Champion d'Europe... Naval Group a remporté une magnifique victoire aux Pays-Bas à l'issue d'une compétition de haut vol. « Après un processus de devis minutieux, Naval Group construira les nouveaux sous-marins pour @Defensie (ministère de la Défense, ndlr). Ils ont réussi à proposer une offre équilibrée, polyvalente et réaliste », a tweeté vendredi sur X (ex-Twitter) le secrétaire d'État à la défense, Christophe van der Maat, qui a annoncé ce choix sur le chantier naval de Den Helder. Pour autant, la décision des Pays-Bas n'est pas encore gravée dans le marbre.
« Le résultat de l'évaluation des offres (...) a désigné un gagnant provisoire », a tenu à préciser le ministère de la Défense néerlandais. « Après avoir traité l'évaluation des cotations à la Chambre des représentants, le contrat de fourniture est signé », a-t-il annoncé. A Naval Group de conclure le match. Le groupe français va d'abord entrer en négociations exclusives avec le ministère avant d'être sélectionné définitivement par La Haye et signé un contrat. Et comme le souligne un observateur, « le gouvernement qui va payer n'est pas celui qui décide ». Le nouveau gouvernement aura peut-être son mot à dire par rapport à ce choix. Par ailleurs, un protocole d'accord (MoU ou Memorandum of Understanding) entre le gouvernement néerlandais et la France doit être également conclu. Ce protocole comprend des accords sur les droits d'utilisation, la sécurité de l'information et l'échange de connaissances.
Quatre sous-marins en jeu
Comme La Tribune l'avait révélée, les Pays-Bas ont sélectionné le sous-marin Blacksword Barracuda (propulsion conventionnelle) proposé par le groupe naval français au détriment du tandem formé par le groupe néerlandais Damen et le suédois Saab et face à allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS). Avec son partenaire le chantier naval néerlandais Royal IHC, Naval Group devrait construire, à travers un vaste transfert de technologies, quatre sous-marins aux Pays-Bas, dont la construction est évaluée par le ministère de la Défense néerlandais à plus de 2,5 milliards d'euros. Naval Group s'est engagé auprès de La Haye à livrer les deux premiers nouveaux sous-marins dans les dix ans suivant la signature du contrat.
« Les quatre nouveaux bateaux représentent une grande amélioration. Non seulement parce que leur conception est plus récente, mais aussi en raison d'une multitude d'autres aspects. Par exemple, la capacité de lancer des missiles de croisière augmente considérablement la puissance de frappe », a expliqué le ministère de la Défense dans un communiqué publié vendredi.
Initialement, la conception de ces sous-marins en service depuis 1990 prévoyait une durée de vie de 25 ans. En raison du retard dans le processus de l'appel d'offres, le ministère de la Défense néerlandais a pris des mesures pour que les sous-marins actuels puissent naviguer en toute sécurité jusqu'à l'âge de 30 ans de service. Deux des quatre bateaux seront progressivement retirés du service. Un premier bateau, mis en service en 1992, a d'ailleurs déjà été retiré du service en octobre 2023. « Cela permettra de disposer de pièces de rechange pour les navires restants, qui nécessiteront davantage d'entretien avec l'âge », a révélé le ministère.
Des sous-marins plus performants
« Équipés des systèmes et des technologies les plus récents, les nouveaux sous-marins seront un digne successeur de la classe Walrus » (la génération actuelle, ndlr), a expliqué Christophe Van der Maat, cité dans le communiqué du ministère de la Défense publié vendredi. Grâce aux capteurs et aux systèmes de communication les plus récents, cette nouvelle génération de sous-marins sera encore mieux équipée que ses prédécesseurs pour collecter, analyser et partager le renseignement. Un domaine qui est décisif, selon le ministère de la Défense néerlandais. « Le renseignement peut être décisif à tous les stades d'un conflit et en temps de paix », a-t-il souligné.
Ces quatre sous-marins joueront un rôle clé dans la protection des eaux territoriales des Pays-Bas et des routes maritimes internationales, qui sont essentielles à la liberté commerciale. Ces nouveaux bateaux, relativement petits à l'image de ceux de la classe Walrus, pourront opérer dans des eaux peu profondes, comme le souhaitait le ministère de la Défense néerlandais. A l'opposé, grâce à la technologie moderne des batteries, ces sous-marins, qui disposeront d'une plus grande capacité énergétique, peuvent rester plus longtemps sous l'eau et fonctionner sans avoir à recharger les batteries à l'aide des moteurs diesel. Cet atout les rend encore plus silencieux, moins polluants et surtout moins vulnérables à la détection par l'ennemi. « Cette combinaison est rare et signifie que les sous-marins néerlandais seront très appréciés au sein de l'OTAN », a expliqué le ministère.
Par ailleurs, en compagnie du plus jeune marin et du plus jeune officier servant dans les sous-marins, le secrétaire d'État a dévoilé les noms des nouveaux sous-marins : Orque, Espadon, Barracuda et Requin Tigre.
L'industrie néerlandaise au cœur de la construction
L'industrie néerlandaise aura « un rôle solide à jouer », un élément qui était fondamental dans le processus d'attribution du marché. Les industriels, notamment Royal IHC, auront un rôle majeur « non seulement dans la construction, mais aussi dans la maintenance, a précisé Christophe Van der Maat. Cette décision n'est donc pas seulement bonne pour la marine et nos intérêts en matière de sécurité, mais certainement aussi pour les entreprises néerlandaises et le renforcement de notre position en matière de connaissances ». Le ministère des affaires économiques et du climat a évalué les propositions d'accord de coopération industrielle. L'accord qui sera signé vise à renforcer la base technologique et industrielle néerlandaise, qui compte environ un millier d'entreprises. Cet accord fait partie des conditions d'attribution du marché.
La participation de l'industrie néerlandaise est l'un des facteurs clés du projet en répondant à l'exigence d'autonomie stratégique de La Haye. Le groupe naval français a présenté un plan de coopération industrielle ambitieux, qui impliquera le réseau existant de partenaires néerlandais du chantier naval pour les systèmes et composants clés. Il veillera « à ce que l'écosystème néerlandais développe et conserve son expertise et son implication tout au long du cycle de vie du sous-marin », a expliqué Naval Group dans un communiqué publié vendredi. « Les Pays-Bas sont un partenaire stratégique pour Naval Group, qu'il s'agisse de la fourniture de matériel ou de projets de R&D conjoints », a-t-il précisé.
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