À Lannion, la filière photonique vise un millier d'emplois créés en dix ans

Elle fait partie des six technologies d’avenir identifiées par l’Union européenne : la photonique, filière fondée sur le traitement de la lumière et la fabrication de lasers et de fibres optiques, est un secteur en croissance régulière et qui recrute. Dans les dix prochaines années, les quelques vingt entreprises implantées à Lannion (Côtes-d'Armor) envisagent de créer plus de 1.000 nouveaux emplois, du technicien à l’ingénieur. Pour susciter des vocations, 90 collégiens réaliseront en décembre et en janvier leurs stages de découverte au Photonics Park.
Jusqu'à fin janvier, 90 collégiens bretons réaliseront un stage de découverte des métiers et des domaines d'applications de la photonique au Photonics Park de Lannion. En forte croissance, les entreprises de cette filière fondée sur le traitement de la lumière et la fabrication de lasers et fibres optiques comptent doubler leurs effectifs sous dix ans.
Jusqu'à fin janvier, 90 collégiens bretons réaliseront un stage de découverte des métiers et des domaines d'applications de la photonique au Photonics Park de Lannion. En forte croissance, les entreprises de cette filière fondée sur le traitement de la lumière et la fabrication de lasers et fibres optiques comptent doubler leurs effectifs sous dix ans. (Crédits : Anticipa)

La photonique, kesako ? Fondée sur le traitement de la lumière, cette technologie de pointe fait partie, à l'instar de l'électronique, des briques essentielles nécessaires à d'autres innovations. Utilisée en santé pour corriger une myopie, détecter des cancers ou réaliser une analyse de sang en quelques minutes, cette industrie du laser et de la fibre optique recouvre de multiples domaines de compétences et des savoir-faire cruciaux pour la réindustrialisation et la souveraineté.

Des réseaux télécoms aux lasers médicaux ou industriels, en passant par les capteurs optiques ou les véhicules autonomes, les applications concrètes et stratégiques de cette filière en croissance sont commercialisées à l'échelle mondiale. Pourtant, en dehors des parcours post-bac très spécialisés, les métiers de la photonique ne sont pas forcément bien connus. Et comme dans d'autres secteurs à dominante scientifique, les entreprises peinent à recruter.

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À Lannion, berceaux des télécoms et l'un des hauts lieux de la photonique française avec Bordeaux, Grenoble et Saclay, Photonics Bretagne prend le problème à bras le corps. L'enjeu est de taille puisque les vingt entreprises implantées sur la technopole Anticipa ambitionnent de créer 1.000 emplois supplémentaires sur les dix prochaines années et doubler leur masse salariale.

De l'opérateur à l'ingénieur, des profils aux qualifications variées

« Pour susciter des vocations, Photonics Bretagne mène des opérations de séduction auprès d'élèves de troisième. Jusqu'à fin janvier, 90 collégiens bretons réaliseront un stage de découverte fondée sur la pratique et la pédagogie au Photonics Park. Il s'agit de rendre cette science de la lumière ludique et compréhensible », indique David Méchin, directeur de Photonics Bretagne. Alors qu'un bac pro consacré à cette technologie riche en promesses d'emplois verra le jour en septembre 2024 au Lycée Félix-Le-Dantec de Lannion, ce hub d'innovation installé sur la Côte de Granit œuvre à la promotion de cette filière en fédérant les entreprises, les industriels et les organismes de formation et de recherche.

« C'est à Lannion qu'ont été développées les premières fibres optiques pour les réseaux télécoms français. Puis les technologies de la lumière ont gagné de nombreux autres secteurs applicatifs, la défense, le spatial, le médical, l'environnement, et même l'agriculture » illustre David Méchin. « Désormais passées à l'échelle industrielle, elles contribuent à créer une industrie deeptech qui recrute des profils aux qualifications variées, de l'opérateur à l'ingénieur en passant par le technicien et le chercheur » précise-t-il.

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Sur le territoire lannionnais, la formation en photonique est en effet une priorité, dans les lycées, à l'IUT (BTS), au sein des écoles d'ingénieurs autant que pour la formation continue des demandeurs d'emploi. Au niveau des doctorants européens, Photonics Bretagne organisera également fin janvier les Photonics PhD Days. Cette présentation annuelle des travaux de thèse vise à déboucher sur la création d'entreprises deeptech, comme ce fut le cas en 2023 avec la startup Photonics Open Project, dédiée à l'imagerie spectrale (scanner).

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Une filière en croissance de 15% par an

Si Lannion attire chaque année de nouveaux projets, c'est que cette petite ville de 20.000 habitants est identifiée comme une place forte de la R&D et de la fabrication de capteurs, de lasers et de fibres optiques. Tirée par des acteurs de poids, son écosystème regroupe des acteurs spécialisés sur toute la chaîne de valeur de la photonique : du micro-perçage à l'étirage de fibre optique, jusqu'à leur intégration dans des sous-systèmes tels que les capteurs ou les lasers.

Aux groupes industriels tels qu'Orange et Acome (câblage de haute technicité), se sont greffées des PME et ETI telles qu'Ekinops (télécoms), un fleuron de 540 personnes, Oxxius (lasers), dont le dirigeant Thierry Georges préside Photonics France, Idil Fibres Optiques, Cristalens Industries (implants intra oculaires), Lumibird, ou encore Kerdry (traitements optiques et métalliques). Sans oublier Exail, dont le simulateur d'entraînement pour les pilotes et équipages de l'Armée de l'Air et de l'espace équipera Air France en 2025.

« Le Photonics Park affiche une croissance moyenne de 15 % par an pour un chiffre d'affaires cumulé de 420 millions d'euros en 2022, dont 55 % à l'export. Ces entreprises ont passé la barre des mille salariés directs en 2023, ce qui représente une hausse de plus de 120 % en 10 ans », constate Estelle Keraval, directrice de la technopole Anticipa qui regroupe tout l'écosystème tech de Lannion, soit 150 entreprises, pour 5.000 collaborateurs.

Parmi les domaines d'excellence de ces entreprises figurent la fabrication de fibres à cœur creux qui permettent d'augmenter la vitesse de transmission de la lumière et de réduire la latence sur les réseaux. Avec la mise en service de la tour de fibrage de 15 mètres de haut de Lumibird, le Photonics Park compte désormais trois bâtiments déployant chacun plusieurs tours de fibrage permettant de produire de la fibre optique sur place. La visite de ces installations uniques en France, et surtout concrètes, permettront peut-être aux stagiaires de troisième de mieux se projeter dans leur avenir.

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