Face à l'offensive coréenne et allemande, l'auto japonaise séduit moins les Européens

Toyota, Honda ou autres Mazda ont perdu du terrain en Europe. La part de marché des marques japonaises a chuté à 11,5% sur le Vieux continent (sur huit mois 2012)... contre 13,2% en 2005.
Copyright Reuters

Pris en sandwich entre l'offensive coréenne et la reconquête allemande, les constructeurs automobiles japonais ont du mal en Europe. Oublié le rouleau compresseur nippon, qui, dans les années 90, terrorisait l'industrie européenne. Sur les neuf premiers mois de l'année (1er janvier au 19 septembre), Toyota affiche des immatriculations de voitures neuves en recul dans l'Hexagone (-3,3%), tout comme Honda (-3%) ou, pis encore, Suzuki (-18,5%), Mazda (-25%), Mitsubishi (-27%). Seul Nissan, qui revient de loin, progresse un peu (+3,6%) grâce aux synergies avec son actionnaire Renault. Rien à voir avec le bond en avant du coréen Hyundai-Kia (+29%).

Affaiblissement relatif en France

Prises ensemble, les marques nippones s'arrogent à peine 8,8% du marché français actuellement. A part Nissan, tous les constructeurs japonais ont vu en fait leurs parts de marché en France régresser... par rapport au milieu des années 2000. Au-delà de la conjoncture, il y a donc bien une évolution négative structurelle! C'est d'autant plus flagrant que Hyundai-Kia a connu pour sa part une progression d'un tiers de sa part de marché entre 1995 et 2012 à plus de 3% aujourd'hui. Le groupe Volkswagen a également fortement progressé en pénétration dans le même temps dans  l'Hexagone (+3 points à près de 14%). BMW a aussi gagné près d'un point à 3,4% sur la période.

Pénétration en baisse

Même évolution dans l'Union européenne. Nissan a certes progressé en pénétration parmi les japonais. Mais c'est bien un phénomène isolé. Les firmes nippones prises ensemble (y compris Nissan) ont vu leurs parts de marché s'amenuiser à 11,5% sur le Vieux continent (sur huit mois 2012)... contre 13,2% en 2005! Dans le même temps, Hyundai-Kia a grimpé à 6% (contre 3,7% en 2005). Le groupe Volkswagen s'est propulsé à 24,8% (contre 18,9%), BMW à 6% (contre 5,3%). Les japonais n'ont en fait pas su exploiter la dégringolade de l'américain GM ainsi que le recul marqué de Renault et PSA, dont ont tiré largement profit Hyundai-Kia et Volkswagen.

Des voitures moins séduisantes

Pourquoi les voitures japonaises sont-elles moins séduisantes aujourd'hui que dans les années 2000? Tout d'abord, après avoir pendant des décennies profité d'un yen faible qui a largement facilité leurs exportations, les marques nippones ont vu leurs véhicules se renchérir avec la montée de la devise japonaise. Le petit monospace Verso S ou le 4x4 de poche Urban Cruiser "made in Japan" chez Toyota sont ainsi très chers par rapport à la concurrence. Certes, une bonne partie des produits des marques nippones sont assemblés en Europe. Mais les taux de change affectent dans ce cas-là les composants provenant de l'archipel. En deuxième lieu, et pour cause de rentabilité insuffisante, certains japonais comme Honda se concentrent davantage sur les Etats-Unis ou l'Asie et négligent quelque peu le Vieux continent. Logique, dans ces conditions, qu'ils régressent en Europe.

