Conflit sur l'A350 : après une accalmie, la tempête reprend de plus belle entre Qatar Airways et Airbus

L'accalmie aura été de courte durée. Après avoir mis en avant leurs désirs respectifs de résoudre à l'amiable leur conflit la semaine dernière, Qatar Airways et Airbus ont repris leur affrontement sur le plan médiatique. La tenue d'un procès semble de plus en plus inéluctable pour trouver une sortie de crise.
Léo Barnier
La situation entre Qatar Airways et Airbus s'envenime à nouveau à propos des A350.
La situation entre Qatar Airways et Airbus s'envenime à nouveau à propos des A350. (Crédits : Regis Duvignau)

Deux défaites de rang sur le terrain judiciaire ? Il en faut plus pour arrêter Qatar Airways et son PDG Akbar al Baker, bien décidés à obtenir gain de cause dans le conflit qui l'oppose à Airbus sur les problèmes de revêtement des A350. Si la semaine dernière, le dirigeant déclarait "espérer simplement que ce différend puisse être résolu hors des tribunaux", la donne semble radicalement différente à seulement quelques jours d'intervalle.

Dans un long communiqué, la compagnie qatarie a présenté une transcription des propos tenus par le juge David Waksman le 26 mai lors d'une audience à la Haute Cour de justice de Londres, chargée de statuer sur l'affaire. Celle-ci expose les tenants du litige entre les deux parties, à savoir que l'écaillement de la peinture de l'A350 "résulte d'un coefficient de dilatation différent entre le polymère composite renforcé de fibres (CFRP) dont est constituée la cellule et la couche de cuivre expansé (ECF, treillis de fils de cuivre qui recouvre les parties en carbone du fuselage pour offrir protection contre la foudre en formant une cage de Faraday, NDLR), qui y est collée ou polymérisée", que le problème est donc amené à se reproduire et qu'il n'existe pas de "solution simple" pour l'adresser de façon définitive.

En revanche, le juge ne s'y prononce pas sur le fond du dossier, c'est-à-dire si ce problème est seulement d'ordre esthétique comme le soutient Airbus ou s'il a un impact sur la sécurité des vols comme le clame Qatar Airways.

Qatar Airways débouté sur ses injonctions

Il n'en fallait pas plus pour que Qatar Airways revendique une victoire. Ce qu'Airbus a jugé comme "une interprétation totalement erronée". Le constructeur en veut pour preuve le fait que la Haute Cour a rejeté l'ensemble des injonctions posées par la compagnie du Golfe.

Le 26 avril, la justice britannique a validé l'annulation d'un contrat d'A321 NEO, décidée par Airbus en réaction aux accusations à l'encontre de l'A350 et fermement contestée par Qatar Airways. Et le 26 mai, lors de l'audition citée par la compagnie aérienne, le juge Waksman a refusé trois autres requêtes de la part de cette dernière. Qatar Airways demandait ainsi à la Haute Cour de scinder le procès en deux parties (avec une première consacrée l'analyse des causes profondes du problème et une seconde pour régler le litige en lui-même), d'interdire à Airbus de continuer à lui présenter des A350 pour livraison tant que le litige n'est pas régler (ceux-ci sont pour l'instant refusés par la compagnie, ce qui l'expose à des clauses contractuelles de compensations), mais aussi interdire au constructeur de revendre à une autre compagnie lesdits appareils refusés.

Airbus peut donc toujours réclamer les clauses de paiement auprès de Qatar Airways pour les avions en cours de production ou en attente de livraison, ou les vendre ailleurs. L'agence Reuters, citant des sources industrielles, évoque ainsi un intérêt d'Air India.

Le constructeur ajoute "à titre de simple baromètre" que la justice britannique a condamné le Qatar à payer 97 % des frais de justice d'Airbus.

Airbus affirme toujours vouloir privilégier une résolution à l'amiable, mais l'affaire semble mal engagée et les chances de voir le litige se poursuivre jusqu'au procès augmentent. Les deux parties et le juge s'accordant sur la nécessité d'aller vite, celui-ci pourrait se tenir dans un an, à l'été 2023.

Léo Barnier

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