Les ministres français et russe de la Défense se sont entretenus au téléphone, une première depuis 2022

Les ministres Sébastien Lecornu et Sergueï Choïgou se sont entretenus près d'une heure au téléphone ce mercredi, a indiqué le ministère français. L'émissaire d'Emmanuel Macron a « rappelé la disponibilité de la France » concernant la lutte contre le terrorisme tout en se montrant ferme vis à vis de la situation en Ukraine.
Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu s'est entretenu ce mercredi par téléphone avec son homologue russe Sergueï Choïgou.
Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu s'est entretenu ce mercredi par téléphone avec son homologue russe Sergueï Choïgou. (Crédits : Gonzalo Fuentes)

C'est une première depuis octobre 2022. Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu s'est entretenu ce mercredi par téléphone avec son homologue russe Sergueï Choïgou, après le récent attentat de Moscou revendiqué par l'organisation Etat islamique, a annoncé le ministère français des Armées.

Sébastien Lecornu a « rappelé la disponibilité de la France » pour des « échanges accrus » avec Moscou dans la lutte contre le « terrorisme », selon un communiqué.

L'entretien entre les deux ministres est en lui-même d'importance, tant les entretiens de haut niveau sont rares entre le camp occidental pro-Ukraine et la Russie. Le ministre des Affaires étrangères Serguei Lavrov et le secrétaire d'Etat Antony Blinken se sont téléphoné pour la dernière fois en avril 2023, Sergueï Choïgou s'étant lui entretenu avec son homologue américain Lloyd Austin le mois précédent. La Russie envoie régulièrement Serguei Lavrov aux réunions du G20, notamment en février de cette année, mais rien n'indique qu'il se soit entretenu directement avec des responsables occidentaux.

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Attentat meurtrier

Le 22 mars, des hommes armés ont pénétré dans le Crocus City Hall, une grande salle de concert près de Moscou, avant de tirer sur la foule et de mettre le feu au bâtiment. Plus d'une centaine de personnes ont été tuées et un peu plus de 500 ont été blessés lors de cette attaque revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique, l'attentat le plus meurtrier de ces vingt dernières années en Russie.

Cette conversation d'une heure s'est tenue à l'initiative de Paris, qui a rappelé que la France « ne disposait d'aucune information permettant d'établir un lien entre cet attentat et l'Ukraine » et a demandé à la Russie de « cesser toute instrumentalisation ».

Car les autorités russes, le président Vladimir Poutine en tête, ont persisté à tracer un lien entre l'Ukraine et l'attaque, même si Kiev rejette ces accusations. Douze suspects ont été arrêtés, dont les quatre assaillants présumés, originaires du Tadjikistan.

La branche de l'EI soupçonnée d'être derrière l'attaque de Moscou « avait conduit ces derniers mois plusieurs tentatives » sur le « sol » français, avait déclaré peu après celle-ci Emmanuel Macron. « Nous avons proposé aux services russes, comme à nos partenaires de la région, une coopération accrue », avait précisé le président français. Les Etats-Unis avaient pour leur part indiqué avoir prévenu Moscou qu'un attentat était en préparation.

Depuis l'attentat, le ministère russe de la Défense a même affirmé mercredi observer une « hausse significative » des recrutements assurant que ces nouveaux enrôlés voulaient « venger » les victimes.

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Accélérer les livraisons à l'Ukraine

Lors de leurs discussions, le ministre français a aussi « condamné sans réserve la guerre d'agression que la Russie a lancée en Ukraine ». Samedi dernier, il a même annoncé la livraison à l'Ukraine des « centaines » de blindés anciens mais « encore fonctionnels » et des missiles Aster dans un entretien accordé à La Tribune, dans le cadre d'un nouveau paquet d'aide à Kiev dans sa guerre contre la Russie. Durant ce même entretien, il affirme également que la menace du terrorisme « n'a jamais disparu ».

Paris enjoint à l'industrie de défense française de produire davantage et plus rapidement pour répondre aux besoins de son armée et assurer dans la durée son soutien à l'Ukraine. De même, il n'exclut pas de recourir à des réquisitions ou d'imposer des priorités aux industriels pour accélérer la production de matériels militaires à destination de son armée et de l'Ukraine. La France s'est également donnée pour objectif de produire 100.000 obus dont 80.000 pour l'Ukraine en 2024.

(Avec AFP)

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Commentaires 8
à écrit le 04/04/2024 à 14:35
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Pas sûr qu'ils se soient parlé les comptes rendus respectifs diffèrent !

à écrit le 04/04/2024 à 14:22
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On ne discute pas avec la Russie. On agit. Idem avec la Chine. Il en va de notre liberté.

le 05/04/2024 à 9:41
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Ce qui devrait déjà être le cas de la France vis a vis de l'Union Européenne ! ;-)

à écrit le 04/04/2024 à 9:29
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Qui a payé la communication ? Rien de mieux pour connaitre l'initiateur de l'appel ! Le premier ministre, porte parole, nous en touchera deux mots dans l'hémicycle ! ;-)

à écrit le 04/04/2024 à 6:59
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Jacques Baud : "L'attentat [de Moscou] ne coche aucune case de l'État islamique".

le 04/04/2024 à 12:26
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Jacques Baud ne cochant lui même aucun case à part celle de la cantine du Kremlin, son intervention est tout à fait normale.

à écrit le 04/04/2024 à 5:49
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Le ridicule ne tuant pas notre champion de l'armement a voulu faire croire qu'il existait. La France amuse à vouloir passer pour un pays qui compte . Ras le bol de cette mascarade pour éclipser ce qui est un vrai sujet notre dette. Cette dernière emp...

le 04/04/2024 à 11:56
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Il ne faudrait donc pas de contact avec la Russie ?

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