Financement : "un mauvais vent souffle sur la défense" (Guillaume Faury, GIFAS)

Le président du GIFAS Guillaume Faury s'inquiète des réticences du secteur bancaire à financer le secteur de la défense. Il appelle la France à "neutraliser" le projet de taxonomie européen, qui a un enjeu crucial pour la survie de l'industrie de la défense européenne et l'autonomie stratégique de l'Europe.
Michel Cabirol
Les entreprises de défense ont un rôle positif et sociétal à jouer, selon le président du GIFAS, Guillaume Faury.
Les entreprises de défense ont "un rôle positif et sociétal à jouer", selon le président du GIFAS, Guillaume Faury. (Crédits : Reuters)

Le GIFAS se lance enfin dans la mêlée pour gagner l'épreuve de force cruciale portant sur le financement des entreprises ayant des activités dans la défense. Car le président du GIFAS, Guillaume Faury a estimé que le financement des activités de défense (dette, equity et financement) est "un vrai sujet de préoccupation" et qu'un "mauvais vent souffle" sur ce secteur, a-t-il regretté lors des vœux du président du GIFAS à la presse. "Il existe un certain nombre de réticences, parfois des grandes, des organismes financiers pour des raisons qui sont plus ou moins systémiques et pour lequel on attend très clairement un message positif", a expliqué Guillaume Faury.

Convaincu que la défense a un rôle positif et sociétal à jouer, le patron d'Airbus attend des pouvoirs publics d'avoir "une influence sur les critères de sélection des bons investissements. Un investissement, qui va dans la défense, permet d'assurer la sécurité, la prospérité, l'équilibre et la stabilité" d'un pays en général, et de la France en particulier. Plus particulièrement, Guillaume Faury attend "un message positif et une direction claire des autorités en général sur tout ce qui est ESG (Environnement, Social, Gouvernance) et taxonomie. Des sujets qui ont un impact sur les modes de financement", a-t-il rappelé.

"Nous voulons nous assurer que la défense n'aura pas non seulement un traitement de défaveur, mais au contraire un traitement de faveur dans la capacité de financement. C'est un élément absolument essentiel de stabilité, de sécurité, de prospérité, de défense des valeurs et des économies qui sont les nôtres", a martelé Guillaume Faury.

Un projet mortel pour les entreprises de défense

Bruxelles travaille sur la mise en place de nouveaux critères de label écologique de l'UE pour les produits financiers. Un nouveau label dont seraient pour le moment exclues les industries de défense européennes. Avec pour conséquence, leur mise à l'index par les banques et les organismes financiers européens. Le ministère des Armées prend également très au sérieux ce dossier mortifère. Il est donc sur le pont pour faire inclure les groupes d'armement dans la liste des industries durables, ou à défaut faire capoter ce dossier par des arguments juridiques.

Le président du comité défense du Conseil des Industries de Défense Françaises (CIDEF), Eric Béranger, par ailleurs PDG du missilier européen MBDA, a pris ses responsabilités en juin 2021 lors du Paris Air Forum organisé par La Tribune en avertissant que "ce qui va sortir du projet de taxonomie de la Commission européenne va être extrêmement important : si les activités de défense sont qualifiées de non durables et, donc, d'une certaine façon non propice à des investissements financiers, ce sera une prescription très, très importante à destination de tous les investisseurs".

Par ailleurs, sous la pression d'éventuelles sanctions américaines et des ONG, les banques appliquent désormais des règles de conformité (compliance) excessives pour les entreprises de défense considérées comme des entreprises à risque pour un financement. Cette tendance pourrait étrangler progressivement une industrie de souveraineté. Les financements sont de plus en plus difficiles à trouver pour certaines ETI, PME et startups de la filière, dont certaines se voient même refuser d'ouvrir un compte bancaire. Eric Béranger l'a d'ailleurs reconnu au Paris Air Forum. "C'est vrai que j'ai beaucoup de contacts avec des PME et des ETI, qui me disent que, de temps en temps, il y a quelques contraintes, a-t-il précisé. (...) Je n'ai pas de chiffres précis sur le nombre d'entreprises mais je sais qu'il est significatif".

Michel Cabirol

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Commentaires 5
à écrit le 07/01/2022 à 11:09
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Tous ça à cause de pseudos bien pensants alors que l'industrie de l'armement rapporte tellement et emploi beaucoup de monde et puis soit c'est le gouvernement donc nous ou les banques alors a choisir !!!

à écrit le 06/01/2022 à 22:10
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on nous parle "d'Euro-Défense" et de "guerre de haute-intensité", mais on voit bien que tout cela n'est que paroles... ils ne sont même pas capables de financer leurs propres lubies ! ... En vérité, notre armée et notre industrie stratégique finiront...

à écrit le 06/01/2022 à 20:13
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encore en train de demander du pognon ? Le secteur bancaire n'a vocation a financer à fond perdu ? Demande à bruno, il continue de creuser.

le 06/01/2022 à 22:07
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le secteur bancaire est le secteur le plus soviétique de l'économie occidentale... 99% de son argent est financé par la planche-à-billets et le soutien systémique des états.

à écrit le 06/01/2022 à 17:34
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On parle "Défense" mais contrairement cela ne rassure pas, le citoyen civil en a peur que... cela ce retourne contre lui!

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