La startup Latitude lancera sa première mini-fusée en 2025

La jeune pousse rémoise a réalisé une levée de fonds de 10 millions d'euros. Objectif : mener à terme les essais de son lanceur de nanosatellites avant 2025. Une cadence régulière est prévue avec plusieurs dizaines de lancements dès 2030.
La start-up rémoise Latitude (ex-Venture Orbital Systems) a conçu Zéphyr, une fusée de 17 mètres capable d'envoyer plusieurs nanosatellites jusqu'à 600 kilomètres d'altitude.
La start-up rémoise Latitude (ex-Venture Orbital Systems) a conçu Zéphyr, une fusée de 17 mètres capable d'envoyer plusieurs nanosatellites jusqu'à 600 kilomètres d'altitude. (Crédits : DR)

Lancé sous le nom "Venture Orbital Systems", le futur opérateur de lanceurs spatiaux établi à Reims a bouclé une levée de 10 millions d'euros dans le cadre d'un tour de table mené par Crédit Mutuel Innovation, Expansion Ventures (fonds spatial de Charles Beigbeder) et French Tech Seed (Bpifrance). La jeune entreprise fondée en 2019 profite de ce tour de table pour changer d'identité et se rebaptiser Latitude. Avec ses micro-lanceurs spatiaux, elle entend « révolutionner le New Space européen afin d'offrir un accès toujours plus abordable à l'orbite ». UI Investissement, Comat, le groupe ADF et Nicomatic participent également, en tant qu'actionnaires minoritaires, à cette première levée de fonds.

Le futur lanceur Zéphyr, une fusée de 17 mètres de hauteur conçue par Venture Orbital Systems, sera capable d'envoyer plusieurs nanosatellites en orbite. Le premier tir est prévu en 2025, suivi d'une montée en cadence régulière pour s'établir en 2030 à plusieurs dizaines de lancements par an. « L'industrie a envoyé 500 nanosatellites dans l'espace l'année dernière pour le compte d'entreprises commerciales. Il s'agit essentiellement de startups qui souhaitent déployer leur propre constellation », a constaté Stanislas Maximin, cofondateur et président de Latitude. Le marché mondial s'adresse également à des organisations scientifiques et à des institutionnels orientés défense. Le lanceur Zéphyr prévoit une capacité d'emport de 100 kilogrammes. « En France, on parle de nanosatellites de moins de 50 kilogrammes. Aux Etats-Unis, la limite se situe en dessous de dix kilogrammes », détaille Stanislas Maximin.

Des moteurs imprimés en 3D

Implanté depuis sa création à Reims, Latitude entend y finaliser ses premiers essais jusqu'en 2024. L'enjeu consiste notamment à valider la conception et les process de production du moteur Navier, son premier prototype réalisé en impression 3D par un prestataire luxembourgeois livré en juin 2022. « La conception du moteur Navier représente l'un des coûts majeurs de la fusée, au même niveau que l'électronique. On a intérêt à réduire ce coût et à accélérer la production », estime Stanislas Maximin. Le moteur est conçu en impression 3D (Selective Laser Melting) à base de poudre d'Inconel 718, un alliage de nickel résistant à la chaleur. « Il faut dix moteurs pour réaliser une fusée. Neuf moteurs se situent au premier étage et un autre, adapté, se trouve au second étage. Pour fabriquer 50 fusées, nous aurons donc besoin de 500 moteurs dès la première année », calcule le dirigeant.

Latitude assemblera en 2023 à Reims, dans son atelier de 3.100 mètres carrés, le premier étage de la fusée. L'entreprise prévoit ensuite de déménager, sans quitter Reims, vers un site plus capacitaire sur quatre hectares où elle s'installera en 2025. « Nous essayons de créer notre propre écosystème à Reims, avec le soutien des autorités locales », propose Stanislas Maximin. « Nous ne nous trouvons pas au cœur de l'industrie aéronautique. Reims n'est pas Toulouse. Ici, nous n'avons pas des centaines d'entreprises qui font la même chose que nous. Résultat, nous sommes plus visibles. Autre avantage, nos parties prenantes ne se permettent jamais de juger notre projet à travers le prisme du passé », estime-t-il.

Avec ses mini-fusées, Latitude proposera un tarif d'accès à l'espace de 35.000 euros par kilogramme. Les premiers décollages s'effectueront depuis l'Ecosse. « Nous avons signé un accord de partenariat avec SaxaVord pour établir l'une de nos premières bases sur une île de l'archipel des Shetland », annonce Stanislas Maximin. « L'avantage, c'est une localisation très au nord qui permet un dégagement complet maritime et aérien. C'est parfait pour placer nos nanosatellites en orbite polaire, la plus demandée par nos clients. Nous sommes en discussion avec d'autres bases, dont le CNES en Guyane ».

Le chiffre d'affaires prévisionnel s'établit à 300 millions d'euros en 2030. Il inclut les lancements de satellites ainsi que des prestations logistiques, l'assistance pour les aspects légaux et l'assurance, « des services normaux pour simplifier la vie des clients » selon Stanislas Maximin. Latitude, qui compte actuellement 65 salariés, entend tripler ses effectifs dès 2025.

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