Vers une sortie de route de Finmeccanica en Inde

New Delhi devrait annuler le contrat portant sur l'acquisition de douze hélicoptères VIP fourni par le constructeur anglo-italien AgustaWestland. La filiale hélicoptériste de Finmeccanica devrait être également blacklistée par l'Inde pour les futurs appels d'offre.
Michel Cabirol
Le Premier ministre indien veut faire le ménage dans els contrats de défense

L'Inde a fait un pas de plus dans l'annulation probable d'un contrat portant sur la livraison de douze hélicoptères VIP par AgustaWestland, une filiale du groupe italien Finmeccanica, un contrat entaché de graves soupçons de corruption. "Le ministère de la Défense a délivré une demande finale de justification à AgustaWestland", a déclaré à l'AFP mercredi soir une source au ministère, sous couvert d'anonymat. "Ils ont 21 jours pour répondre" à cette demande qui les informe d'une très probable annulation du contrat, a ajouté cette source. L'Inde a déjà reçu trois hélicoptères sur les douze prévus et a stoppé la livraison des neuf restants.

La filiale hélicoptériste anglo-italienne de Finmeccanica a confirmé avoir reçu la notification du ministère.  "Nous y répondrons de manière adéquate", a-t-elle répondu dans un message électronique à l'AFP. Le contrat d'achat des luxueux AW101, d'une valeur de 556 millions d'euros, a été remis en question en Inde après l'arrestation vers la mi-février du patron de Finmeccanica, Giuseppe Orsi, et du président exécutif d'AgustaWestalnd, Bruno Spagnolini, dans le cadre d'une enquête pour corruption internationale menée par les autorités italiennes. En mai dernier, le groupe avait été autorisé par New Delhi à concourir pour un appel d'offre portant sur l'acquisition d'hélicoptères navals (Naval Utility helicopters).

Pots-de-vin ?

Le groupe est soupçonné d'avoir versé des pots-de-vin au gouvernement indien en marge de la vente en 2010 des hélicoptères, destinés au transport de hautes personnalités comme le président et le Premier ministre. Les autorités italiennes soupçonnent que des commissions représentant jusqu'à 10% du contrat ont été versées à des responsables indiens, selon la presse italienne. AgustaWestland rejette ces accusations de corruption et a demandé début octobre un recours à l'arbitrage.

La police indienne a fouillé la maison de l'ancien chef des forces armées aériennes S.P. Tyagi, qui nie toute implication dans cette affaire. Selon les médias, de l'argent aurait été versé au cousin de ce dernier, et d'autres sommes auraient transité via des intermédiaires et des comptes à l'étranger.

Manmohan Singh, Monsieur Propre

Le Premier ministre indien, Manmohan Singh, a promis en mai dernier de lutter contre la corruption dans le secteur de la défense après le scandale AgustaWestland, en affirmant vouloir rendre les processus d'acquisitions militaires "plus transparents". Manmohan Singh s'est engagé à ce que les achats d'armement et d'équipement militaires soient "plus transparents, lisses, efficaces et moins vulnérables aux pratiques contraires à l'éthique". "Nous continuerons à rechercher les plus hauts critères de probité dans les acquisitions en matière de défense", a assuré le Premier ministre.

A la suite d'irrégularités, le ministère de la Défense indien a exclu des procédures d'acquisition six sociétés, dont quatre étrangères, pour une période de dix ans. Parmi elles, on retrouve une société israélienne IMI (Israel Military Industries), une singapourienne Singapore Technologies Kinetics, une suisse (Rheinmetall Air Defence) et enfin une russe Corporation Defence. IMI a commis certaines irrégularités dans la construction d'une usine de production de systèmes de charge bi-modulaires (BMCS) pour des canons de 155 mm, à Nalanda au Bihar. La société israélienne avait signé un contrat en mars 2009, qui a été annulé trois ans plus tard en mars 2012.

Michel Cabirol

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Commentaires 4
à écrit le 25/10/2013 à 9:26
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Le gouvernement indien qui sanctionne quelqu'un pour corruption pour une douzaine d'hélicoptères... un peu comme si l'on donnait une amende pour excès de vitesse au grand-prix de Monaco.

le 25/10/2013 à 10:58
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Vous portez très bien votre pseudo !

à écrit le 24/10/2013 à 22:19
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Il y a beaucoup d'années en arrière, l'Inde avait lancé un grand appel d'offre pour l'équipement en artillerie de son armée. Les procédures d'évaluation avaient désignés les Français comme vainqueurs pour l'excellence de la qualité/prix de leurs ma...

à écrit le 24/10/2013 à 12:56
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Comme quoi, quand on veut, on peut! Et si l'exemple de l'Inde pouvait faire tâche d'huile, on commencerait à respirer un air un peu moins nauséabond...

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