Fin septembre, le ministre de la Défense australien a porté le coup de grâce à l'aventure du NH90 en Australie qui a débutée en 2004 avec l'achat de 12 appareils. Après le crash en juillet dernier d'un MRH90 Taipan dans les eaux de la mer de Corail lors de l'exercice Talisman Sabre, Richard Marles annonçait que ces hélicoptères n'allaient finalement pas reprendre leurs opérations avant leur date de retrait prévue fin 2024. Canberra accélérait brutalement la fin de carrière d'un hélicoptère mal aimé en Australie, qui reprochait depuis des années à Airbus Helicopters le faible taux de disponibilité du MRH90.
Aucun doute sur la sécurité de l'appareil
Cette décision, qui a « surpris » Airbus Helicopters, pouvait entacher la réputation du NH90, le ministère de la défense australien n'ayant pas voulu exonérer la responsabilité de l'appareil dans l'accident. « Avec l'ensemble des données qu'on avait et qui sont confirmées aujourd'hui, il n'y a aucun doute sur la sécurité de la plateforme », a pourtant expliqué le PDG d'Airbus Helicopters, Bruno Even, rencontré au salon aéronautique de Dubaï (13-17 novembre).
« Nous avons souhaité réagir pour lever toute ambiguïté. A partir du moment où les causes de l'accident n'ont pas été pas commentées (par l'Australie, ndlr), un raccourci aurait pu être fait en liant la décision australienne à des problèmes de sécurité de la plateforme », a-t-il précisé à La Tribune.
A la suite de la décision de l'Australie de renoncer au MRH90 Taipan, l'industriel NHIndustries, chargé de fabriquer l'hélicoptère, a dans la foulée publié un communiqué pour expliquer qu'il avait déjà informé les opérateurs pour les prévenir qu'il n'avait identifié aucune information issue de l'analyse initiale des données de vol relative à une panne, un dysfonctionnement ou un défaut lié à la conception de l'avion. « NHI n'a recommandé aucune mesure supplémentaire à appliquer à la flotte en exploitation », avait expliqué l'industriel.
Amélioration de la disponibilité
L'Australie avait-elle la volonté d'instrumentaliser cet accident pour se débarrasser à bon compte du MRH90 ? « Je ne l'imagine pas. Néanmoins pour éviter qu'il y ait une certaine ambiguïté, nous avons préféré clarifier le fait qu'il n'y avait aucun problème de sécurité de la plateforme qui pouvait être derrière cette décision », a insisté Bruno Even, qui se dit « perplexe ». D'autant que la presse australienne a pilonné sur certains des déboires à l'international de cet appareil européen, en Norvège notamment, oubliant au passage que les études pour la conception de cet hélicoptère de transport tactique ont été menées par le NATO Industrial Advisory Group (NIAG). Et c'est une agence de l'OTAN, la NAHEMA (NATO Helicopter Management Agency) qui a été chargée de gérer ce programme.
La décision de l'Australie est arrivée à un moment où Airbus Helicopters améliorait la disponibilité du programme NH90. « Sur la version terrestre, nous avons démontré ces dernières années une amélioration de la disponibilité. Nous délivrons chaque année le contrat de mission attendu par l'armée de Terre », observe Bruno Even. Selon le PDG d'Airbus Helicopters, le constructeur est en termes de disponibilité « significativement au-dessus de 40 % sur la version terrestre du NH90 ». C'est pour cela qu'il regrette que « cet investissement de l'Australie depuis plus de quinze ans soit mis de côté ». Les forces armées australiennes ont acheté 46 MRH90 en deux phases (12 appareils en août 2004, puis 34 en juin 2006). En mai 2013, à la suite d'un conflit entre l'industriel et l'Australie, Airbus Helicopters a livré gratuitement un appareil supplémentaire.
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