General Electric : la scission achevée, les activités sont désormais réparties en trois sociétés

Un nouveau chapitre s'ouvre ce mardi pour le conglomérat américain General Electric. 132 ans après sa création, l'entreprise achève sa scission en trois sociétés indépendantes, pour leur permettre de se concentrer sur leurs cœurs de métiers très disparates.
Les trois entreprises issues de la scission de General Electric, cotées à la Bourse de New York, disposent de leur propre gouvernance et publieront chacune leurs résultats.
Les trois entreprises issues de la scission de General Electric, cotées à la Bourse de New York, disposent de leur propre gouvernance et publieront chacune leurs résultats. (Crédits : Daniel Becerril)

Ne l'appelez plus General Electric (GE). Ce fleuron de l'industrie américaine, créé en 1892 par l'emblématique Thomas Edison, termine son projet de « spin-off » annoncé en novembre 2021. Comme prévu, celui-ci permet de scinder ses activités en trois entreprises distinctes respectivement spécialisées dans l'aviation, les soins de santé et l'énergie.

Après une première scission en janvier 2023, qui a donné lieu à la création de GE Healthcare regroupant toutes les activités de santé, la dernière étape se concrétise ce mardi 2 avril avec l'officialisation de l'ultime séparation. General Electric disparaît ainsi au profit de GE Vernova (activités énergétiques) et de GE Aerospace.

Indépendance totale

Ces trois entreprises distinctes, cotées à la Bourse de New York, disposent de leur propre gouvernance et publieront chacune leurs résultats. Sans aucune holding les chapeautant.

« Gérées comme des sociétés indépendantes, les activités seront mieux positionnées pour fournir une croissance de long terme et pour créer de la valeur pour les consommateurs, les investisseurs et les employés », a expliqué le groupe, lors de l'annonce de sa scission.

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Parmi les « nombreuses raisons » à ces scissions, l'analyste Neil Saunders de GlobalData cite une volonté de simplification, en se débarrassant d'activités annexes, ou de performance, en se retirant de secteurs à faibles croissance ou rentabilité.

« Derrière tout cela, il y a généralement un objectif de valorisation qui, soit, profite au cours de l'action, soit crée de la valeur pour les investisseurs et pour les propriétaires », souligne-t-il.

Et, selon lui, « gérer plusieurs divisions aux activités très disparates est plus difficile pour un conseil d'administration (...) et pour transmettre une vision stratégique auprès des investisseurs ».

Effectifs divisés par deux

Le conglomérat américain est, depuis la crise financière de 2008 qui l'a durement touché, miné par une dette colossale qui l'a obligé à enchaîner cures d'amaigrissement et restructurations. GE s'est délesté de nombre d'actifs ces dernières années, se dégageant notamment de l'industrie des transports.

Entre 2015 et fin 2021, il a vu ses effectifs divisés par deux, passant de 333.000 personnes à 168.000. Par ailleurs, durablement affaibli en Bourse, il avait été contraint, en 2018, de sortir de l'indice de référence à Wall Street, le Dow Jones Industrial Average, dont il faisait partie depuis 111 ans. Cette sortie sanctionnait la chute continue d'un cours de Bourse passé de 60 dollars à la mi-2000, à moins de 13 dollars en 2018, avec une valeur boursière réduite à l'époque à 112 milliards de dollars.

À chacune ses spécificités

Première à être sortie du giron, GE Healthcare regroupe toutes les activités de santé (imagerie, diagnostic) et fournit, chaque année, des services à plus d'un milliard de patients et plus de 2 milliards de procédures médicales. Présente dans le monde entier, elle cumule plus de 11.000 brevets. Cotée sur le Nasdaq (étiquette GEHC), elle a dégagé en 2023 un chiffre d'affaires de 19,55 milliards de dollars et un bénéfice net de 1,57 milliard. Elle emploie 51.000 personnes. Son siège est à Chicago, dans l'Illinois, et son PDG est Peter Arduini. Au moment de la séparation, GE y avait conservé une participation de 19,9%, qui est actuellement d'environ 6,7%.

