La Corée du Nord tire son missile "Souveraineté", message hypersonique adressé à Washington

Il s'agit du troisième essai nord-coréen d'un missile hypersonique à vol plané, après celui de septembre 2021 et celui de la semaine dernière, alors que le pays cherche à ajouter cette arme sophistiquée à son arsenal.
La Corée du Nord a confirmé avoir testé mardi 11 janvier 2021 avec succès, pour la deuxième fois en une semaine, un missile hypersonique. (Photo transmise à Reuters par KCNA)
La Corée du Nord a confirmé avoir testé mardi 11 janvier 2021 avec succès, pour la deuxième fois en une semaine, un missile "hypersonique". (Photo transmise à Reuters par KCNA) (Crédits : Reuters)

"Peu avant l'aube, l'arme Juche ("Souveraineté"), représentant la puissance de la République populaire démocratique de Corée, a rugi pour s'élever dans le ciel, illuminant le ciel naissant et laissant derrière elle une colonne de feu, sous la supervision de Kim Jong Un, écrit le quotidien d'État nord-coréen Rodong Sinmun.

Car Kim Jong Un est venu en personne pour superviser ce tir de missile, pour la première fois depuis des années. La présence du leader nord-coréen est présentée par les médias nord-coréens comme un symbole, le signe que la technique atteinte par les ingénieurs balistiques nord-coréens touche à la perfection et l'assurance que le tir sera couronné de succès.

"La présence de Kim Jong Un à l'essai suggère que le missile hypersonique a atteint un niveau d'achèvement satisfaisant", analysait depuis la Corée du Sud, Lim Eul-chul, professeur d'études nord-coréennes à l'université Kyungnam de Séoul.

Et effectivement, ce tir (le second en une semaine) a parfaitement réussi, ont rapporté mercredi le quotidien Chongnyon Jonwi, l'agence de presse gouvernementale KCNA Watch, ainsi que le Rodong Sinmun, le quotidien officiel du Parti du travail nord-coréen.

Après avoir précisé que ce tir d'essai visait à la vérification finale des spécifications techniques globales du système d'arme hypersonique, KCNA a expliqué que le missile transportant une "ogive planante hypersonique" a touché une "cible en mer à 1.000 km de distance". L'organe d'information précise aussi que ce test a confirmé "l'excellente maniabilité de l'unité de combat hypersonique".

Hypervélocité et hypermaniabilité incompatibles ?

 Le point de la manoeuvrabilité d'une arme hypersonique est un point crucial pour l'avenir de ce système d'armes car certains spécialistes arguent que l'hypervitesse est incompatible avec la maniabilité.

En 2019, on y croyait peu, mais un peu plus en octobre 2021 après la révélation par le Financial Times d'un essai auquel la Chine aurait procédé en août. Essai qui certes manquait sa cible de 39 kilomètres après avoir fait le tour de la Terre en orbite basse mais qui accréditait un peu plus la viabilité d'un planeur hypersonique.

"Par rapport à un missile balistique stratégique, dont la trajectoire est parabolique, une telle arme - théoriquement manoeuvrable - aurait une portée sans limite tout en étant plus difficile à repérer en raison de sa course imprévisible. Et cela la rendrait évidemment plus difficile à intercepter", expliquait aussi en octobre dernier le site Opex360

Selon le rapport de KCNA, le véhicule hypersonique lancé  a "effectué un vol plané à partir d'une zone de 600 km avant d'effectuer un vol en vrille sur 240 km." Côté vélocité, les missiles hypersoniques atteignent généralement Mach 5, soit cinq fois la vitesse du son, voire plus. Ils sont plus rapides et plus maniables que les missiles standard, ce qui le rend plus difficiles à intercepter pour les systèmes de défense, pour lesquels les États-Unis dépensent des milliards de dollars.

La Corée du Nord continue de renforcer son arsenal militaire

Il s'agit du troisième essai nord-coréen d'un missile hypersonique à vol plané, après celui de septembre 2021 et celui de la semaine dernière, alors que le pays cherche à ajouter cette arme sophistiquée à son arsenal.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Kim Jong Un il y a dix ans, la Corée du Nord a fait progresser rapidement sa technologie militaire. Les missiles hypersoniques font partie des "premières priorités" du plan quinquennal de la Corée du Nord, avaient annoncé les médias d'État l'an dernier.

Depuis l'accession au pouvoir de Kim Jong-un, il y a dix ans, la Corée du Nord a réalisé de rapides progrès en matière de technologie militaire, au prix de sanctions internationales. Malgré une situation économique encore aggravée par la pandémie, Kim Jong-un a assuré en décembre qu'il poursuivrait le renforcement de son arsenal militaire.

Les Russes, leader mondial de la technologie du planeur hypersonique

La Russie, les États-Unis et la Chine ont également déclaré avoir testé avec succès des véhicules planeurs hypersoniques, une technologie dont la Russie est généralement considérée comme le leader mondial.

Cependant, pour ce qui concerne les progrès réalisés par la Corée du Nord, des analystes ont émis des doutes:

"Il est plus exact de la décrire comme un véhicule de rentrée de manœuvre" que comme une arme hypersonique, a estimé Ankit Panda du Carnegie Endowment for International Peace à Washington.

Leif-Eric Easley, professeur à l'université Ewha de Séoul, n'était lui non plus pas très convaincu:

"L'arme dite hypersonique n'est pas technologiquement prête à être déployée" par la Corée du Nord, tout en reconnaissant que "la capacité de Pyongyang à menacer ses voisins continue néanmoins de croître".

Opprobre international et dialogue bloqué

Aussitôt après le tir nord-coréen, le porte-parole du département d'État américain, Ned Price, a déclaré que ce lancement "viole de multiples résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies".

Il semble que la provocation était voulue, car le projectile a été tiré pile au moment d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité des Nations unies à propos des programmes d'armement de Pyongyang.

L'essai de mardi intervient alors que Pyongyang a refusé de répondre aux appels américains à des pourparlers.

Cette situation d'impasse entre la Corée du Nord et les Etats-Unis dure depuis l'échec en 2019 des pourparlers entre Kim Jong Un et le président américain de l'époque, Donald Trump.

Le gouvernement de l'actuel président Joe Biden a affiché à plusieurs reprises sa volonté de rencontrer des émissaires nord-coréens et de viser la dénucléarisation, mais Pyongyang a rejeté l'offre, accusant les Etats-Unis de mener une politique "hostile".

La Corée du Nord fait l'objet de sanctions internationales pour ses programmes d'armement interdits. La pression sur son économie en grande difficulté a été renforcée par la stricte fermeture des frontières ordonnée pour lutter contre la pandémie de coronavirus.

(avec AFP)

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[Le leader nord-coréen Kim Jong-Un assiste au tir d'essai d'un missile hypersonique le mardi 11 janvier 2022 en Corée du Nord. Crédit: Rodong Sinmun/Eyepress]

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Commentaires 3
à écrit le 13/01/2022 à 10:00
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Au lieu de faire des armes faites boufer votre peuple c est n importe quoi il cherche quoi ce mec

à écrit le 12/01/2022 à 16:06
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Qui peut me dire comment la Corée si pauvre peut se payer des missiles , des fusées, la bombe... et que sais-je encore ?

le 12/01/2022 à 17:23
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D'autant plus que ces bidules sont d'une grande complexité, serait-il aidé par ses copains?

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