Ardennes (4/5) : Hermès renforce son pôle maroquinier à Tournes-Cliron

REPORTAGE - EPISODE 4 : Quel modèle pour le développement économique dans les Ardennes ? Le groupe Hermès confirme la construction d'un site de production qui sera opérationnel fin 2022, et emploiera 250 salariés dans l'agglomération de Charleville-Mézières.
Installé depuis 2002 à Bogny-sur Meuse, le maroquinier ouvrira en 2022 un second atelier de production dans les Ardennes.
Installé depuis 2002 à Bogny-sur Meuse, le maroquinier ouvrira en 2022 un second atelier de production dans les Ardennes. (Crédits : DR)

L'annonce a été accueillie comme une bénédiction par les élus, les édiles et les médias locaux : à la fin de l'année 2022, Hermès ouvrira un deuxième atelier de maroquinerie dans les Ardennes, dans le parc d'activité de Tournes-Cliron. "Hermès, c'est une bonne nouvelle pour le territoire et un signal fort pour l'industrie des Ardennes, qui d'habitude travaille en sous-traitance pour les autres et n'a que peu de produits propres", observe Jean-Louis Amat, directeur d'Ardennes Développement, l'agence départementale de développement économique.

Hermès n'arrive pas en terrain inconnu : depuis 2002, la maroquinerie est présente à Bogny-sur-Meuse où elle exploite un atelier de confection de sacs en cuir. Les salariés, que la maison qualifie d'"artisans", s'apprêtent à accueillir leurs nouveaux collègues et à les former. "La transmission de notre savoir-faire et de notre culture est un processus long. Nous avons fait le choix de limiter notre taille entre 250 et 260 salariés, pour que chaque site reste à taille humaine et familiale. Ce qui nous conduit, lorsque le site a grandi, à en créer un autre", explique Emmanuel Pommier, directeur du pôle artisanal maroquinerie et sellerie chez Hermès. Le nouveau site ardennais comptera, à terme, autant de salariés que le premier. "Cette unité à Tournes-Cliron sera la vingt-et-unième dans notre maison. Nous avons fait le choix de la créer à proximité du site existant à Bogny-sur-Meuse. Cela nous permet de capitaliser sur tous les savoir-faire et les talents accumulés. Ce serait beaucoup plus compliqué d'aller dans un territoire où on n'a personne", poursuit Emmanuel Pommier. "Nous développons exclusivement en France, d'abord à Paris puis dans les pôles régionaux : en Normandie, Franche-Comté, Auvergne, dans le Sud-Ouest, les Alpes, la région lyonnaise et désormais dans les Ardennes. La maroquinerie de Tournes sera notre vingt-et-unième site de production", précise-t-il.

Les recrutements ont commencé

Les recrutements ont déjà démarré. Hermès, qui embauche avec l'appui de Pole Emploi, a ouvert un atelier provisoire de formation dans la pépinière d'entreprises du Val-de-Vence, en périphérie de Charleville-Mézières. "Nous y accueillons 91 personnes dont 75 artisans en formation et 16 personnes venues de Bogny-sur-Meuse pour les encadrer. Nous sommes très autonomes dans la formation", explique Emmanuel Pommier.

Les embauches s'effectuent par groupes de 30. Chaque nouvel arrivant est accueilli par un formateur. Ensuite, il rejoindra l'atelier où il sera confié à un tuteur. Deux promotions sont prévues en 2021. Hermès prévoit aussi de recruter entre 20 et 30 cadres. Le site compte 70 % de main-d'œuvre féminine. "Sur les salaires, on fait mieux que la moyenne", se contente de préciser Emmanuel Pommier.

Le site de Tournes-Cliron, sur le territoire de l'agglomération Ardenne Métropole, sera livré au second semestre 2022 sur 5 700 mètres carrés bâtis. Sa conception a été confiée aux architectes français Coldefy et Associés. Les bâtiments feront la part belle à la lumière naturelle, avec une succession de façades vitrées. Le permis de construire est en cours d'instruction. L'investissement annoncé s'élève à 10 millions d'euros. Hermès se défend d'apparaître isolé dans l'écosystème ardennais, loin des autres industriels français du luxe, de leurs fournisseurs et de leurs instituts de formation. La maroquinerie n'a pas établi de partenariat avec l'université et les Tanneries Haas, fournisseur de cuir, sont implantées en Alsace, à quatre heures par la route. "Nous privilégions toujours les entreprises locales dans la construction. Et nous prévoyons un restaurant d'entreprise, ce qui va nous appeler à travailler avec une entreprise locale", annonce Emmanuel Pommier.

Hermès indique avoir ouvert neuf maroquineries depuis 2010, portant à plus de 3.400 ses effectifs de selliers-maroquiniers en France fin 2019, puis à 3.800 début 2021. L'entreprise a dû repousser l'ouverture de son unité à Guyenne (Gironde), envisagée en 2020, pour cause de crise sanitaire. Ses prochaines ouvertures sont prévues cette année à Montereau (Seine-et-Marne) puis à Louviers (Eure) en 2022.

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Commentaires 3
à écrit le 28/01/2021 à 17:10
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Le luxe nous montre la voie d'une nouvelle économie reposant sur la qualité du travail et sa reconnaissance, nous sommes leader mondial il serait temps d'abandonner le dumping social et le dumping fiscal afin d'être 100% en adéquation avec cette forc...

à écrit le 28/01/2021 à 15:01
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Les gestionnaires du commerce de luxe ont parfaitement compris que la meilleure manière de survivre et de pouvoir rapidement s'adapter, c'est d'avoir une concentration verticale et ainsi maîtriser le marché de la production jusqu'à la distribution.

à écrit le 28/01/2021 à 13:47
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Plein de boites se lancent en maroquinerie, ça embauche partout, sauf que les petites mains expérimentées sont rares et mal payées, il n'y a presque plus de formation, mis à part l'AFPA de Roanne. Et une bonne technicienne fait de la maroquinerie qu...

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