GE Vernova, elle, est cotée sur le New York Stock Exchange (étiquette GEV), depuis ce mardi officiellement. Son nom est un mot-valise entre « Verde », en hommage à « l'écosystème verdoyant de la Terre », et le latin « Novus », pour « marquer le nouvelle ère à faible carbone ». Elle a installé son siège social à Cambridge, dans le Massachusetts. Elle affirme participer à la production d'environ 30% de l'électricité dans le monde. Dirigée par Scott Strazik, elle emploie plus de 80.000 personnes dans une centaine de pays et rassemble les activités énergétiques de GE dans trois branches : électricité, éolien, électrification. L'ensemble représente un chiffre d'affaires de 33,6 milliards de dollars et un carnet de commande qui s'élève à 116 milliards.

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Enfin, GE Aerospace rassemble les activités aéronautiques (propulsion, services et systèmes) qui ont généré un chiffre d'affaires de 32 milliards de dollars en 2023, dont 29,9 milliards dans l'aviation commerciale et 9 milliards dans la défense. Plus de 70.000 de ses moteurs équipent des avions commerciaux (44.000 moteurs, soit 75% des vols dans le monde) et militaires. Elle emploie 52.000 personnes. Elle est cotée sur le New York Stock Exchange sous l'étiquette « GE » de son ancêtre, nom qu'elle aurait initialement dû garder. Son patron est Larry Culp - actuel patron de General Electric - et qui est aussi président de GE Vernova. Le siège social est à Cincinnati, dans l'Ohio.

Le « spin-off » a la cote

General Electric n'est pas le seul conglomérat à avoir décidé de scinder ses activités. C'est également le chemin emprunté par 3M - fabricant, entre autres, de la marque de scotch du même nom ou de Post-it. Il a annoncé, en juillet 2022, la séparation de ses activités liées à la santé. La nouvelle société, baptisée Solventum, a commencé sa cotation ce lundi sur le New York Stock Exchange.

D'autres grands noms de Wall Street ont également choisi ces dernières années de se départir de certaines activités par scissions. Le géant Johnson & Johnson, par exemple, a conservé les activités pour professionnels et a créé en février 2022 Kenvue, coté, pour ses produits grand public.

En juin 2021, le géant du petit-déjeuner Kellogg a dévoilé son intention de se diviser en trois sociétés avant d'opter, au final, pour deux seulement : WK Kellogg (céréales) et Kellanova (snacks), qui sont nées en octobre 2023. « C'est un bon exemple d'une entreprise qui sépare son activité de céréales, à croissance faible, de l'activité à très forte croissance des snacks », relève Neil Saunders, mais il peut y avoir des « désavantages ». En particulier, la perte des économies d'échelles découlant du partage de certaines fonctions structurelles (comptabilité, ressources humaines, etc) ou d'un effet de taille (assurance santé).

D'après la chaîne CNBC, quelque 36 opérations de « spin-off » sont prévues dans le monde en 2024. Le géant britannique de l'hygiène et de l'alimentaire Unilever a ainsi annoncé, le 19 mars dernier, son intention de se séparer de ses glaces - dont notamment Ben & Jerry's et Magnum - du fait de ventes décevantes en 2023.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 02/04/2024 à 16:58
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Pourquoi la partie électrique n'a pas gardé le nom d'origine GE C'est pour l'électricité qu'Edison avait créé cette entreprise.

à écrit le 02/04/2024 à 11:28
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Euh.. Et nos turbines vapeur de nos futures centrales Nuc. nous les récupérons quand?

à écrit le 02/04/2024 à 10:37
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La fin d’un très gros conglomérat. Reste à savoir si l’aérien, et l’éolien sont des secteurs d’avenir.. restent les activités « santé ».

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