Salon de l'agriculture  : la FNSEA ne veut pas débattre avec les Soulèvements de la Terre, l'Elysée s'exécute

Mis sous pression par la FNSEA dont le président Arnaud Rousseau a refusé de débattre avec Emmanuel Macron si les Soulèvements de la Terre étaient invités, l'Elysée a finalement préféré ne pas convier à son grand débat le collectif dont le gouvernement voulait la dissolution il y a quelques mois. Sur RTL, ce vendredi, Véronique Le Floc'h, présidente de la Coordination rurale, a précisé qu'elle passerait son tour, mais que son syndicat serait représenté.
Le patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, n'a pas confirmé la présence de son syndicat au débat voulu par Emmanuel Macron.
Le patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, n'a pas confirmé la présence de son syndicat au débat voulu par Emmanuel Macron. (Crédits : POOL)

[Article publié le vendredi 23 février 2024 à 07h30 et mis à jour à 13h18] C'est avec bien peu d'enthousiasme que la FNSEA a accueilli l'idée de débattre avec Emmanuel Macron à l'occasion de sa visite, samedi, au Salon de l'Agriculture. Pour rappel, la présidence a annoncé jeudi la tenue d'un débat lors de cet événement, sur le modèle des grandes discussions organisées pendant la crise des « gilets jaunes ». Le premier syndicat agricole a toutefois mis en jeu sa participation, après avoir appris l'invitation du mouvement « Soulèvements de la Terre ».

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 « L'invitation par le PR [président de la République] au #SIA d'un groupuscule dont la dissolution a été demandée par son propre gouvernement est une provocation inacceptable pour les agriculteurs. J'avais accepté de participer à un débat. Dans ces conditions, je refuse de prendre part à ce qui ne sera qu'une mascarade », a posté sur X dans la soirée de jeudi Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA.

L'invitation du collectif, qualifié « d'éco-terroriste » par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, a également provoqué la colère du président des Jeunes Agriculteurs Arnaud Gaillot. « Il n'y a pas de débat possible avec ces gens violents », a-t-il posté sur X, refusant lui aussi de participer.

Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a même jugé ce vendredi « inopportune » la proposition d'Emmanuel Macron :

« Je considère que c'était une invitation qui était inopportune compte tenu du contexte », a-t-il réagi sur TF1. Les Soulèvements de la Terre constituent « un collectif dont le modèle d'expression est plutôt le cocktail Molotov », a-t-il jugé, « donc on ne discute pas avec ces gens là ».

Jeudi soir, l'Elysée a finalement fait savoir que le collectif n'était plus invité « pour garantir la sérénité des débats ». C'était sans compter sur un retournement de situation ce vendredi. En effet, l'Elysée a admis une « erreur » de communication concernant l'invitation du collectif écologiste :

« Les Soulèvements de la Terre n'ont été ni conviés, ni contactés. Il s'agit d'une erreur faite lors de l'entretien avec la presse en amont de l'événement », a indiqué sur X la présidence

Les tracteurs déjà en route pour le salon

Annoncé jeudi en fin d'après-midi, ce débat doit permettre « d'esquisser l'avenir » de la filière, a fait valoir la présidence.

« L'ensemble des acteurs pourront donner leur point de vue, faire des propositions, confronter des idées », a-t-elle promis.

Il doit durer au moins deux heures. Au total, quelques centaines de personnes, responsables syndicaux, industriels et dirigeants d'associations environnementales ou de la grande distribution sont attendues.

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Tous les syndicats s'y rendront-ils pour autant ? Invitée au micro de RTL, ce vendredi matin, Véronique Le Floc'h, présidente de la Coordination rurale, a précisé qu'elle ne participerait pas à l'échange, mais que son syndicat serait représenté. « Le débat, je l'ai déjà fait avec le président et son entourage ». Elle a précisé « ne rien attendre » de cet échange.

Ce débat intervient alors que, mercredi, le Premier ministre, Gabriel Attal, a fait un point d'étape sur les différentes mesures promises au début du mois aux agriculteurs. La prise de parole de l'exécutif est loin d'avoir convaincu les exploitants, qui ont repris les actions coup de poing, notamment en bloquant des routes et en procédant à des contrôles dans les supermarchés.

Deux défilés de tracteurs sont prévus à la veille du Salon de l'Agriculture, ce vendredi, à Paris. Le premier, organisé par la Coordination rurale, débouchera vers midi près des Invalides. Le second, emmené par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, se terminera devant le Salon de l'Agriculture en début de soirée, une veillée d'armes étant prévue avant l'ouverture des portes.

