Jolie prise pour la Région Bretagne et Rennes Métropole : le groupe Safran, spécialisé dans l'aéronautique, le défense et le spatial, va contribuer à la réindustrialisation de La Janais. L'investissement de 80 millions d'euros, y compris en acquisition foncière, dans une nouvelle fonderie de pièces de moteurs d'avions sur ce site en perte de vitesse qui a totalement failli perdre le constructeur PSA en 2012 (devenu Stellantis), représente une excellente nouvelle pour les collectivités.
Lieu historique de la production automobile en Bretagne, les terrains et hangars auparavant occupés par l'ancienne usine PSA, sont en effet devenus emblématiques de l'urgence de la réindustrialisation du territoire et du maintien des emplois industriels. Depuis plus de dix ans, les élus métropolitains et régionaux s'efforcent d'attirer de nouvelles industries au cœur d'un Pôle d'excellence particulièrement orienté vers la mobilité et l'habitat durable.
Autant dire que l'installation en 2027 d'une usine du futur dédiée à la production d'aubages de turbine pour les programmes de motorisation majeurs de Safran, « respectivement le M88 dans le domaine militaire et le LEAP de CFM International, société commune de Safran Aircraft Engines et GE Aerospace, dans le domaine civil » marque un signal d'ampleur.
Montée en cadence sur le moteur militaire M88
À côté de Stellantis, Euro-Shelter ou B3-Ecodesign (construction de maisons modulaires), Safran prévoit de regrouper ces activités au sein d'une entité nommée Safran Turbine Airfoils et qui emploiera 200 personnes avec une possibilité d'extension à terme. L'objectif étant de faire de ce site une vitrine en matière d'innovation, d'efficacité industrielle et de performance énergétique.
« Opérationnel en 2027, ce nouveau site permettra à Safran Aircraft Engines de compléter son réseau mondial de production d'aubages de turbine avancées. Cette implantation sur un territoire attractif témoigne de notre soutien à la souveraineté nationale et à la renaissance industrielle de la France », a commenté Olivier Andriès, directeur général de Safran, cité dans un communiqué.
Pour Safran, déjà implanté près de Rennes, à Dinard (Safran Landing Systems), à Fougères (Safran Electronics & Defense ) et à Cesson via Syrlinks, la nouvelle usine répondra à des enjeux de montée en cadence sur le moteur militaire M88, dont les pièces sont majoritairement produites en France. Les équipes rennaises fabriqueront aussi en France une partie de la production de pièces critiques du moteur LEAP, renforçant ainsi la chaîne de production. En service depuis 2016, ce moteur permet de réduire de 15% la consommation de carburant et les émissions de CO2 des avions monocouloirs de nouvelle génération (Airbus A320 neo, Boeing 737 MAX), précise Safran, qui souhaite encore réduire de 20% supplémentaires l'empreinte carbone de ses moteurs à horizon 2035.
« Safran Turbine Airfoils travaillera en étroite collaboration avec le site de Gennevilliers, la fonderie historique de Safran Aircraft Engines » complète Jean-Paul Alary, le directeur de cette filiale. « Il bénéficiera des meilleurs standards en termes de performance énergétique grâce aux procédés innovants déployés et à l'optimisation des flux logistiques avec les autres sites de production en Île-de-France. »
Le Conseil régional engagé sur un plan de formation
Le choix de l'implantation à Chartes-de-Bretagne s'avère particulièrement déterminant pour le territoire rennais. Avec un effet d'accélération ? Malgré un démarrage difficile, le pôle d'excellence industrielle (PEI) de la Janais commence à être identifié « comme une vitrine de l'industrie de demain, decarbonée, résiliente et souveraine », veut croire Nathalie Appéré, maire de Rennes et présidente de Rennes Métropole.
Pour appuyer le développement de Safran, le Conseil régional, compétent en matière de formation des personnes en recherche d'emploi ou en reconversion, a d'ailleurs décidé d'accompagner le groupe dans un plan de formation adapté à ses besoins. Celui-ci dépendra du nombre de salariés et des métiers recherchés précise la Région, contactée par La Tribune. Le groupe Safran évoque de son côté des profils d'ingénieurs et de techniciens supérieurs en fonderie, procédés thermiques, contrôles non destructifs, maintenance, robotique, programmation et systèmes d'information.
Alors que l'usine Stellantis, qui emploie 2.300 salariés pour 400 véhicules fabriqués par jour, poursuit en parallèle sa transformation, La Janais (220 hectares) fait figure de projet structurant pour l'industrie en Bretagne. Le PEI bénéficie en effet des locaux vacants de l'ex-usine PSA rachetés par les deux collectivités. Conçu comme un lieu de « développement de l'industrie écologique du futur », ce pôle entend créer des emplois industriels qualifiés accessibles à des salariés touchés par les mutations dans les secteurs traditionnels. La création d'un campus industriel et d'une pépinière y est prévue pour 2024.
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