Budget défense : Edouard Philippe promet une croissance en 2018

Après une coupe de 850 millions d'euros dans le budget de la défense en 2017, le Premier ministre promet "un effort supplémentaire" au profit du ministère des Armées "dès l'an prochain". Il a également confirmé que le gouvernement allait "tenir" l'objectif de consacrer 2% du PIB en 2025.
Michel Cabirol
"Notre objectif est de consacrer 2% du PIB, en plusieurs étapes, et nous allons le tenir, a expliqué le Premier ministre Édouard Philippe dans une interview aux Échos. L'effort de défense doit être encore plus intense pour défendre nos intérêts dans un monde plus instable, et poursuivre le processus de modernisation de nos équipements".

"Encore des mots toujours des mots, les mêmes mots". Décidément le Premier ministre colle à la célèbre chanson de Dalida ("Paroles, paroles"). Dans une interview accordée ce mardi au journal économique "Les Échos", Édouard Philippe promet "un effort supplémentaire" au profit du ministère des Armées "dès l'an prochain". Il a également confirmé que le gouvernement allait "tenir"  l'objectif de consacrer 2% du PIB en 2025 (hors pensions, surcoûts des opérations extérieures et service national universel) en dépit de la situation budgétaire tendue et des baisses d'impôts promises. Soit 50 milliards d'euros en 2025 (contre 32,7 milliards d'euros en 2017).

"Notre objectif est de consacrer 2% du PIB, en plusieurs étapes, et nous allons le tenir, a-t-il expliqué aux Échos. L'effort de défense doit être encore plus intense pour défendre nos intérêts dans un monde plus instable, et poursuivre le processus de modernisation de nos équipements".

Pour le Premier ministre, cet objectif "exige de tracer un chemin crédible d'ici à 2025". Il doit être "progressif", a-t-il expliqué. Un objectif qui arrive trois ans après la fin  du quinquennat d'Emmanuel Macron. Il ne s'agira pas pour le gouvernement d'augmenter fortement le budget de la défense lors des trois dernières années de la future Loi de programmation militaire (2019-2025). Enfin, Édouard Philippe a rappelé que le ministère des Armées est "exemplaire en termes de transformation et d'efficacité de la dépense publique".

Des artifices de langage

Concernant les 850 millions d'euros d'économies demandées au ministère des Armées, Édouard Philippe se justifie en précisant que cette somme s'inscrit "dans le cadre de l'effort interministériel, mais en préservant les capacités d'action de la défense". Et d'expliquer "au final, le budget des Armées pour 2017 sera conforme à ce qui était prévu en loi de finances initiale pour 2017". C'est vrai et c'est faux. Car le Premier ministre ne peut pas ignorer que les surcoûts des opérations extérieures (OPEX), au-delà des 450 millions provisionnés par le ministère des Armées en loi de finances initiale (LFI), sont toujours financés dans le cadre d'un effort interministériel. A l'exception de 2016, le ministère de la Défense y participe en règle générale à hauteur de 20%.

Donc le ministère des Armées doit trouver 850 millions d'euros d'économies pour financer intégralement le surcoût des OPEX. Selon nos informations, un décret est en préparation pour supprimer 850 millions d'euros sur le programme 146, donc au détriment de la modernisation des équipements des Armées, la variable d'ajustement du ministère pour trouver des marges de manœuvre. Des programmes seront au mieux retardés (ce qui coûtera au final plus cher), au pire annulés. Décidément Édouard Philippe colle vraiment à la chanson de Dalida : "des mots faciles, des mots fragiles".