Gabriel Attal à la rencontre des agriculteurs à Royan

Gabriel Attal se rendra vendredi en Charente-Maritime. Il visitera le marché de Royan puis rencontrera notamment des représentants des agriculteurs. Le Premier ministre, accompagné par la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, ira d'abord en matinée sur le marché de Royan avant d'échanger hors presse avec des représentants des syndicats agricoles FNSEA et des JA (Jeunes Agriculteurs), majoritaires, ainsi que de la Coordination rurale, deuxième syndicat du secteur, a annoncé jeudi soir Matignon.

Après ses échanges avec les syndicats agricoles, le chef du gouvernement déjeunera, toujours à Royan, sans la presse, avec des habitants pour échanger avec eux sur leur quotidien. L'après-midi, il visitera une exploitation ostréicole à Fouras, non loin de Rochefort. La filière a été récemment touchée, en Gironde notamment, par des interdictions temporaires de vente après des intoxications massives autour de Noël.

Il se rendra ensuite dans un nouveau quartier de la commune de L'Houmeau près de la Rochelle, où il rencontrera des primo-accédants à la propriété, alors que le logement traverse une crise profonde. Gabriel Attal se dirigera enfin vers la commune de Cram-Chaban, proche de la Rochelle, où il échangera avec des élus des communes touchées par le séisme du 16 juin 2023, d'une magnitude de 5,3 à 5,8, qui avait frappé la Charente-Maritime et les Deux-Sèvres mais n'avait pas fait de victimes.

(Avec AFP)

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Commentaires 31
à écrit le 23/02/2024 à 22:11
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Vous donnez à macron une importance qu'il n'a jamais eu. C'est l'UE qui décide, par son larbin quinquennal parachuté. La seule bonne nouvelle, c'est qu'on aura, pour une fois, économiser un peu d'argent public en moulins à vents...

à écrit le 23/02/2024 à 21:25
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"Pas de débat possible avec ces gens violents" => c'est l’hôpital qui se fout de la charité là... Il y a pas 15 jours à Rungis ça balançait des molotovs sur des CRS depuis des tracteurs

à écrit le 23/02/2024 à 20:53
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Effectivement, sous M. MACRON, un débat avec 2 interlocuteurs, c'est un de trop. Surtout si celui-ci n'est pas d'accord avec lui

à écrit le 23/02/2024 à 17:19
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Macron l'a déjà fait pour les gilets jaunes, il est l'homme du monologue.

à écrit le 23/02/2024 à 15:25
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Les mêmes qui voulaient bloquer Rungis pour rationner Paris vont parader bientôt Porte de Versailles au salon de l’Agriculture : on est vraiment dans la France des enfants gâtés, où on a que des droits et zéro devoirs. C'est pas grave : tout ça coûte...

à écrit le 23/02/2024 à 14:45
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Tiens, toute cette gabegie me rappelle des passages de l'essai de John Maynard Keynes écrit en 1925 (Suis-je un libéral?): "La guerre des classes me trouvera du côté de la bourgeoisie éclairée (...)" Pour ensuite décrire les syndicalistes comme des "...

à écrit le 23/02/2024 à 14:23
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Les subventions versées par la France pour la PAC représentent 330€ par habitant et par an. Et pour chaque agriculteur, 55000 € d'aide par an en moyenne. Connaissez vous beaucoup d'artisans qui ont une aide de 55000 euros chaque année? Et malgré c...

à écrit le 23/02/2024 à 14:12
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Il faut interdire la FNSEA, la FDSEA et la Coordination rurale dont les adhérents polluent les sols, épuisent les nappes phréatiques, maltraitent les animaux et nous empoisonnent avec leurs produits pourris !

le 23/02/2024 à 15:28
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Allo Allo, ici Radio Moyen-Age qui qui vous informe avec beaucoup d'objectivité...

à écrit le 23/02/2024 à 12:18
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Il a peur d'entendre quelques vérités le bon syndicat fnsea ?

à écrit le 23/02/2024 à 11:52
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qu'elle mouche a piquer macron pour faire une bourde si enorme il y a quelques temps on envoyait les crs et maitenant on les reçoit a l'elysee jupiter aurait il des problemes de memoire ou veut il encore une fois faire de la provoc là c'est compl...

à écrit le 23/02/2024 à 11:26
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Malheureusement, l’arrêt du Conseil d’État du 9 novembre 2023 légitime l'action violente des SLT et il y a une totale incompréhension à légitimer une seconde fois ce mouvement. J'ignore qui a pris cette initiative de l'inviter mais c'était lui faire ...

à écrit le 23/02/2024 à 11:14
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le Salon de l'Agriculteur est-il un lieu de débat? Evidemment, non! C'est un lieu d'exposition de nos excellences, une vitrine d'un secteur clef de l'économie française; s'il est fréquenté par les pontes politiques, c'est qu'ils reconnaissent son imp...

