bien pire (pour les marchés), il renonce à donner des objectifs pour 2024. Le chiffre d'affaires au troisième trimestre est d'ailleurs inférieur aux attentes. Pour enfoncer le clou, la marge opérationnelle perd 150 points de base à 23,9% fin 2023. Elle pourrait à nouveau baisser sensiblement l'année prochaine. Jusqu'à présent, le groupe tablait pourtant sur une hausse de 100 points de base à 26,4% dans ses objectifs initiaux. Les objectifs 2024 devraient être ajustés en début d'année prochaine.

Dans son communiqué, le groupe évoque pêle-mêle une détérioration de la conjoncture mondiale au second semestre, des difficultés sur le marché allemand et une montée générale de la cybercriminalité, qui conduit à la résiliation de contrats avec les commerçants. Ces mauvaises nouvelles arrivent alors que le titre était déjà sous pression depuis le début de l'année. Et ce, sans compter une très mauvaise publicité : une panne avait bloqué pendant une heure le paiement par carte dans plusieurs grandes enseignes, comme Carrefour ou McDonald's, samedi dernier.

Normalisation

Plus globalement, les acteurs du paiement sont soumis, comme d'autres secteurs d'ailleurs (le luxe par exemple), à une « normalisation » de l'activité. La consommation exceptionnelle, résultant de la période post-Covid, s'est tarie. L'inflation et la perte de pouvoir d'achat en Europe a accéléré ce mouvement, beaucoup plus vite que ne l'escomptaient les nouveaux acteurs du paiement. Les comportements, eux aussi, évoluent. Les ménages se tournent parfois davantage vers le cash pour mieux maîtriser leur budget.

Face à un environnement qui s'annonce plus compliqué que prévu, Worldline a annoncé un plan de réduction des coûts à hauteur de 200 millions d'euros « en année pleine en 2025, avec une montée en puissance dès 2024 », indique, dans le communiqué, Gilles Grapinet, directeur général du groupe.

Peut-être aussi que le feu vert des autorités de la concurrence sur l'accord de partenariat entre Worldline et le Crédit Agricole, annoncé en avril dernier, et dont la portée reste encore à préciser, pourrait donner un nouvel élan au prestataire de paiement.

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Commentaires 7
à écrit le 25/10/2023 à 19:57
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Une ancienne filiale d'Atos jusqu'en 2014 ,Atos a joué fin en s'en débarrassant via une introduction en bourse pour récupérer du cash . Et il y a toujours des pigeons pour souscrire🤣

à écrit le 25/10/2023 à 19:03
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"le groupe néerlandais Adyen. Ce dernier limite sa perte à 11% en fin de matinée" Pourquoi si peu alors qu'affilié ? A oui l'optimisation fiscale, bien sûr...

à écrit le 25/10/2023 à 15:14
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@Raymonsd: Oui! Explique-nous! (Je n'en suis pas actionnaire)

le 25/10/2023 à 16:01
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Un titre largement surévalué (éloigné des fondamentaux) durant des années, un gros bug sur des systèmes de paiement avec des annulations de contrats commerçants en séries et, tout ceci dans un environement conjoncturel détérioré en Allemagne (récessi...

le 25/10/2023 à 18:06
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Par "gros bug", une panne survenue samedi dernier ayant bloqué les paiement CB dans de grandes enseignes (Auchan, Carrefour, McDonald's, SNCF, Ikea...).

le 26/10/2023 à 10:29
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@Raymond: Merci! Je viens de faire une dépense importante aux Galeries L., et ça a passé.

à écrit le 25/10/2023 à 14:33
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Et ça étonne les loulous?🤣

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