Boeing : le responsable du programme 737 MAX poussé vers la sortie

Le départ de ce haut cadre illustre la forte pression qui pèse sur les épaules de l'avionneur américain. Depuis janvier, plusieurs incidents techniques graves sur son modèle 737 MAX ont été recensés. Première conséquence économique de cette série noire : une baisse de son carnet de commandes.
Mardi 13 février, le constructeur a déclaré avoir livré 27 avions au mois de janvier, soit une baisse de 29% sur un an.
Mardi 13 février, le constructeur a déclaré avoir livré 27 avions au mois de janvier, soit une baisse de 29% sur un an. (Crédits : PETER CZIBORRA)

Les déboires de Boeing sur son avion 737 MAX ont eu raison d'Ed Clark. Dans un courrier adressé ce mercredi par le directeur général de Boeing Commercial Airplanes (BCA), aux salariés du groupe, que l'AFP a pu consulter, le groupe a, en effet, annoncé du vice-président et directeur général du programme 737, après « près de 18 ans de service dévoué à Boeing ».

Le cadre était également à la tête de l'usine de Renton, non loin du siège historique du groupe à Seattle (nord-ouest des Etats-Unis). Katie Ringgold, actuellement vice-présidente chargée des opérations de livraison des 737, a été désignée comme successeur. Autre décision importante annoncée par l'avionneur américain : une réorganisation de sa branche aviation civile (BCA), avec notamment la nomination d'Elizabeth Lund comme vice-présidente, en charge de la qualité.

Incidents en série pour Boeing

Les raisons de cette réorganisation sont connues. Le constructeur aéronautique souffre encore de l'incident survenu en janvier, lorsqu'une porte s'est détachée de la carlingue d'un 737 MAX 9, lors d'un vol de la compagnie Alaska Airlines, parti de la ville de Portland aux Etats-Unis. L'incident n'avait fait que quelques blessés légers.

Peu après, l'Agence américaine de régulation de l'aviation civile (FAA) avait suspendu les vols de 171 des 218 avions 737 MAX 9 déjà livrés. Un rapport préliminaire de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) a conclu que quatre boulons censés bloquer la porte étaient manquants. Propriétaire de la plus importante flotte du modèle en question (79 unités), la compagnie américaine United Airlines a d'ailleurs découvert, lors de vérifications, des « boulons qui nécessitaient d'être resserrés ».

De plus, début février, un mois après l'incident d'Alaska Airlines, un fournisseur de Boeing a fait état d'un nouveau problème sur les fuselages de certains 737, qui, sans représenter de danger immédiat pour les avions en vol, devrait nécessiter une intervention sur une cinquantaine d'exemplaires non encore livrés.

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Avant ces récents incidents, le 737 MAX avait déjà été cloué au sol pendant près de deux ans, suite aux crashs de deux appareils. Le premier, fin 2018, appartenait à la compagnie indonésienne Lion Air, le second, début 2019, à la compagnie éthiopienne Ethiopian Airlines, entraînant plus de 350 morts. Dans les deux cas, un problème lié à un nouveau logiciel était à l'origine des crashs.

Récemment, le régulateur américain de l'aviation civile (FAA) a dépêché à l'usine de Renton une vingtaine d'employés pour vérifier les conditions d'assemblage des modèles 737 MAX. À l'issue d'un audit de six semaines, la FAA rendra un rapport contenant d'éventuelles recommandations.

Premières conséquences économiques

Mis en difficulté par ces mauvaises nouvelles, Boeing s'attend déjà à un premier trimestre 2024 difficile. Mardi 13 février, le constructeur a ainsi déclaré avoir livré 27 avions au mois de janvier, soit une baisse de 29% sur un an. Le groupe a précisé que certains de ses clients avaient annulé des commandes de deux 737 MAX, tandis qu'Air Europa a renoncé à un 787 Dreamliner. Le carnet de commandes de Boeing est ainsi passé de 5.626 à 5.599 appareils au 31 janvier. Sans tenir compte des ajustements comptables, le nombre total de commandes non honorées s'élève donc à 6.189. Par ailleurs, le groupe aéronautique n'a pas annoncé d'objectif de livraisons pour l'année 2024.

« Cela peut frustrer nos clients et nos investisseurs, mais la qualité et la sécurité doivent primer sur tout le reste. [...] Comme vous le verrez, nous n'émettons pas de perspectives pour 2024 aujourd'hui. Ce n'est pas le moment. Nous ne prévoyons pas de calendrier, nous ne prenons pas d'avance sur nos cadences. Nous irons lentement avant d'aller vite », a déclaré le directeur général du groupe aéronautique Dave Calhoun, en préambule de la présentation des résultats annuels 2023, mi-février.

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Outre le ralentissement des cadences, le constructeur s'attend à devoir indemniser les compagnies propriétaires de 737 MAX 9, qui ont dû les laisser au sol durant trois semaines. En ne tenant pas compte de ces versements et des effets d'un important contrat de ravitailleurs pour l'armée américaine (signé fin 2022), le premier trimestre 2024 « ressemblera beaucoup au premier trimestre de l'an dernier », a ainsi expliqué Brian West, le directeur financier de Boeing. L'entreprise avait publié, pour ces trois premiers mois de 2023, une perte nette de 425 millions de dollars.

Tout de même quelques commandes...

Avant-hier, l'avionneur américain a annoncé une commande de la compagnie aérienne Thai Airways pour 45 appareils de type Dreamliners, ainsi que quatre autres par Royal Brunei Airlines. Une annonce faite pendant à l'occasion du salon aéronautique de Singapour.

Boeing n'a pas communiqué le montant du contrat, mais au prix catalogue, la commande s'élève à 13,16 milliards de dollars (12,2 milliards d'euros), alors que les clients bénéficient en général d'une réduction. La dernière série de la famille Dreamliner intéresse certaines compagnies, car elle est équipée de moteurs économes en carburant. Selon les calculs de Boeing, ils permettent de réduire la consommation jusqu'à 25 %, avec à la clef, une baisse des émissions de CO2.

(Avec AFP)

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