Contemporains de la Renault 12, les antédiluviens VBRG de la gendarmerie font de la résistance. La gendarmerie réfléchit encore comment elle va pouvoir remplacer ses 84 véhicules blindés à roues (VBRG) dont les premiers exemplaires sont entrés en service en 1974. Soit 46 ans de service actif. Elle privilégie autant que possible l'acquisition de blindés neufs adaptés aux besoins opérationnels modernes du rétablissement de l'ordre. "Nous préférerions avoir du neuf mais, si ce n'est pas possible, nous nous tournerons vers un plan B, alliant engins neufs et engins rétrofités", avait expliqué fin septembre à l'Assemblée nationale le directeur général de la gendarmerie nationale, le général Christian Rodriguez.
"Les véhicules retrofités/modernisés présentent aussi l'avantage de rester rustiques, c'est-à-dire réparables à coût modéré, tout en étant modernisés avec une espérance de vie reconduite pour trente à quarante ans. En outre, le coût de la maintenance sera moins élevé pour les véhicules rétrofités, du fait même de cette simplicité mécanique et de pièces détachées non captives", a fait valoir pour sa part le rapporteur pour avis du budget de la gendarmerie, Xavier Batut.
45 véhicules commandés en 2021
"Nous allons pouvoir renouveler nos engins blindés, qui sont anciens et usagés. L'idée est d'en commander 45 dès l'an prochain avec une perspective d'en avoir 80 à 90 neufs ou réhabilités", a dans un second temps expliqué le 18 novembre au Sénat le général Christian Rodriguez. Après avoir très longtemps attendu des crédits budgétaires pour le remplacement de ses VBRG, la gendarmerie s'orienterait donc vers une opération de renouvellement mixte de son parc de blindés avec l'achat de véhicules neufs pour une partie mais aussi de véhicules modernisés.
C'est ce que devra définir le ou les appel(s) d'offres, qui doit ou devront en principe être prêt(s) début 2021 : remplacement de tout le parc des VBRG (84 blindés) par des véhicules neufs et modernisation des VAB (20 exemplaires) ? En tout cas, il semble illusoire que les premiers blindés soient livrés fin 2021. Un match pour les véhicules neufs (à 500.000 euros l'unité) se dessine entre le Serval de Nexter et le Sherpa d'Arquus, peut-être arbitré par Soframe.
La gendarmerie profite du plan de relance
"Nous profiterons pleinement du plan de relance", avait souligné à l'Assemblée nationale le directeur général de la gendarmerie. Dans ce contexte, 48 nouveaux véhicules blindés, dont trois véhicules destinés au GIGN, seront acquis en 2021, pour un montant global de 32,8 millions d'euros. Un renouvellement rendu possible par le plan de relance puis confirmé dans le projet de loi de finances 2021 (PLF 2021). "La gendarmerie mobile entamera le renouvellement de sa composante blindée et des véhicules destinés au maintien de l'ordre", avait d'ailleurs précisé fin septembre le ministère de l'Économie, des Finances et de la Relance lors de la présentation du PLF 2021. Soit seulement un quart du parc de la gendarmerie. "Le plan de relance nous aura permis au total d'engager des commandes de véhicules en grande quantité, y compris des blindés", a néanmoins précisé au Sénat le directeur général de la gendarmerie nationale.
"En termes de moyens de mobilité, c'est plus 123 millions d'euros, 4.500 commandes dont 45 véhicules blindés et 253 véhicules de maintien de l'ordre, qui ont beaucoup souffert pendant la crise des gilets jaunes", a confirmé le général Christian Rodriguez.
Il n'était que temps car les blindés, arrivés au début des années 70 pour percuter les barricades, sont largement utilisés en outre-mer et ont beaucoup servi à Paris lors des manifestations des Gilets jaunes mais aussi dans le cadre des ZAD et à l'occasion du G7 à Biarritz en 2019, "l'idée étant de manœuvrer à l'abri des coups", a rappelé le directeur général de la gendarmerie lors de son audition à l'Assemblée nationale. Aujourd'hui encore, 23 VBRG sont équipés d'une lame, qui permettent aux blindés de dégager une barricade. "Le changement de véhicules s'accompagnera d'un changement de doctrine car nous avons surtout intérêt à protéger. Ces véhicules permettent de manœuvrer, de se déplacer, d'interpeller dans les meilleures conditions pour les forces de sécurité, qu'il s'agisse de policiers ou de gendarmes", a-t-il expliqué. Depuis près de trois ans, la gendarmerie a constaté une accélération et multiplication de situations de crises variées qui ont nécessité le recours accru aux VBRG.
"Ces engagements aujourd'hui réguliers ont mis en évidence l'urgence de procéder au remplacement du parc blindé de la gendarmerie, âgé de plus de quarante-cinq ans", a fait valoir le député Xavier Batut,
Quels véhicules neufs et modernisés ?
En 2019, la gendarmerie désespérait encore de pouvoir remplacer son parc par des blindés neuf. "On s'achemine plus vers cette solution que vers l'achat de blindés neufs, qui pourraient coûter très cher et qui n'existent pas sur étagères en tant que tels, avait expliqué en octobre 2019 au Sénat le général Richard Lizurey, prédécesseur du général Christian Rodriguez. L'idée est de diviser par quatre ou cinq au moins leur coût d'acquisition". La gendarmerie a c lancé un programme de modernisation auprès de deux industriels, Omat et Turgis et Gaillard, qui ont chacun rénové un VBRG. "Nous avons testé ces derniers : ce n'est pas idéal, même si ce n'est pas aussi catastrophique qu'ont pu le dire certains de mes officiers. Le sujet se posera essentiellement en termes budgétaires", a résumé à l'Assemblée nationale le général Rodriguez.
Selon le directeur national de la gendarmerie, il faudrait "prévoir des véhicules neufs en métropole pour les opérations de maintien de l'ordre stricto sensu. Puis, lorsque les VAB rendront l'âme, nous pourrons envoyer les nouveaux VBRG en outre-mer".
Avec le plan de relance, la gendarmerie a enfin trouvé un moyen pour accélérer le renouvellement de son parc de blindés. Ainsi, l'acquisition de matériels neufs en vue de remplacer les VBRG serait privilégiée pour les missions de rétablissement de l'ordre en métropole. Selon Xavier Batut, le coût d'acquisition et le coût de maintenance doit être pris en compte car outre l'adaptation opérationnelle - préalable incontournable -, le coût de possession et de disponibilité opérationnelle de l'engin sont des critères importants.
20 VAB supplémentaires
Enfin, la gendarmerie, qui dispose déjà de 20 VAB (Véhicule de l'avant blindé) obtenus auprès de l'armée de Terre, dont 16 opérationnels, a signé un accord avec le ministère des Armées pour le transfert en gestion de 20 VAB supplémentaires. "L'armée de terre nous donnera une vingtaine de véhicules au cours des prochaines années", a confirmé le patron de la gendarmerie. Ces VAB sont déjà essentiellement utilisés en Outre-mer. "La mission n'est pas tout à fait la même et les conditions plus contraignantes, a-t-il expliqué. Nous pourrions donc rétrofiter ces VAB et les envoyer outre-mer pour assurer des missions classiques - leur blindage est suffisant pour cela". Dans son parc, 14 VAB de la gendarmerie bénéficient d'une surprotection de blindage en raison de leur engagement précédent en Afghanistan.
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