Comment Thales réussit sans commande de Rafale

Thales a engrangé un bénéfice net en croissance de 15% au premier semestre 2023, profitant du dynamisme retrouvé du secteur aéronautique et de la robustesse des activités dans le domaine de la défense et du spatial. Une conjoncture qui lui a permis de légèrement réviser en hausse un de ses objectifs financiers annuels.
Michel Cabirol
Les prises de commandes dans le secteur de la défense et de la sécurité représentent plus de 50% des ventes totales de Thales.
Les prises de commandes dans le secteur de la défense et de la sécurité représentent plus de 50% des ventes totales de Thales. (Crédits : GONZALO FUENTES)

Sans contrat Rafale, Thales roule à l'ordinaire. Mais pour le groupe de technologies, il y a bien sûr aussi une vie commerciale sans aucune commande de Rafale fabriqué par Dassault Aviation. C'est le cas au premier semestre 2023 où le groupe de technologies a su tirer son épingle du jeu même si les prises de commandes ont baissé de 24% par rapport au 1er semestre 2022, période durant laquelle le mégacontrat Rafale aux Émirats Arabes Unis (EAU) est entré en vigueur (80 appareils). « Le premier semestre 2023 confirme la forte dynamique commerciale de Thales sur ses différents marchés, a souligné son PDG Patrice Caine cité dans le communiqué publié vendredi. Avec un carnet de commandes en hausse de 7% par rapport au 30 juin 2022, le groupe accroit à nouveau sa capacité à générer une croissance durable au cours des prochaines années ».

Thales porté par la défense et le spatial

Le Rafale reste une locomotive commerciale importante pour Thales, qui devrait néanmoins encore profiter au second semestre de l'intérêt à l'export de l'avion de combat tricolore. Ainsi, le ratio des prises de commandes rapportées au chiffre d'affaires, le fameux « book-to-bill », est négatif, s'élevant à 0,98 contre 1,36 au premier semestre 2022. A pondérer par le fait que le groupe engrange également de très nombreux contrats en fin d'année. Ainsi, Thales prévoit un book-to-bill supérieur à 1 fin 2023. Concrètement, les nouvelles commandes du premier semestre se sont élevées à 8,56 milliards d'euros (contre 11,2 milliards en 2022 et 8,2 milliards en 2021), dont 6,9 milliards d'euros de commandes d'un montant inférieur à 100 millions d'euros (soit plus de 80% des commandes totales). Au 30 juin, le carnet de commandes consolidé (40,6 milliards d'euros), a enregistré une hausse de 7 % par rapport au premier semestre 2022 (37,98 milliards).

Au premier semestre 2023, Thales a accroché neuf grandes commandes d'un montant supérieur à 100 millions d'euros, pour un montant total de 1,67 milliard d'euros (5,15 milliards au premier semestre 2022). Sur ces grands contrats, cinq proviennent de la défense et quatre du spatial (constellation italienne d'observation de la Terre IRIDE, nouvelle tranche du module I-HAB pour la station orbitale lunaire et véhicule spatial robotisé pour une mission de démonstration de services en orbite, pour le compte de l'agence spatiale italienne et contrats pour la constellation européenne Galileo).

Plus généralement, les prises de commandes dans le secteur de la défense et de la sécurité, qui représentent plus de 50% des ventes totales du groupe, restent dynamiques (4,6 milliards). Dans le secteur Aérospatial, elles se sont établies à 2,34 milliards d'euros (contre 2,4 milliards au premier semestre 2022). Cette légère baisse reflète deux dynamiques distinctes : « d'une part, une baisse des prises de commandes de Thales Alenia Space, affectées par ​ une base de comparaison élevée au premier semestre 2022 ; d'autre part, le redressement confirmé de l'aéronautique civile, à la fois dans les activités de première monte et de service après-vente », a expliqué Thales. Enfin, les prises de commandes du secteur Identité & Sécurité Numériques (1,59 milliard) sont alignées sur le chiffre d'affaires (1,59 milliard).

Des indicateurs économiques et financiers en croissance

Le chiffre d'affaires s'est élevé à 8,7 milliards d'euros (contre 8, 25 milliard au premier semestre 2022), en hausse de 5,6 %, « bénéficiant d'une solide performance de l'ensemble des secteurs », a expliqué Thales dans son communiqué. Thales se félicite notamment de la reprise du secteur Aérospatial, avec un chiffre d'affaires de 2,46 milliards, en hausse de 11,5 % par rapport au premier semestre 2022. « Cette évolution reflète le rebond confirmé de l'avionique civile, à la fois dans ses activités de services après-vente comme dans ses activités de première monte, qui affichent toutes deux une croissance à deux chiffres sur le premier semestre 2023 », a précisé le groupe.

Mais c'est bien la défense qui tire le groupe vers le haut avec un chiffre d'affaires de 4,6 milliards d'euros, en croissance de 5,6 %. Ces résultats reflètent la bonne dynamique de la plupart des activités du secteur. Ainsi, « les solutions de ​cyberdéfense, d'intelligence, de surveillance et de reconnaissance, les systèmes de protection de l'espace aérien, les systèmes de combat électroniques, les réseaux et systèmes d'infrastructures, et les systèmes d'information critiques affichent ainsi des croissances organiques supérieures à 10% sur le premier semestre », a souligné le groupe. Thales prévoit un chiffre d'affaires dans une fourchette comprise entre 17,9 milliards et 18,2 milliards d'euros (contre une prévision de 18 à 18,5 milliards à fin 2022). Soit une croissance organique entre 5% et 7%.

Enfin, la marge d'EBIT de Thales continue de progresser « pour atteindre un nouveau record, 11,4% », a pointé Patrice Caine. Le groupe a affiché au premier semestre un EBIT de 993 millions d'euros, soit 11,4 % du chiffre d'affaires (contre 891 millions, soit 10,8 % du chiffre d'affaires au premier semestre 2022). Thales maintient ses prévisions de la marge d'EBIT, comprise entre 11,5% et 11,8%, en hausse de 50 à 80 points de base par rapport à 2022. Par ailleurs, le résultat net ajusté s'est élevé à 819 millions d'euros (contre 726 millions au premier semestre 2022). Le groupe est bien assis sur des fondamentaux solides aussi bien dans la défense que dans l'aéronautique et la sécurité numérique.

Michel Cabirol

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Commentaire 1
à écrit le 24/07/2023 à 8:20
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Bonjour, J'aime beaucoup se titre, mais la réussite de se type d'entreprise et surtout du fais de la guerre a a lieu a l'est de l'Europe... Beaucoup de compossants électroniques, missiles, systèmes de surveillance, de controle et autres... so...

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