Les Chinois soutiennent encore les ventes de Bordeaux

Toujours aussi friands des vins du bordelais, les Chinois s'orientent de plus en plus vers les entrées et moyennes gammes à côté des grands crus. Ils permettent au secteur d'afficher de solides ventes, en progrès de 10% en valeur.
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"Tout le monde profite du levier qu'a assuré la Chine par les volumes. Là où il y a 10 ans on n'exportait que des produits hauts de gamme, des grands crus, aujourd'hui on expédie des volumes préférentiellement sur les entrées et moyennes gammes." Tel est le constat de Jean-Philippe Code, directeur du service économie et études au Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), qui a dévoilé en début de semaine les chiffres des ventes de vin de la région. Sur la campagne août 2011-juillet 2012, celles-ci affichent des hausses de 2% et 10% en volume et en valeur. Au total, 5,5 millions d'hectolitres ont été écoulés pour un chiffre d'affaires de 4,3 milliards d'euros.

Encore une fois, c?est l?export et le marché chinois qui joue le rôle de locomotive. En effet, 42% de la commercialisation est assuré par les exportations. Celles-ci progressent de 17% en volume (à 2,32 millions d'hectolitres) et de 28% en valeur (à 2,20 milliards d'euros). Surtout, "on a une bouteille sur quatre à l'export assurée par le marché de la Chine et de Hong-Kong. C'est un développement extraordinaire car on a multiplié par 100 les volumes en l'espace de 10 ans", se réjouit Jean-Philippe Code. Il renchérit : "Il faut remonter à la fin des années 90 pour retrouver une situation à volume supérieur." A ses yeux, le fait que les Chinois s?intéressent de plus en plus aux vins courants et pas seulement aux grands crus apparaît prometteur. Pour lui, c?est le signe d?une démocratisation du vin dans la région, et donc de ventes plus importantes dans les années à venir.

Le vin, un produit "100% spéculatif"

Pour Jean-Paul Azam, professeur d?économie à l?Ecole d?économie de Toulouse, c?est peut-être la conséquence d?"un phénomène d?apprentissage concernant les classes moyennes et populaires". Celles-ci se laisseraient notamment moins séduire par des flacons de piètre qualité. Comme le rappelle l'économiste, la France a aussi exporté de très mauvais vins ces dernières année, caractérisés par des ajouts de sucre ou des copeaux de chêne.

Toutefois, une interrogation demeure concernant l?éclatement de la bulle spéculative en Chine. Pour Jean-Philippe Code, ces craintes proviennent "à tort" d'une comparaison avec l'éclatement de celle du marché au Japon dans les années 1997-1998. Puisqu?à ses yeux, "il existe en Chine une profondeur du marché qui n'existait pas au Japon. Le marché progresse dans les grandes villes mais également dans des villes de second rang qui font tout de même plus d'un million d'habitants". A contrario, Jean-Paul Azam juge que l?éclatement de la bulle chinoise est "tout à fait possible", jugeant que le vin demeure un "produit 100% spéculatif, surtout les grands crus". Il rappelle notamment que "même un vin moyen est stocké au moins deux ou trois ans avant d?être consommé".

Baisse de 2% des ventes dans l?Hexagone
 
Quoi qu?il en soit, ces perspectives seront scrutées à la loupe par les vignerons bordelais. Car le marché français, lui s?affiche recul de 2%. Jean-Philippe Code y voit la conséquence d?une évolution culturelle avec les jeunes et les femmes - plus attirés par les vins rosés ou blancs - alors que le rouge représente 90% du vignoble bordelais.

Lire aussi : Pourquoi les Chinois sont de plus en plus nombreux à acheter des vignobles français
 

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Commentaire 1
à écrit le 19/12/2012 à 14:35
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Mes amis Chinois se régaleront du foie gras et du vin blanc que je leur apporterai au prochain réveillon du 31... Il y a tellement de points communs entre nos deux peuples - faire la fête, aimer la bonne chère, les jardins, les vieux monuments, et ic...

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