Emmanuel Macron était resté discret mardi sur l'enveloppe financière dévolue au spatial, neuvième objectif sur les dix visant à développer la compétitivité industrielle et les technologies d'avenir pour "augmenter la capacité de l'économie français à croître par l'innovation". Selon des sources concordantes, le président aurait décidé de mettre sur la table 1,5 milliard d'euros, dont la moitié serait destinée à des projets menés par les fameux acteurs du NewSpace.
Grâce à cette enveloppe, il a fixé "à court terme plusieurs objectifs : les mini-lanceurs réutilisables, qui est un objectif qu'on doit pouvoir atteindre d'ici 2026, mais aussi les micro et minisatellites, les constellations de demain et l'ensemble des innovations technologiques et de services qui sont au cœur justement de ce nouvel espace". Si le projet de mini-lanceurs réutilisables semble largement sur le plan technique dans les capacités de l'industrie spatiale française, ce concept ne semble pas très probant sur le plan économique.
200 millions pour les mini-lanceurs réutilisables
Outre la part du lion dévolue aux start-up du NewSpace, l'Élysée a fléché pour les mini-lanceurs réutilisables une enveloppe de 200 millions d'euros ainsi que 500/550 millions d'euros pour le financement d'une constellation 5G ou pour participer à une constellation européenne souhaitée par le commissaire Thierry Breton. Après "France Relance" (515 millions d'euros), le secteur spatial continue de bénéficier de la manne budgétaire. Objectif du président : "prendre toute notre part à la nouvelle aventure spatiale". D'autant que le spatial est un domaine d'excellence "où, en même temps, on fait de l'hypertechnologie, on fait du quantique, des mathématiques, des sciences humaines, du droit".
A l'image du succès de SpaceX aux Etats-Unis, le président souhaite faire émerger de nouveaux acteurs en France en propulsant des start-up françaises sur des grands projets structurants grâce à des centaines de millions d'euros. Pour autant, les symboles du NewSpace américain, SpaceX ou Amazon, ne sont pas vraiment des start-up. Ces entreprises américaines "ne sont pas arrivées par la grâce ou le hasard" mais par des "investissements massifs de départements, d'agences d'État et d'argent fédéral et innovations de rupture portées par des acteurs innovants, c'est le modèle SpaceX. Beaucoup d'argent du département américain et un innovateur de rupture qui change des pratiques et des habitudes industrielles. Ça marche", a d'ailleurs expliqué Emmanuel Macron.
Mariage entre NewSpace et "OldSpace"
"Par le spatial, nous avons toujours tiré les grandes innovations, dans l'aéronautique ou dans beaucoup d'autres secteurs", a expliqué, en même temps, Emmanuel Macron. Les acteurs du "OldSpace" ont donc fait visiblement le job et ont porté la France au premier rang européen. Ils continuent à le faire même si on peut leur reprocher d'attendre un peu trop souvent des budgets des pouvoirs publics ou du CNES pour se lancer dans des projets disruptifs.
Emmanuel Macron souhaite que la France travaille "avec les acteurs établis, mais aussi avec des acteurs qui peuvent innover et changer la donne dans ce domaine". "C'est le mariage que nous devons réussir culturellement ensemble, que la France réussisse à innover dans les nouvelles explorations spatiales et les nouveaux usages", a-t-il expliqué. Plutôt que de confier de grands projets à des start-up, la France, devrait, à l'image de la Commission européenne, imposer aux grands maîtres d'oeuvre de la filière la présence de start-up dans ces programmes. Ce qui réduirait les risques.
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