à écrit le 23/02/2024 à 10:55
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Le malheur dans cette affaire vient du fait que les dirigeants de la fnsea ne travaillent que pour eux mêmes et au détriment de la majorité de leurs adhérents et les agriculteurs devraient adresser leur colère en premier lieu à leurs syndicats .

à écrit le 23/02/2024 à 10:44
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🐮 🚜 Le schéma se répète encore et encore : manifestations sur des motifs sérieux😡, les syndicats montent au créneau 😄 et tapent du poing sur la table 😆, les syndicats négocient du concret avec les ministres😂, les ministres font des annonces qui vont ...

le 23/02/2024 à 11:47
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Ce que j'observe localement c'est que certains agriculteurs prennent du recul face aux injonctions des syndicats , qu'ils s'émancipent de toutes ces instances et finissent par trouver un modèle d'exploitation qui leur permet de vivre décemment .

à écrit le 23/02/2024 à 10:22
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Il a raison : il faut bien leur faire sentir qu'ils ne sont pas du même monde. On est en France : snober est le sport national. C'est d'ailleurs peut-être pour ça que les immigrés deviennent trop souvent furax et radicalisés.

à écrit le 23/02/2024 à 9:12
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Bonjour, les militants du soulèvements de la terre , des écologiques anarchistes paysans, dans individus totalement hors sols, complètement dépassé par la réalité économique de notre monde... L'agriculture a pour rôle de nourrir la population et ...

le 23/02/2024 à 11:22
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Qualifier le mouvement des "soulèvements de la terre" comme "d'anarchiste" me parait exagéré de votre part. Lors des manifestations contre l'autoroute A69 (Toulouse/Castres) qui contribuera à faire PERDRE plus de 400 hectares de terres agricoles avec...

à écrit le 23/02/2024 à 8:58
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La fnsea n a aucune légitimité que celle de représenter l agro business qui nous a mis dans cette situation infernale : c est à sa demande que l on a constitué les «  marchés » qu on a imposé des règles aux autres producteurs et l agriculture tourn...

le 23/02/2024 à 11:05
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Une petite agriculture subventionnée par le contribuable pour lui permette d’avoir des prix abordables et accessibles à une majorité des gens n’est pas la solution non plus. Il y a un seuil de taille en dessous duquel l’entreprise n’est pas viable et...

le 23/02/2024 à 11:50
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ozarlme , la taille n'est pas déterminante , la qualité et le mode de distribution sont déterminants ; label et vente directe par exemple plutôt qu'un produit quelconque cédé à une coopérative ou un expéditeur .

à écrit le 23/02/2024 à 8:50
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@cd: Pourquoi se limiter à la suppression du ministère de l'Agriculture? Supprimons la totalité du Ministère: aussi bien, Notre Président aussi aimé que celui de Corée du Nord touche-à-tout et dont les succès émerveillent la planète entière sait tout...

le 23/02/2024 à 10:26
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@henry : toujours tout ramener à la politicaillerie, c'est tellement plus facile.

le 23/02/2024 à 13:13
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@ Henry - Vous en avez encore beaucoup des idées aussi lumineuses qui éblouissant le débat?

à écrit le 23/02/2024 à 8:36
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Les Soulevements de la Terre font beaucoup moins de dégâts que la FNSEA. Les voyous sont du côté des financiers. Heureusement qu'il y a d'autres voix que la FNSEA !

à écrit le 23/02/2024 à 8:29
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L'archi millionnaire de la FNSEA fait plus de mal au vrai monde paysan que les grandes surfaces !!!!

à écrit le 23/02/2024 à 8:05
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Tu m'étonnes elle ne veut pas avouer ses terribles responsabilités dans la misère que connaissent les petits agriculteurs ! La FNSEA ne débat qu’avec des gens compromis eux-aussi avec le lobby agro-industriel. Puis bon les gars, vous prenez un milita...

à écrit le 23/02/2024 à 7:58
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ca a au moins le merite d etre clair : celui qui decide c est pas le ministre de l agriculture, ni meme macron mais le chef de la FNSEA. Pourquoi ne pas aller jusqu au bout de la logique: supprimer le ministere de l agirculture et donner ses attribut...

le 23/02/2024 à 8:42
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C’est une bonne idée car quand on a peine à mesurer les services que rend un Ministère au secteur qu’il est chargé de piloter, il est temps de sortir la tronçonneuse. Bien sûr, reste tout de même à réguler les pratiques. Mais chacun constatera que le...

le 23/02/2024 à 8:42
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C’est une bonne idée car quand on a peine à mesurer les services que rend un Ministère au secteur qu’il est chargé de piloter, il est temps de sortir la tronçonneuse. Bien sûr, reste tout de même à réguler les pratiques. Mais chacun constatera que le...

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