Chantiers navals militaires : faut-il les fusionner ?

Le ministère des Armées n'est pas favorable à une consolidation des chantiers navals français. Il profite de la concurrence dans un secteur dominé par des entreprises familiales.
Michel Cabirol
Il n'est pas question de fusionner la myriade de chantiers navals militaires familiaux français

Piriou, CMN, Ocea, Socarenam, CNIM, Couach... Faut-il consolider les chantiers navals duaux de taille moyenne basés en France et qui font vivre une partie des 42.000 emplois directs de la filière ? La ministre des Armées, Florence Parly, qui visitait vendredi les chantiers Piriou à Concarneau, puis Ufast à Quimper, n'y semble pas favorable. "Il y a au ministère des Armées cette volonté de travailler ensemble, de mieux se coordonner, de valoriser l'agilité des petits chantiers, de leur faire profiter des avantages des plus grands. C'est tout le sens de notre plan Action PME", a-t-elle rappelé à Concarneau. Mais pas de faire du meccano industriel et fusionner la myriade de chantiers navals familiaux.

La concurrence a du bon

Dans son entourage, on estime que ce sujet est un "serpent de mer", qui revient souvent lors de campagnes commerciales à l'exportation où ces chantiers navals peuvent alors se livrer à une concurrence très agressive entre eux. "C'est un peu dérisoire d'avoir cette concurrence à l'export mais ce n'est pas si souvent que cela", note-t-on dans l'entourage de la ministre. On préfère plutôt mettre l'accent sur le constat que "ces chantiers vivent bien actuellement, il n'y a pas d'alerte sur des plans sociaux", précise-t-on, même si certains ont récemment passé des périodes un peu plus délicates (Piriou,CMN, voire Socarenam).

Le ministère en tant qu'acheteur voit également d'un très bon œil le fait d'entretenir de la concurrence dans ce secteur. "C'est toujours bon d'avoir de la concurrence, estime-t-on. Et puis, ces chantiers navals ne sont pas que des bureaux d'études". Ils entretiennent un outil industriel comme des grues, des portiques... "Rationaliser l'outil industriel à un seul endroit, cela ne marche pas", assure-t-on. L'idée d'une grande fusion capitalistique avec des actionnariats familiaux et dispersés "ne fonctionne pas", fait-on enfin valoir.

Des alliances commerciales?

Comment faire vivre tous ces chantiers? " Sur la période de la loi de programmation militaire jusqu'en 2025, c'est une centaine d'unités de divers types livrée à la Marine et à la gendarmerie maritime, a noté Florence Parly lors de sa visite chez Piriou. Ces unités sont celles qui alimentent l'ensemble du tissu industriel de constructeurs navals français, de Boulogne-sur-Mer à Marseille en passant par Concarneau". Dans le cadre de cette politique, la ministre a annoncé vendredi un nouveau contrat avec le petit chantier naval Ufast (40 personnes à Quimper) pour la fabrication de deux semi-rigides Squale très silencieux supplémentaires destinés aux forces spéciales.

"Face aux nouvelles menaces au Levant, dans le Golfe d'Oman et ailleurs, l'acquisition de ces embarcations spéciales sera précieuse à nos forces spéciales du 13ème régiment de dragons parachutistes : s'infiltrer furtivement, bénéficier de l'effet de surprise, les squales contribueront au succès des opérations", a expliqué Florence Parly lors de sa visite chez Ufast.

Le ministère compte également travailler sur "des alliances ou des accords pour que ces chantiers répondent ensemble ou à tour de rôle à des prospects". Il est d'ailleurs très possible que le contrat gagné (12 chasseurs de mines pour 1,6 milliard d'euros destinés aux marines belges et néerlandaises) par Naval Group, via Kership (société commune avec Piriou) puisse faire travailler d'autres chantiers navals de la région. Florence Parly confirme qu'elle souhaite favoriser "l'accès à l'export pour les grands comme pour les petits". Car Ufast réalise par exemple la moitié de son chiffre d'affaires à l'export, notamment sur le marché des vedettes rapides où le petit chantier naval a remporté de récents succès au Sénégal et en Côte d'Ivoire. "Nous avons vraiment un bon dialogue avec tous ces chantiers, qui sont in fine bien servis par le ministère". "Il n'y pas d'alerte sur la pérennité de ces entreprises", affirme-t-on. Pourvu que cela dure....

Michel Cabirol

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Commentaires 4
à écrit le 10/08/2019 à 23:42
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Chaque petit chantier, pris isolément, ne saurait offrir une carrière à un énarque. Mais si on les force à se regrouper, c'est un nouveau fromage potentiel pour nos hauts-fonctionnaires pantouflards. Dont le rôle sera d'y attirer l'argent des impôts ...

à écrit le 23/04/2019 à 19:54
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Franchement dire , si la France á dè l'argent sur á depencer , nous devrions affecter des OPA sur certain chantier europeen ... Malheureusement, je crainds que nous soyons en faîllete....

à écrit le 23/04/2019 à 11:00
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Le rôle des médias n'est pas de poser des questions, mais de donner des réponses Car visiblement cela amènent a des réponses idéologique ou a des rumeurs!

à écrit le 23/04/2019 à 9:53
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et sinon, les fregates offertes a l'argentine via des financements tordus qu'ils ne vont jamais respecter, ca en est ou?

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