L'avenir d'Aubert & Duval se joue dans les prochaines semaines

La vente d'Aubert & Duval entre dans une phase critique. Une offre engageante doit être prochainement remise à Eramet pour la reprise de sa filiale, dont les coûts de restructurations sont estimés à 130 millions d'euros environ.
Michel Cabirol
sur deux ans, avec la crise de 2019, les ventes Aéronautique d'Aubert & Duval sont en baisse de 37%, a fait observer la PDG d'Eramet Christel Bories.
"sur deux ans, avec la crise de 2019, les ventes Aéronautique d'Aubert & Duval sont en baisse de 37%", a fait observer la PDG d'Eramet Christel Bories. (Crédits : Eramet)

Les prochaines semaines seront décisives pour l'avenir d'Aubert & Duval, la filiale d'Eramet spécialisée dans les alliages haute performance. Les discussions avancent "bien" entre le groupe minier et le consortium composé d'Airbus, de Safran et du fonds d'investissement aéronautique Ace Aéro Partenaires, géré par ACE Management (groupe Tikehau Capital), confie-t-on à La Tribune. Et selon des sources concordantes, une offre engageante doit être remise à Eramet dans les prochains jours.

Cette offre devrait arriver sur le bureau de la PDG d'Eramet Christel Bories entre la mi-mars et la fin mars. Une offre qui va tenir compte de la restructuration à venir d'Aubert & Duval (A&D), estimée à 130 millions d'euros environ. La PDG d'Eramet avait déjà reçu en décembre dernier une offre indicative, qui avait permis de lancer les discussions, même si elle a affirmé la semaine dernière lors de la présentation des résultats 2020 du groupe minier qu'elle n'avait "pas reçu d'offre".

Aubert & Duval est bien à vendre

La PDG d'Eramet a confirmé la cession d'A&D : "Nous travaillons aux modalités d'une éventuelle cession d'Aubert & Duval, pour faire émerger une offre satisfaisante et assurer l'avenir de cette activité stratégique pour la filière", a précisé la semaine dernière Christel Bories, citée dans le communiqué sur les résultats 2020 d'Eramet. "Nous regardons les meilleures solutions pour le futur d'Aubert & Duval sans pression excessive puisque nous cherchons à avoir une solution qui soit à la fois bonne pour la filière, bonne pour A&D et bonne pour Eramet", a-t-elle assuré lors de la conférence de presse. Elle a rappelé que cette entreprise est "un actif qui est stratégique pour la filière aéronautique, stratégique également pour la défense".

"Nous allons nous assurer que nous avons un futur solide et une offre satisfaisante pour Aubert & Duval en 2021", a-t-elle .

Une mariée pas très sexy

"La mariée n'est pas la plus sexy de la terre, explique-t-on à La Tribune. L'entreprise est très, très mal". Il faut dire qu'Eramet a très peu investi ces dernières années dans l'outil industriel de sa filiale alors qu'Airbus et Safran portent un projet ambitieux de créer une filière titane performante à partir d'A&D. En 2018, à, la suite d'une revue des processus qualité, la division Alliages Haute Performance du groupe minier avait ainsi constaté des non conformités dans le système de management de la qualité chez Aubert & Duval. En raison de l'impact du Covid-19 sur le marché du transport aérien et de l'aéronautique, le chiffre d'affaires d'A&D a chuté de 16% en 2020, à 539 millions d'euros. Résultat, "sur deux ans, avec la crise de 2019, les ventes Aéronautique d'Aubert & Duval sont en baisse de 37%", a fait observer Christel Bories. Elles ont chuté de 587 millions d'euros en 2018 à 367 millions d'euros en 2020.

"Aubert & Duval a été évidemment fortement touché par cette chute brutale (du marché aéronautique en 2020, ndlr) après une année 2019 qui avait déjà été affecté par les dysfonctionnements dans les systèmes de management de la qualité", a-t-elle expliqué. Cette contreperformance en 2020 est également le résultat des retards de livraisons d'Aubert & Duval, consécutifs à la mise en conformité des processus qualité. L'EBITDA de la société a plongé à - 87 millions d'euros tandis que le "free cash flow" est négatif (- 153 millions d'euros) en dépit d'un redressement au second semestre (+ 3 millions d'euros).

"Aubert & Duval ne va pas devenir générateur de cash en 2021", a également expliqué Christel Bories. Et ce en dépit des efforts de la direction pour limiter les pertes. "Nous avons réagi rapidement en baissant évidemment tous nos approvisionnements, a souligné la PDG d'Eramet. Les achats de matière première par rapport au premier trimestre de l'année ont baissé de 50% en moyenne sur les trois trimestre suivants, les autres achats de 30%, et les coûts de main d'oeuvre ont baissé de 25%. Globalement nous avons atteint une baisse de la base de coûts, y compris les coûts fixes, de 24% par rapport au premier trimestre de l'année 2020".

Michel Cabirol

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Commentaires 5
à écrit le 25/02/2021 à 19:00
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Excellente solution qui préserve la souveraineté de la France, son patriotisme économique et sa stratégie nationale. Ca fait plaisir de nous voir éviter les dérives du libéralisme.

à écrit le 25/02/2021 à 14:10
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Une bien belle photographie !

à écrit le 25/02/2021 à 9:47
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Toujours la petite musique de Michelet: "Lorsque l'état est faible les sorcières apparaissent" mais qu'apprennent-ils donc dans leurs grandes écoles? La bidoche à la cantine est une chose mais l'industrie est elle une priorité.. Question, c'est qui l...

le 25/02/2021 à 12:03
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@ Albert. La potiche en charge de cet emminent poste se nomme agnes pannier runacher bonne a brasser de l'air, comme son patron votre presidium supreme qui va vous mettre sur la paille. Vous etes dans la mouise, mais c'est de votre faute a tous. V...

à écrit le 25/02/2021 à 7:38
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Incroyable qu'on en soit arrivé là !! Mais tellement symptomatique du déclin, de la perte de souveraineté de la France, de l'absence de patriotisme économique, de stratégie nationale, des dérives du libéralisme, etc , etc ... cochez les cases que vou...

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