Loi de programmation militaire 2024-2030 : 268 milliards d'euros pour les équipements

Les armées vont dépenser 268 milliards d'euros sur la période 2024-2030 pour s'équiper en matériels, dont 100 milliards destinés aux grands programmes d'armement. La marine nationale et l'armée de l'air ont sauvé les meubles, contrairement à l'armée de terre.
Michel Cabirol
Malmenée par l'arrêt des livraisons du Rafale pendant trois ans (fin 2018-fin 2022) et le prélèvement de 24 Rafale dans la flotte aérienne pour des marchés export (12 à la Grèce et 12 à la Croatie), la future LPM va permettre une remontée en puissance de la flotte aviation de combat.
Malmenée par l'arrêt des livraisons du Rafale pendant trois ans (fin 2018-fin 2022) et le prélèvement de 24 Rafale dans la flotte aérienne pour des marchés export (12 à la Grèce et 12 à la Croatie), la future LPM va permettre une remontée en puissance de la flotte aviation de combat. (Crédits : COSTAS BALTAS)

La future loi de programmation militaire (LPM), qui couvre la période 2024/2030, va en principe consacrer 268 milliards d'euros pour équiper les trois armées si les budgets jusqu'en 2030 sont exécutés à l'euro près. Cela représente un bond de 55% par rapport à la précédente LPM 2019-2025 (172,8 milliards d'euros). Soit près de 100 milliards d'euros de plus d'une LPM à l'autre. C'est à la fois colossal et à la fois pas assez. Un paradoxe hérité des prédécesseurs d'Emmanuel Macron qui ont beaucoup trop désinvesti dans la défense. Ces 268 milliards sont en grande partie découpés ainsi : entretien programmé du matériel (49 milliards, contre 35 pour la précédente LPM), les grands programmes (100 milliards, contre 59 milliards), autres opérations d'armement (13 milliards, contre 11 milliards), études amont (7,5 milliards, contre 6,8 milliards).

> L'édition spéciale : les points clés de la Loi de Programmation Militaire

La Marine et l'armée de l'air préservées

Si l'armée de terre semble être celle qui est contrainte à faire le plus d'efforts, la marine nationale et l'armée de l'air ont réussi à sauver les meubles. Les marins ont préservé le quatrième bâtiment ravitailleur de forces (BRF), fabriqué par les Chantiers de l'Atlantique qui faisait partie des pistes d'économies possibles. Mais il arrivera dans la flotte après 2030. Ils ont également réussi à faire confirmer le porte-avions de nouvelle génération (PANG), qui sera mis en service après 2035, à l'horizon 2037/2038. En dépit de la multiplication des missions de la marine nationale, son format ne change pas pour ses équipements les plus emblématiques fin 2030 : 41 Rafale, 3 avions de guet aérien, 15 frégates de premier rang (8 FREMM, 2 frégates de défense aérienne, 3 FDI et 2 frégates La Fayette rénovées ), six sous-marins Barracuda et trois portes-hélicoptères.

En revanche, la capacité hydrographique de la marine nationale perd un bâtiment entre fin 2023 (trois bâtiments hydrographiques et un bâtiment océanographique) et fin 2030, qui verra entre temps la mise en service d'une nouvelle capacité hydro-océanographique future (CHOF), composée de deux bâtiments hydrographiques de nouvelle génération (BH NG) et d'un bâtiment océanographique, qui sera retiré du service avant 2035. La marine aura également moins d'avions de patrouille maritime Atlantique 2 (ATL2) entre fin 2023 (22 appareils) et fin 2030 (18). Fin 2035, le ministère anticipe également une flotte de 18 appareils, dont trois systèmes de patrouille maritime futur (Patmar).

Enfin, la marine va investir dans les drones. Ainsi, elle va se doter d'une capacité accrue dans le domaine de systèmes de drones aériens marine (SDAM). Elle va passer de trois exemplaires fin 2023, à huit fin 2030 et à au moins 15 à l'horizon 2035. C'est également le cas pour les drones dans le cadre du programme de la lutte anti-mines (SLAM-F). La marine aura huit systèmes de drones à l'horizon 2035, contre respectivement un et six systèmes en 2023 et 2030. La marine pourra disposer de six Bâtiments de guerre des
mines (BGDM)
 contre trois fin 2030 (huit fin 2023).

