La preuve est irréfragable. Le jour même de l'annonce du pacte AUKUS, qui réunit les Etats-Unis, l'Australie et la Grande-Bretagne, "les Australiens ont écrit à la France pour dire qu'ils étaient satisfaits des performances atteignables par le sous-marin et par le déroulement du programme. En clair : en avant pour lancer la prochaine phase du contrat", a tweeté le porte-parole du ministère des Armées, Hervé Grandjean. S'il était déclassifié et publié, ce document révélerait au monde entier la duplicité de l'Australie, qui a négocié dans le dos de la France le pacte AUKUS tout en poursuivant comme de si rien n'était, les négociations avec Naval Group et Paris.
"A aucun moment, l'Australie ne nous a mentionné qu'ils étaient en train d'instruire une alternative avec les Britanniques et les Américains", a-t-on martelé au ministère des Armées au cours d'un briefing sur ce dossier.
Les mensonges australiens
Cette révélation est renforcée par la réunion en visioconférence le 30 août dernier, entre Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, Florence Parly, ministre des Armées, et leurs homologues australiens, Marise Payne et Peter Dutton. Ils avaient souligné l'importance du programme des futurs sous-marins. "Ils se sont accordés sur les prochaines étapes du renforcement de notre coopération bilatérale de défense ainsi que de nos partenariats industriels dans le but de maintenir cette dynamique et d'approfondir le partenariat stratégique rehaussé qui unit la France et l'Australie depuis 2017. A ce titre, ils se sont engagés à renforcer la coopération capacitaire et industrielle, et ont souligné l'importance du programme des futurs sous-marins", soulignait le communiqué commun à l'issue de cette réunion. La belle affaire...
L'Australie a été "franche, ouverte et honnête" avec la France au sujet de ses préoccupations concernant un accord massif d'achat de sous-marins français avant de déchirer le contrat, a déclaré dimanche le ministre australien de la défense, Peter Dutton. Le ministre joue sur les mots en expliquant que "les suggestions selon lesquelles le gouvernement australien n'a pas signalé ses inquiétudes défient, franchement, ce qui est dans le dossier public et certainement ce qui a été dit publiquement pendant une longue période". Peter Dutton continue à prendre vraiment la France pour un "perdreau" de l'année. C'était effectivement de notoriété publique que le programme de sous-marins était un programme compliqué, comme tous les grands programmes de cette envergure, notamment avec un important transfert de technologies (ToT). Naval Group s'était engagé à donner 60% de la valeur du contrat à des fournisseurs australiens.
Et enfin que dire de la rencontre très amicale en juin dernier entre Emmanuel Macron et le Premier ministre australien. Si Scott Morrison avait clairement expliqué au président français que le contrat avec la France était en voie d'être résilié, nul doute que les mines auraient été plus contrites lors de la déclaration commune à l'Élysée. Bien au contraire. "C'était une discussion très positive que nous avons eue hier soir sur toute une série de questions et, bien sûr, y compris le contrat. Nous arrivons à des jalons importants dans ce contrat et il y a eu des problèmes que nous avons dû résoudre au cours des huit derniers mois en particulier", a expliqué Scott Morisson. Et de répondre à une question d'un journaliste qui lui demandait s'il quittait "Paris plus ou moins confiant sur le programme de sous-marins ?" : "Je pars sachant que nous avons correctement relevé les défis auxquels nous devons faire face, et c'est donc maintenant à nous de travailler sur cette base". Non, rien ne laissait présager ce coup de Trafalgar de l'Australie...
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