La néobanque Atom en passe d'être rachetée par BBVA ?

La startup britannique de services financiers aurait mandaté Citigroup afin d'examiner ses options. Son premier actionnaire, la banque espagnole BBVA, pourrait en prendre le contrôle.
Delphine Cuny
Pionnière de la banque mobile, la britannique Atom Bank avait misé sur les couleurs pop et la personnalisation de son application pour se différencier des établissements traditionnels.
Pionnière de la banque mobile, la britannique Atom Bank avait misé sur les couleurs pop et la personnalisation de son application pour se différencier des établissements traditionnels. (Crédits : Atom Bank)

"Le futur de la banque, disponible maintenant" annonce un peu crânement Atom Bank sur son site. Plus de deux ans après son lancement, cette banque britannique 100% digitale, qui propose des comptes d'épargne rémunérés et des prêts immobiliers, n'a certes pas encore "atomisé" la banque ou les services financiers, mais elle n'a pas à rougir de son bilan. Dans le dernier classement mondial Fintech 100 de KPMG, elle est la seule européenne à s'être maintenue dans le top 10 trusté par les chinoises et les américaines. Cependant, son futur pourrait s'écrire bientôt dans l'escarcelle d'un géant bancaire, l'espagnol BBVA. Le média britannique Sky News a révélé que la jeune pousse avait engagé la banque américaine Citi pour conseiller ses administrateurs sur ses options. Ce ne serait pas un "mandat de vente" en tant que tel mais trois voies se présentent à Atom en ce début d'année 2019 : un rachat, une nouvelle levée de fonds privée ou une introduction en Bourse.

Le scénario le plus probable est une prise de contrôle par BBVA. Le groupe d'origine basque dispose d'une option d'achat en tant que premier actionnaire détenant près de 40% du capital. Il a mené les tours de table d'Atom, qui a levé en tout quelque 369 millions de livres (416 millions d'euros), à une valorisation dépassant le demi-milliard de dollars. BBVA a déjà investi 189 millions d'euros dans la startup anglaise.

"Nous sommes l'organisme de prêt immobilier britannique à la plus forte croissance" s'était félicité en août dernier Mark Mullen le cofondateur et directeur général d'Atom Bank, professionnel chevronné de la finance, ancien patron de la banque en ligne First Direct (désormais filiale de HSBC).

Atom Bank a collecté plus 1,9 milliard d'euros de dépôts et prêté 2,25 milliards d'euros pour l'achat de biens immobiliers ou à des PME. Mais l'entreprise, qui emploie un peu plus de 300 personnes, essentiellement à Durham, dans le nord-est de l'Angleterre, est toujours déficitaire.

Le modèle encore introuvable des néobanques

Lors de son exercice clos en mars 2018, elle a même creusé sa perte à plus de 58 millions d'euros, contre 48 millions un an plus tôt : elle perçoit moins de commissions d'intérêt de ses clients emprunts qu'elle ne verse d'intérêts à ses clients prêteurs et génère de faibles revenus (de l'ordre de 20 millions d'euros). Malgré des coûts supposés moins élevés que des banques à réseau d'agences, les néobanques ont bien du mal à trouver un modèle économique viable, et ce n'est pas une spécificité française.

Lire aussi : Les néobanques ont conquis 4,4 millions de Français mais pas la rentabilité

L'univers britannique de la Fintech est en outre particulièrement concurrentiel, avec quelques jeunes pousses très bien financées comme Starling Bank et surtout Monzo, qui a levé 96 millions d'euros en octobre dernier en étant valorisée plus d'un milliard auprès de fonds de capital-risque américains après avoir séduit Stripe et Orange. Sans oublier la licorne Revolut qui a levé 250 millions de dollars en avril et s'est lancée dans une internationalisation accélérée.

Atom Bank n'avance pas au même rythme : en juin 2017, elle avait décidé de reporter le lancement d'un compte courant "peut-être même pas en 2018", du fait d'incertitudes réglementaires. De quoi rendre difficile à atteindre l'ambition de Mark Mullen de "réinventer la banque" et devenir le "Ryanair de la banque". Le cofondateur d'Atom, Anthony Thomson, est parti il y a un an, en Australie pour monter une autre banque digitale.

Une prise de contrôle par BBVA serait une nouvelle offensive d'une banque espagnole sur un marché britannique où Santander est déjà très bien implanté, devenu le numéro cinq après le rachat d'Abbey National, d'Alliance & Leicester et d'actifs de Bradford & Bingley, tandis que Sabadell a repris TSB en 2015. Le marché britannique est entré dans une nouvelle phase de concentration, avec le rachat cet été du challenger Virgin Money par la Clydesdale Bank and Yorkshire Bank pour 1,9 milliard d'euros.

Delphine Cuny

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