Remontée en puissance de l'armée de l'air

Malmenée par l'arrêt des livraisons du Rafale pendant trois ans (fin 2018-fin 2022) et le prélèvement de 24 Rafale dans la flotte aérienne pour des marchés export (12 à la Grèce et 12 à la Croatie), la future LPM va permettre une remontée en puissance de la flotte aviation de combat. Entre fin 2023 (100 Rafale) et fin 2030 (137), l'armée de l'air devrait recevoir des appareils de la tranche 4 (F3R) plus ceux en remplacement des Rafale d'occasion vendus à la Grèce. A l'horizon 2035, l'armée de l'air devrait atteindre sa cible de 185 Rafale, selon le rapport annexé de la LPM. Elle disposera également à cet horizon d'un démonstrateur SCAF.

Si la cible finale d'A400M (22 en service fin 2023) fait l'objet d'une incertitude (au moins 35, au lieu d'une cible de 50 appareils), le nombre d'avions ravitailleurs MRTT va en revanche croître passant de 12 à 15 appareils entre fin 2023 et fin 2030. En revanche, la flotte d'avions de transport tactique médian va baisser passant de 16 (quatre C-130J et 14 C-130H fin 2023) à 14 appareils (quatre C-130 J et dix C-130H). L'armée de l'air bénéficiera de plus de drones MALE à l'horizon 2035 (six systèmes Eurodrone, contre quatre systèmes Reaper fin 2023 et 5 systèmes fin 2030, dont un système Eurodrone). Par ailleurs, cible inchangée dans le domaine du renseignement aéroporté pour les avions renseignement et guerre électronique Archange (trois appareils) et les avions légers de surveillance (trois). Enfin, elle disposera d'au moins de 32 hélicoptères de manœuvre fin 2030 contre 36 (Puma/Caracal/H225) fin 2023 et 36 appareils à l'horizon 2035.

Dans le domaine spatial, l'armée de l'air est privée du troisième Syracuse 4C, pourtant indispensable à la résilience et la redondance en matière de communications protégées pour les armées. Elle disposera de deux satellites d'observation fin 2023 et fin 2030 (fin de vie de CSO-1 et lancement de CSO-3). Le ministère lance aussi un tout nouveau programme, EGIDE qui va succéder au démonstrateur Yoda, deux satellites patrouilleurs destinés à protéger les satellites français dans l'espace. Au total, le ministère dépensera six milliards d'euros consacrés au renforcement des capacités spatiales françaises (contre 4,5 milliards sur la LPM 2019-2025).

Michel Cabirol

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Commentaires 6
à écrit le 06/04/2023 à 14:41
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Cet opportunisme qui consiste à utiliser le flop de Poutine en Ukraine pour justifier un réarmement délirant (on parle de la menace chinoise sur injonction des USA tout en leur rendant visite cordialement et après leur avoir vendu la technologie des ...

à écrit le 06/04/2023 à 11:09
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Vous n'avez pas 15 milliards pour les retraites Monsieur Macron?

à écrit le 06/04/2023 à 10:15
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C est sur que c est plus important de payer des cures aux boomers... Quant on voit que le premier poste de depense c est le paiment des pensions de retraites on se dit qu on marche sur la tete ! IL serait urgent de faire payer aux electuers de Mitte...

à écrit le 06/04/2023 à 8:06
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Et un porte drones ça serait pas moins cher qu'un porte avions ?

à écrit le 06/04/2023 à 7:24
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Bonjour, La lois de programmation militaire est une chose, mais la réalités est effectivement l'argents qui est utilisé....( baisse importante d'un gouvernement a l'autre ). Bien pour l'AdT , ils faut espérer qu'ils y a au minimum un plan de mobil...

à écrit le 06/04/2023 à 6:38
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Le monde rentre dans une période économique incertaine la France hyper endettée politiquement à bout de souffle une démocratie imparfaite qui va politiquement vers plus d' autocratie un peuple fatigué par des années de politiciens incapables de fédér...

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