Les européens ont progressé en fiabilité

Ensuite, et même s'ils jouissent toujours d'une réputation avérée en matière de fiabilité, les constructeurs japonais ne dominent plus outrageusement leurs rivaux européens ou coréens sur ce plan. L'écart s'est réduit grâce aux  progrès de ces derniers. En outre, les japonais, naguère très forts dans certains créneaux comme les 4x4 moyens ou gros, ont aussi pâti du détournement progressif des clients européenns de ces véhicules. Et Volkswagen, BMW, mais aussi les autres européens ont commencé à sortir des petits 4x4 concurrents. Enfin, la course à la réduction des émissions de CO2 a pénalisé les japonais. Certes, Toyota est le pionnier de l'hybride tout comme Honda (dans une bien moindre mesure) et Nissan profite des diesels Renault. Mais, les petits moteurs à gazole à très faible consommation et donc émissions de gaz à effets de serre ne sont pas la priorité des nippons, puisque ces mécaniques ne sont prisées qu'en... Europe et quasiment nulle part ailleurs! Le Japon, la Chine, les Etats-Unis, débouchés principaux des japonais, y sont même complètement réfractaires. Dernier point: les japonais se cherchent et ont du mal à offrir un design de leurs  véhicules qui sorte d'une banalité passe-partout, à laquelle les clients européens sont souvent réfractaires. Même chose à l'intérieur où les plastiques nippons font bien bas de gamme à côté de ce qu'offrent Volkswagen et même aujourd'hui Renault ou Citroën!

 Toyota et Honda encore forts

Ceci dit, le danger nippon persiste en Europe. Les ressources technologiques et financières d'un Toyota ou d'un Honda demeurent fortes. Nissan, lui, a choisi une stratégie de véhicules de niche (Juke, Qashqai) ciblés, avec, pour l'essentiel, des mécaniques conçues par son actionnaire français, parfaitement adaptées donc au marché du Vieux continent. En revanche, les constructeurs nippons plus petits ont du souci à se faire. Tel Mazda, qui, malgré une gamme intéressante, n'arrête pas de régresser, car il ne dispose d'aucune usine en Europe. Une extension de ses premiers accords avec Fiat pourrait être une amorce de solution, avec l'utilisation de l'outil industriel de l'italien. A condition que la qualité suive. Mitsubishi a le même problème industriel. En outre, faute de moyens, il reste trop concentrés sur les 4x4. Enfin, Suzuki, spécialiste traditionnel des mini-véhicules pas chers, se voit concurrencé directement par les modèles coréens d'entrée de gamme de Hyundai-Kia ou de Chevrolet, voire les modèles à bas coûts de Dacia ou les Peugeot 107-Citroën C1 fabriquées en République tchèque. Eh oui, il y a des cycles dans l'automobile. Et les triomphateurs d'hier ne sont pas forcément ceux de demain.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 24
à écrit le 23/09/2012 à 10:01
Signaler
Avec les nouvelles normes européennes a venir les petits moteurs diesels semblent moins compétitifs (surcout à l'achat trop important), le retour de l?essence sur les petits véhicules pourraient favoriser les japonaises. Les européennes sont out s...

le 23/09/2012 à 13:51
Signaler
Ahbon, avec les 3 cylindres et les petits 1l qui sont sortis chez PSA, Ford, Renault ou bi-cylindres Fiat les Européens ne semblent pas si en retard ...

le 06/03/2015 à 23:31
Signaler
Roulant en lexus hybride et BMW essence Je trouve que niveau moteur essence BMW et très bien placé

à écrit le 23/09/2012 à 0:24
Signaler
C'est totalement faux cher ami journaliste. Toyota a une longueur d'avance sur tout le monde. Ils ne sont pas là pour faire de la finance mais sur le long terme. Rien ne sers d'acheter leurs actions. L'avenir appartient à la marque qui vise l'acheteu...

à écrit le 22/09/2012 à 22:04
Signaler
L'article oublie de préciser que les automobiles japonaises subissent une taxe de 10% à l'importation en Europe. A l'inverse, les véhicules européens exportés au Japon subissent une taxe de... 0%.

le 23/09/2012 à 14:03
Signaler
Mais les Japonais changent leur normes techniques tous les 4 matins ... d'ailleurs bizarrement contrairement a tous les autres marchés le marché Japonais est encore à 90% Japonais , ni GM, ni les européens (hors luxe) ne sont représentés ... Il n'y a...

à écrit le 22/09/2012 à 13:54
Signaler
Il y a encore du monde a vouloir du "made in Japan" après Fukushima?

le 22/09/2012 à 17:32
Signaler
il y a quelques années ont rêvait tous d'avoir des voitures nucléaires ... Fukushima l'a fait !!

