Automobile : vers un mouvement de concentration dans les startups ?

Le nombre de créations de startups se tasse après une forte augmentation ces dernières années. Les fonds levés sont concentrés dans 10% des entreprises.
Laszlo Perelstein
Les seuls Uber, Didi, son rival chinois, le concurrent américain Lyft, le constructeur de voitures électriques Tesla et l'Uber indien Ola captent en effet 59% du total des investissements.

Depuis l'an 2000, les startups de l'industrie automobile sont montées en puissance. En seize ans, ce sont plus de 1.000 jeunes pousses mettant un accent significatif sur ce secteur qui ont vu le jour, au rythme effréné d'une création en moyenne par semaine. Mais après avoir connu une accélération à partir de 2004, le nombre de créations paraît désormais stagner, atteignant ce qui semble être un plateau, selon une étude réalisée par le cabinet de conseil Oliver Wyman.

"Il est un peu tôt pour en être certains mais peut-être que la vague est passée, que le pic est derrière nous", a commenté lors d'une présentation de l'étude à la presse Marc Boilard, partenaire au sein du cabinet de conseil Oliver Wyman chargé de l'automobile et des pratiques de fabrication.

Nombre de startups créées par année et par secteur depuis 2000. Sources: Capital IQ, Crunchbase, QUID, Oliver Wyman analysis.

Des fonds monopolisés par 5 entreprises

Pour autant, si le nombre de startups croit désormais à un rythme moins soutenu, leur financement a en revanche connu une "croissance exceptionnelle depuis cinq ans", selon l'étude. De 1,2 milliard de dollars investis en 2011, le montant total est monté à 8,3 milliards de dollars en 2014 avant d'atteindre 15,9 milliards en 2015. Mieux encore, le seul premier trimestre 2016 a vu plus de fonds levés que l'ensemble de l'année passée, avec 16,3 milliards de dollars, soit près d'un tiers du montant total levé depuis 2011. Pour Marc Boilard, on observe dans ce secteur une consolidation avec moins de créations de petites entreprises, ce qui devrait entraîner "l'émergence de champions".

Une analyse du nombre de tours de financement permet de confirmer ce sentiment. En forte croissance entre 2011 et 2015 (104 contre 344), ces deniers se sont nettement réduits : sur les six premiers mois de l'année, seuls 134 ont été réalisés soit 268 en rythme annuel, ce qui est légèrement plus qu'en 2013.

La topologie de ces financements indique également une montée en puissance avec 65% des montants levés supérieurs à 1 million de dollars et 28% supérieurs à 10 millions de dollars.

Sources: Capital IQ, Crunchbase, QUID, Oliver Wyman analysis.

Une analyse au cas par cas souligne davantage l'impression de "champions émergents": 90% des startups ont récolté moins de 100 millions de dollars et les 10% de jeunes pousses les mieux dotées ont capté entre 2011 et le premier semestre 2016 pas moins de 89% des investissements, soit 42,5 milliards de dollars. À eux cinq, les seuls Uber (14,1 milliards de dollars investis), Didi, son rival chinois (9,81 milliards), le concurrent américain Lyft (1,86 milliard), le constructeur de voitures électriques Tesla (1,47 milliard) et l'Uber indien Ola (1,77 milliard) captent ainsi 59% du total des investissements.

Avec le récent retrait d'Uber en Chine et la recherche d'acheteurs de Lyft, pour lequel General Motors aurait proposé en vain 6 milliards de dollars, on pourrait observer prochainement un rapprochement dans les startups automobiles, notamment chez les spécialistes de la mobilité. Mais en attendant l'annonce de grands mouvements, l'heure est à la prudence chez les analystes.

Lire aussi : Mobilité : l'automobile a encore de beaux jours devant elle !

Laszlo Perelstein

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