[Article publié à 13h24, le 25/10, mis à jour à 18h]
Deux semaines après l'effondrement d'Alstom (-40% sur la séance du 4 octobre, et qui ne s'est pas relevé depuis) un deuxième géant du CAC 40 a vu sa valeur fondre. Cette fois-ci, c'est le géant européen des paiements, Worldline, qui a vu sa capitalisation boursière chuter de près de 60% ce mercredi, précisément de 59,24% alors que l'indice phare de la Bourse de Paris a clôturé en très légère hausse (+0,30%). La valorisation de cette filiale d'Atos jusqu'en 2014 passe désormais sous le seuil des 3 milliards d'euros, à 2,7 milliards d'euros.
Depuis son entrée dans l'indice CAC 40 en mars 2020, la capitalisation se sera donc effondrée de près de 80%. Cette chute entraîne dans son sillage son concurrent coté, le groupe néerlandais Adyen. Ce dernier limite sa perte à 11% en fin de matinée. Il cède toutefois, lui aussi, plus de 80% de sa capitalisation depuis trois ans. Ces baisses de valorisations correspondent d'ailleurs, peu ou prou, à celles d'autres géants non-cotés des paiements, comme Klarna. La fintech britannique CAB Payments, spécialisée dans les paiements transfrontaliersn et récemment introduite à la Bourse de Londres, a également chuté de plus de 70% en début de semaine, également sur un avertissement sur ses prévisions de chiffre d'affaires.
Un avertissement
Comment expliquer une telle chute ? Worldline a lancé un avertissement sur son activité et a abaissé son objectif de croissance : 6% ou 7 % en 2023, contre 8 à 10% initialement. Mais, bien pire (pour les marchés), il renonce à donner des objectifs pour 2024. Le chiffre d'affaires au troisième trimestre est d'ailleurs inférieur aux attentes. Pour enfoncer le clou, la marge opérationnelle perd 150 points de base à 23,9% fin 2023. Elle pourrait à nouveau baisser sensiblement l'année prochaine. Jusqu'à présent, le groupe tablait pourtant sur une hausse de 100 points de base à 26,4% dans ses objectifs initiaux. Les objectifs 2024 devraient être ajustés en début d'année prochaine.
Dans son communiqué, le groupe évoque pêle-mêle une détérioration de la conjoncture mondiale au second semestre, des difficultés sur le marché allemand et une montée générale de la cybercriminalité, qui conduit à la résiliation de contrats avec les commerçants. Ces mauvaises nouvelles arrivent alors que le titre était déjà sous pression depuis le début de l'année. Et ce, sans compter une très mauvaise publicité : une panne avait bloqué pendant une heure le paiement par carte dans plusieurs grandes enseignes, comme Carrefour ou McDonald's, samedi dernier.
Normalisation
Plus globalement, les acteurs du paiement sont soumis, comme d'autres secteurs d'ailleurs (le luxe par exemple), à une « normalisation » de l'activité. La consommation exceptionnelle, résultant de la période post-Covid, s'est tarie. L'inflation et la perte de pouvoir d'achat en Europe a accéléré ce mouvement, beaucoup plus vite que ne l'escomptaient les nouveaux acteurs du paiement. Les comportements, eux aussi, évoluent. Les ménages se tournent parfois davantage vers le cash pour mieux maîtriser leur budget.
Face à un environnement qui s'annonce plus compliqué que prévu, Worldline a annoncé un plan de réduction des coûts à hauteur de 200 millions d'euros « en année pleine en 2025, avec une montée en puissance dès 2024 », indique, dans le communiqué, Gilles Grapinet, directeur général du groupe.
Peut-être aussi que le feu vert des autorités de la concurrence sur l'accord de partenariat entre Worldline et le Crédit Agricole, annoncé en avril dernier, et dont la portée reste encore à préciser, pourrait donner un nouvel élan au prestataire de paiement.
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