Née chez Orange, la Fintech Bizao s’attaque aux paiements mobiles en Afrique

Désormais indépendante, la startup Bizao est née au sein d'un programme d'intrapreneuriat du groupe Orange. Elle a développé une plateforme facilitant l'acceptation des paiements mobiles en Afrique et traite déjà 100 millions de transactions par mois.
Juliette Raynal
(Crédits : Bizao)

Développer une passerelle entre les fournisseurs de contenus et de services d'un côté et les opérateurs téléphoniques de l'autre pour faciliter les paiements mobiles en Afrique. Voilà le créneau sur lequel s'est positionnée Bizao, une Fintech créée par Aurélien Duval-Delort, aujourd'hui ex-salarié du groupe Orange, dans le cadre d'un projet d'intrapreneuriat.

"Bien que le développement du paiement mobile soit un succès indéniable avec 400 millions de comptes ouverts en Afrique sub-saharienne et une progression de plus de 40% ces trois dernières années, cette solution se limite pour 90% des utilisateurs à transférer de l'argent entre particuliers. Le paiement marchand reste ainsi à l'état embryonnaire (10%), la grande difficulté pour les entreprises étant de parvenir à intégrer ces moyens de paiement locaux de façon simple et rapide", explique la startup dans un communiqué.

Une plateforme pour masquer la complexité

Le fondateur et directeur général, Aurélien Duval-Delort, nous explique la genèse de son entreprise.

"En 2014, je suis parti en Afrique pour développer des projets d'open innovation au sein du groupe Orange. Je me suis alors rendu compte que les entreprises avaient du mal à intégrer les moyens de paiement proposés par Orange et les autres opérateurs. La source du problème c'est la carte de l'Afrique. C'est un continent très fragmenté avec 54 pays et 200 opérateurs. Pour une entreprise dont l'activité est développée dans deux, trois ou quatre pays en Afrique, c'est extrêmement complexe d'intégrer les moyens de paiement de chaque opérateur. Cela nécessite des mois de contractualisation et d'intégration technique. Il faut ensuite gérer la complexité des flux financiers avec des devises différentes", expose Aurélien Duval-Delort.

Pour surmonter cet écueil, Bizao a développé une plateforme technique et financière qui permet à une entreprise de signer un seul et unique contrat afin d'accepter les moyens de paiement de différents opérateurs de téléphonie mobile. Prenons l'exemple d'une entreprise de streaming vidéo.

"Grâce à Bizao, les clients d'opérateurs de téléphonie mobile de différents pays peuvent s'abonner directement au service de streaming depuis leur téléphone et sont débités automatiquement sur leur crédit téléphonique. Bizao, elle, collecte l'argent auprès des différents opérateurs, le remonte sur un compte central et le redistribue au fournisseur de contenus après avoir traité la complexité des flux. Nous nous rémunérons en prélevant une commission à chaque transaction", détaille Mikael Ptachek, auparavant responsable de la practice Fintech chez KPMG et désormais secrétaire général de Bizao et membre du comité exécutif en charge des finances, des ressources humaines et du juridique.

Une première levée de fonds

Aujourd'hui, Bizao est active dans cinq pays (Côte d'Ivoire, Sénégal, Cameroun, République démocratique du Congo et Burkina Faso). Elle vise deux types d'entreprises : les éditeurs de contenus (streaming audio, vidéo et jeux vidéo) étrangers ayant une activité en Afrique et les entreprises locales de différents secteurs (assurance, transport, énergie) qui cherchent à digitaliser leur activité.

"Nous traitons aujourd'hui 100 millions de transactions par mois et nous prévoyons de multiplier ce volume par cinq en 2020", indique Aurélien Duval-Delort.

Bizao a choisi d'installer son siège à Paris et a ouvert deux filiales au Sénégal et en Côte d'Ivoire. La startup emploie actuellement une vingtaine de personnes et prévoit de doubler ses effectifs en un an.

"Nous développons actuellement un centre d'excellence IT à Dakar qui sera en mesure d'assurer le fonctionnement et les évolutions de notre plateforme de paiement et le support IT. Nous avons de créé un centre d'excellence produit dédié aux nouveaux usages à Abidjan", détaille Natasha Dimban, Chief Technology Officer de la startup.

Bizao, qui compte six opérateurs de téléphonie mobile comme clients, entend s'attaquer rapidement à cinq nouveaux pays. Pour soutenir ses ambitions, la startup a récemment levé des fonds auprès d'un family office, dont le nom reste confidentiel. Bizao ne communique pas non plus le montant de cette levée mais précise qu'il s'agit d'une somme à sept chiffres (au moins un million d'euros). Aujourd'hui, Bizao est totalement indépendante d'Orange et l'opérateur n'est pas à son capital.

Juliette Raynal

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