Unicredit : résultat du deuxième trimestre supérieur aux attentes malgré le contexte politique italien

Le première banque italienne a affiché des résultats trimestriels positifs mardi, surpassant les attentes sur les bénéfices nets. Dans un contexte politique italien instable, elle tient ses objectifs et poursuit sa restructuration.
Unicredit a présenté mardi un recul moins marqué que prévu de ses bénéfices au deuxième trimestre.
Unicredit a présenté mardi un recul moins marqué que prévu de ses bénéfices au deuxième trimestre. (Crédits : Stefano Rellandini)

« Le meilleur semestre depuis 2008 »: voilà comment Jean-Pierre Moustier a présenté les résultats d'Unicredit ce mardi. La première banque italienne a publié des résultats trimestriels solides, confirmant ses objectifs pour 2018 et 2019. Une réussite permise par un bénéfice net trimestriel meilleur qu'attendu et une amélioration de la qualité de ses actifs.

Certes, sur la période avril-juin, le résultat net de la plus grande banque italienne est ressorti en baisse de 13,3% par rapport au deuxième trimestre 2017, à 1.024 milliard d'euros, en raison à la fois d'une hausse des charges et des provisions. Il est toutefois supérieur aux 975 millions attendus en moyenne par les analystes, selon un consensus des analystes de l'établissement. Au premier trimestre, la banque avait publié un bénéfice net en hausse de 22,6%, soutenu par des réductions de coûts et une baisse de ses dépréciations de prêts. Jean-Pierre Mustier, son dirigeant français, un ancien de la Société générale, a ainsi souligné la réussite du groupe, qui affiche une hausse sur le semestre des bénéfices de 15,3% à 2.136 milliards d'euros, malgré la chute des revenus de 2,5% à 10,3 milliards.

« UniCredit a délivré des résultats très solides sur la première partie de l'année, malgré un marché et un contexte géopolitique plus difficiles », s'est félicité Jean-Pierre Mustier.

En Bourse, la nouvelle a été accueillie par une belle progression du titre, de 3,6% à 16h à 14,85 euros, dans un marché optimiste.

Des restructurations depuis 2015 qui portent leurs fruits

Sous la houlette de Jean-Pierre Mustier, qui a pris les rênes du groupe mi-2016, UniCredit est en pleine restructuration de ses activités. Certaines ont été cédées (notamment sa filiale de courtage en ligne FinecoBank, sa filiale de gestion d'actifs Pioneer Investments et d'autres participations dans des activités européennes), et des réductions d'effectifs (de près de 14.000 personnes entre 2015 et 2019) et d'agences (790 à ce jour, soit 84% des objectifs d'ici 2019) ont permis des économies importantes de coûts. De plus, le groupe a levé 13 milliards d'euros au début de l'année dernière, le plus grand appel de fonds jamais lancé en Italie, afin d'assainir son bilan.

La restructuration de la banque et ses bons résultats sont aussi le fruit d'une amélioration conséquente de la qualité de ses actifs : ses crédits détériorés bruts atteignent 42,6 milliards d'euros fin juin, en recul de 2 milliards sur trois mois.

En ce qui concerne son portefeuille de crédits détériorés "non core" (la "bad bank" interne du groupe), son objectif désormais est d'atteindre 19 milliards d'euros bruts fin 2018 , contre 22,2 milliards fin juin, un chiffre « déjà plus bas que celui prévu initialement pour 2019 » lors de l'annonce du plan stratégique fin 2016, a noté Jean-Pierre Mustier. La prévision pour l'an prochain est désormais fixée à 14,9 milliards. Par ailleurs, 17,7 milliards d'euros de créances douteuses brutes ont été cédées.

 « Nous sommes confiants, nous allons continuer à faire des progrès importants dans la transformation du groupe. Nous sommes à mi-parcours du marathon. Même s'il s'agit du meilleur semestre d'UniCredit depuis 2008, ce n'est pas l'heure de crier victoire », a souligné le dirigeant de la banque.

 Il a par ailleurs indiqué que le futur plan stratégique de la banque, présenté avant la fin 2019, pourrait éventuellement prévoir des possibilités de croissance externe.

Tensions persistantes autour de la dette italienne

La conjoncture n'est pourtant pas vraiment favorable pour le groupe. Les tensions politiques contribuent à dégrader le « spread », l'écart entre les taux d'intérêt à dix ans allemand et italien, avec pour conséquence le recul du ratio de fonds propres durs d'Unicredit (CET1) de 12,51% contre 13,06 % fin mars. Cet indice, très suivi par les analystes, car il mesure la capacité à faire face à des crises, demeure cependant à un niveau extrêmement élevé.

La banque a confirmé que ce ratio serait compris entre 12,3% et 12,6% à la fin 2018 et au-dessus de 12,5% fin 2019, mais en précisant cette fois: « si le spread reste à son niveau actuel ». Le spread s'était enflammé en mai dans un contexte politique chahuté par les inquiétudes sur la politique à venir du gouvernement formé de la Ligue d'extrême droite et du Mouvement 5 étoiles arrivé au pouvoir début juin. Après une relative détente, il était reparti à la hausse depuis la semaine passée du fait des craintes liées au futur budget du gouvernement populiste.

(Avec agences)

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Commentaire 1
à écrit le 08/08/2018 à 9:08
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Une reprise en main du politique sur l'économique ne peut que motiver des investisseurs intelligents et il en reste encore certainement ! Du moins ils ne peuvent pas tous êtres américains quand même hein...

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