Safran au Havre, élève modèle de la décarbonation

Tête de pont de la division nacelles d’avions de Safran, l’usine havraise a diminué de deux tiers ses émissions de CO2 depuis 2019. Très en avance de phase sur les engagements de sa maison-mère. Il lui reste toutefois à évangéliser ses fournisseurs.
La centrale de 24.000 m2 a été financée, construite et est exploitée par Reservoir Sun, spécialiste de l'autoconsommation solaire, dont le capital est détenu le groupe Green Yellow.
La centrale de 24.000 m2 a été financée, construite et est exploitée par Reservoir Sun, spécialiste de l'autoconsommation solaire, dont le capital est détenu le groupe Green Yellow. (Crédits : Safran)

Dès l'entrée de l'usine de Gonfreville-l'Orcher, à quelques encablures du Havre, le ton est donné. Des panneaux solaires -12.000 au total- recouvrent l'entièreté de l'immense parking du site qui abrite aussi le siège de la division nacelles de Safran. Inaugurée la semaine dernière par l'état-major du groupe au grand complet, la centrale d'une puissance de 4,8 MW « est la plus grosse en autoconsommation sur un site industriel », foi d'Olivier Andriès, directeur général de Safran.

L'installation matérialise surtout la longueur d'avance qu'a prise le vaisseau amiral du fabricant de nacelles d'avion dans la course à la décarbonation. Qu'on en juge. Le site a déjà abaissé ses émissions de CO2 de 60% par rapport à l'année de référence 2018. Tout bonnement deux fois le niveau sur lequel s'est engagée sa maison-mère à horizon... 2025.  « En général, nous sommes le bon élève de Safran », commente avec gourmandise Olivier Aguillon, patron de l'établissement (1.400 salariés). Pour en arriver là, les équipes se flattent d'avoir agi avec la même vigueur sur les scopes 1 et 2. Autrement dit : sur les émissions directes liées aux opérations et sur celles liées à l'alimentation en énergie.

Train obligatoire

S'agissant des premières, l'essentiel de l'effort a porté sur les déplacements. Outre la relocalisation de sa centrale logistique, la société a rendu le train obligatoire pour tous les trajets professionnels et mis en place des navettes 100% électriques entre le siège de Gonfreville-l'Orcher et le centre de R&D de Saclay. « Ces changements permettent un gain en CO2 équivalent à celui des mesures prises sur l'énergie », nous précise t-on. En parallèle, cinquante bornes de recharge (bientôt 100) ont été installées sur les parkings, complétées par l'acquisition d'une flotte de 180 vélos électriques  « de fonction ».

Sur le volet « énergies », priorité est donnée aux renouvelables. Un quart des besoins en électrons du site est désormais couvert par les panneaux photovoltaïques. L'usine a également commencé à s'émanciper du marché du gaz grâce à son raccordement au nouveau réseau de chaleur biomasse opportunément mis à feu par la métropole havraise, à quelques encablures de là. Lequel réseau couvre dorénavant plus du tiers de ses besoins. A la clef, 1.700 tonnes de CO2 en moins dans l'atmosphère.... pour une molécule vendue presque deux fois moins chère que son équivalente fossile. Ou quand décarbonation rime avec allègement des dépenses.

Le plus dur reste à faire

En dépit de ces résultats exemplaires, Safran Nacelles doit encore passer un palier clé avant d'espérer tutoyer le net zéro : l'évangélisation de ses fournisseurs (le scope 3). De loin la plus haute marche à franchir. Ceux-ci représentent, en effet, 80% de son empreinte carbone. Sur ce volet-ci, l'entreprise applique strictement la doctrine définie par sa maison-mère à l'égard de ses sous-traitants. A savoir :  une notation comprise entre F et A+ qui prend en compte l'existence (ou non) et d'un bilan carbone et les efforts faits pour le réduire. Et gare aux mauvais élèves.

« Dorénavant, ceux qui ne parviennent pas à sortir du rouge ne seront plus consultés lors des appels d'offres », prévient Raphaël Renouvin, responsable du plan climat. Sur le tableau récapitulatif que nous montre l'intéressé, une bonne moitié des 130 fournisseurs répertoriés sont encore en dehors des clous pour une seule entreprise classée A+.

Façon de rappeler que si la route est droite, la pente est rude.

Quand Safran mise sur l'autoconsommation solaire

Si elle ouvre le bal, l'usine havraise n'est pas la seule concernée par le plan de solarisation de Safran. Au total, ce sont 17 sites français qui seront équipés de panneaux photovoltaïques en ombrières de parking d'ici deux ans. Le tout pour un objectif d'autoconsommation de près de 40 MWH annuels. Notons que le groupe n'investit pas en propre mais par le biais de deux tiers investisseurs : Reservoir Sun et Idex. Une deuxième salve devrait être lancée pour équiper à terme une quarantaine de sites français. Safran poursuit la même démarche dans le reste du monde avec des projets réalisés ou à venir sur ses implantations en Australie, Belgique, Chine, Malaisie, Maroc, Mexique, Royaume-Uni, Singapour, Thaïlande, Tunisie.

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