Michel Sapin s'étonne

L'ancien ministre de l'Économie Michel Sapin s'étonne de la réduction de 850 millions d'euros du budget de la défense. "Je pense que c'est une erreur, à ce niveau-là, c'est une erreur", a-t-il estimé. "Nous avions prévu 350 millions d'euros (...) 850 millions d'euros, c'est considérable, a asséné Michel Sapin. Et comme en plus on a compris que le surcoût des opérations extérieures devait être financé par le budget de la défense, c'est plus d'un milliard de diminution de crédits de la défense (...) Dans le contexte d'aujourd'hui, c'est une erreur". Venant de la part de Michel Sapin, lui qui a continuellement ferraillé avec Jean-Yves Le Drian pour raboter chaque année le budget de la défense, cela pourrait presque passer pour un compliment adressé à Edouard Philippe...

Au Sénat, cette coupe claire dans le budget de la défense inquiète. "Alors que les arbitrages budgétaires sont en cours, Gérard Larcher et Jean-Pierre Raffarin s'alarment des coupes qui pourraient compromettre les missions des armées et remettre en cause la trajectoire financière vers les 2 % du PIB consacrés à la défense", a estimé un communiqué de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat.

"C'est le Sénat qui a introduit la clause de sauvegarde assurant le financement interministériel des opérations extérieures. Elle doit être respectée", a affirmé le président du Sénat Gérard Larcher (Les Républicains, Yvelines), cité dans le communiqué. Il dénonce le non-respect des engagements de la LPM. Pour Jean-Pierre Raffarin (Les Républicains, Vienne), "ne pas payer l'équivalent du budget des opérations extérieures serait une faute. Il en va de la dignité de la politique. On ne peut pas demander à nos soldats d'exposer leur vie pour nous défendre et ne pas, ensuite, leur donner les moyens de leur action. J'en appelle au Président de la République, chef des armées".

Michel Cabirol

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Commentaires 10
à écrit le 14/07/2017 à 20:30
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Pourquoi 2025 et pas 2022? Vous comptez réduire les budgets jusqu'en 2022 et les passer à 2% pour le prochain gouvernement?

le 16/07/2017 à 10:39
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Et encore, les promesses n'engagent que celles et ceux à qui elles sont faites. Mais : "C'est moi le chef, Grand Sachem à parlé Hugg !

à écrit le 12/07/2017 à 20:19
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Avec Sarkozy et Hollande, les Français avaient élu des sous-préfets à l’Élysée. Une étape supplémentaire est franchie avec Macron. C’est un majordome qui occupe dorénavant le palais présidentiel. Son équipe de serviteurs, ministres et hauts fonctionn...

à écrit le 12/07/2017 à 19:20
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Promesses et hypocritie sont les deux mamelles de tout politique qui se respecte !

à écrit le 12/07/2017 à 18:05
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Il suffira de demander à nos ennemis d'Aqmi EI ou d'Ensar Dine d’être compréhensif et de faire une trêve. L'important c'est les 3%. Ceux qui en doute sont des irresponsables.Pour ne pas dire des mécréants.

à écrit le 12/07/2017 à 14:49
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Il y a une semaine c'était la catastrophe, et tout d'un coup il trouve 11 milliards ? On sent qu'il maîtrise la situation...

à écrit le 12/07/2017 à 13:58
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Les promesses du genre "je vous retire aujourd'hui pour vous redonner l'an prochain" n'engagent que ceux qui les croient. Et j'ai bien l'impression que personne n'y croit. Il y avait des secteurs dont le président a dit qu'ils ne toucherait pas les ...

à écrit le 12/07/2017 à 13:55
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quel culot, si ce n'est pas se moquer du monde et nous prendre pour des imbéciles, alors je ne comprends plus rien, mais je ne me trompe pas,

à écrit le 12/07/2017 à 12:12
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Le coût des opérations extérieures supporté par le ministère de la défense ! Depuis quand c'est le ministère de la défense qui décide d'intervenir à l'extérieur ?

à écrit le 12/07/2017 à 11:36
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Mr Macron avait promis de ne pas toucher au budget de la défense mais il vient de le diminuer c est donc un mensonge !!!Le 1 er ministre promet tout pour 2018 sachant très bien qu il ne tiendra pas parole ::quant au budget des armées à 2% en 2025 à q...

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