à écrit le 22/09/2012 à 12:27
Signaler
Les produits japonais sont techniquement bons (fiabilité excellente, hybridation chez toyota, dégagement du volume de coffre dans les Honda Jazz et Civic). Mais ce sont des produits fades. Ni leur lignes ni leur conduite ne procurent quelque chose d'...

le 22/09/2012 à 13:28
Signaler
essayez Lexus ou Infiniti !!! avec en plus le plaisir de rouler dans des voitures rares sur nos routes

le 22/09/2012 à 18:02
Signaler
Une voiture s'est fait pour se déplacer ou pour s'exciter.. ou se la peter

à écrit le 22/09/2012 à 12:23
Signaler
PSA fait le moteur et d'autres équipements de la Mini de BMW, la réussite de l'allemand qui ne fait du diesel français que depuis 2006 s'explique.

à écrit le 22/09/2012 à 12:20
Signaler
Tous les japonais ont passé des accords ou disposent de participations fiancières importantes à leur capital sauf Honda et Toyota. Ces accords demandent en contrepartie que ces marques se fasse discrètes sur la zone européenne. Elles sont utilisées p...

à écrit le 22/09/2012 à 11:46
Signaler
Ces % de hausse sur des petits volumes ne sont pas significatifs comme le font remarquer les lecteurs . En ce qui concerne les progressions de BMW il serait interessant de connaitre la part des MINI ( groupe bm) dans les hausses . Pour le reste c'est...

à écrit le 22/09/2012 à 9:26
Signaler
Chez Honda d'aujourd'hui ,je n'aime pas du tout ! le réseau de distribution et les gouts des gens du marketing ? France ou Europe ? qui ' analysent ' des marchés 'ciblés'... la Civic est une voiture de 'Nervi' ,il n'y a plus de modèle break ou cou...

à écrit le 22/09/2012 à 9:22
Signaler
On nous parle souvent de Hyundai-Kia qui progresse (+29%) en % oui ça fait bien mais en nombre ce n'est déjà plus la même chose. De plus des baisses de -3/4% sur un marché global qui baisse de + de 15% ce n'est pas vraiment une catastrophe. Enfin arr...

à écrit le 22/09/2012 à 9:22
Signaler
On nous parle souvent de Hyundai-Kia qui progresse (+29%) en % oui ça fait bien mais en nombre ce n'est déjà plus la même chose. De plus des baisses de -3/4% sur un marché global qui baisse de + de 15% ce n'est pas vraiment une catastrophe. Enfin arr...

à écrit le 22/09/2012 à 9:22
Signaler
On nous parle souvent de Hyundai-Kia qui progresse (+29%) en % oui ça fait bien mais en nombre ce n'est déjà plus la même chose. De plus des baisses de -3/4% sur un marché global qui baisse de + de 15% ce n'est pas vraiment une catastrophe. Enfin arr...

à écrit le 21/09/2012 à 22:50
Signaler
Bonne analyse globale dans cet article mais si les japonais ont reculé entre 2005 et 2012, c'est surtout pour des raisons d'esthétique : 2 exemples chez Toyota, la Yaris et le RAV4. Les premières versions (sorties respectivement entre 1999 pour la pr...

le 22/09/2012 à 8:01
Signaler
Ouvre les yeux et regarde les multiples rappels effectués par Toyota, les françaises et les européennes en général sont au niveau !

le 22/09/2012 à 9:38
Signaler
A mon avis l'avenir pour le Japon, c'est comme lors de la fin du fordisme' la mise sur pied d'un concept nouveau d'indusutrie automobole, à la fois technologique et organisationnelle encore davantage mondialisée: les Coréens ne font encore que remont...

le 22/09/2012 à 17:31
Signaler
Depuis que les japonais (Honda, Toyota) sont eux aussi passés au diesel en Europe .. leur fiabilité est tombée , car la difficulté de dépolluer le diesel implique une perte de fiabilité (vannes EGR, turbos, FAP, ..etc moins fiables qu'un bon vieil A...

à écrit le 21/09/2012 à 20:58
Signaler
Les Coréens ont une monnaie sous-évaluée, les Allemands aussi (puisqu'ils ont la monnaie de l'Italie et de la France alors qu'ils devraient en avoir une bien plus forte). Mais les Japonais ont une monnaie surévaluée (malgré leurs usines britanniques ...

le 21/09/2012 à 21:22
Signaler
Yepp exactement !!!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.