Décès de Marchionne, chute des profits... La semaine chaotique de Fiat

Sergio Marchionne, patron emblématique de Fiat Chrysler, est subitement décédé. Au même moment, le nouveau patron, Mike Manley a dû présenter des résultats semestriels très mauvais... Le titre a plongé de plus de 15% à la Bourse de Milan.
Nabil Bourassi
Sergio Marchionne a brutalement disparu à l'âge de 66 ans, laissant derrière lui, un groupe qu'il a sauvé du naufrage, mais qui vient d'afficher un résultat semestriel très décevant.
Sergio Marchionne a brutalement disparu à l'âge de 66 ans, laissant derrière lui, un groupe qu'il a sauvé du naufrage, mais qui vient d'afficher un résultat semestriel très décevant. (Crédits : Reuters Photographer)

C'est une semaine dramatique pour Fiat Chrysler (FCA)... Au remplacement au pied levé de Sergio Marchionne, patron du groupe depuis 14 ans, à l'annonce de sa brutale disparition, il faut ajouter la publication de très mauvais résultats semestriels... Cette mauvaise loi des séries a provoqué une importante chute du titre en bourse:

Le décès de "l'ami"

L'annonce de la disparition du patron, appelé "l'ami" par John Elkann héritier de la famille Agnelli, a provoqué un énorme émoi en Italie. La chambre des députés a observé une minute de silence, avant d'applaudir la mémoire de celui qui aura marqué l'histoire du capitalisme italien moderne. Le président de la République italienne a également rendu hommage à cet italien éduqué au Canada... Sergio Mattarella a évoqué "ses qualités humaines, intellectuelles et professionnelles", avant de rappeler que:

"Marchionne a écrit une page importante de l'histoire de l'industrie italienne (...) en montrant au monde la capacité et la créativité de la réalité manufacturière de notre pays".

 De son côté, Silvio Berlusconi a relevé que:

"L'Italie perd non seulement son plus brillant manager mais aussi une figure symbolique. Il a représenté ce que l'Italie a de meilleur: celle qui travaille, concrète, sérieuse et préparée, dotée d'une vision et capable de regarder vers l'avenir. Une Italie qui n'a pas peur de la compétition".

Dans le monde automobile, les concurrents y sont également allés de leur hommage comme Carlos Tavares, patron de PSA, qui a salué "la mémoire d'un grand capitaine d'industrie qui demeurera un exemple pour nous tous".

Le titre chahuté en Bourse

L'homme de 66 ans aurait succombé à des complications post-opératoires. Face à la dégradation de l'état de santé de Sergio Marchionne, la décision avait été prise d'annoncer son remplacement dès dimanche 22 juillet. Le lendemain, l'action FCA a dévissé (jusqu'à 4% en séance, avant de finir sur un léger recul de 1,44%). La démission, au lendemain de ce remaniement, d'Alfredo Altavilla, influent patron Europe du groupe et un temps considéré comme le dauphin n'a pas aidé à rassurer les marchés.

Lire aussi : Fiat: quel bilan pour le puissant Sergio Marchionne ?

C'est dans ce contexte que les marchés ont pris connaissance des résultats semestriels publiés quelques heures à peine après l'annonce de la mort de Marchionne. L'atmosphère est étrange puisque jusqu'ici, les investisseurs s'accordaient à reconnaître que le bilan financier de l'homme aux pull-overs noirs était remarquable... Sauf que le semestre qui vient de s'écouler a été particulièrement mauvais, au point d'afficher un résultat net quasiment deux fois moins élevé que celui attendu par le consensus... Celui-ci ressort ainsi à 754 millions d'euros (-35%) contre 1,3 milliard fixé par le consensus. Pour ne rien arranger, le groupe a également revu à la baisse ses objectifs sur l'ensemble de l'année. L'objectif de chiffre d'affaires est passé de 125 à 118 milliards, alors même qu'il a augmenté de 4% sur le semestre. L'objectif d'Ebit ajusté a également été revu à la baisse d'environ un milliard d'euros à 7,5 milliards. Face à cette débâcle, le titre a plongé de plus de 15% en Bourse.

Défi immense pour Mike Manley

Pour le successeur de Sergio Marchionne, le défi est immense. Il devra poursuivre les efforts de rationalisation de l'entreprise, tout en engageant des actions pour relancer les ventes, notamment celles des marques qui ont été, dit-on, délaissées par son prédécesseur, comme Fiat ou Chrysler. Tout cela, dans un contexte des plus incertains... Car, alors que Jean-Claude Juncker est à Washington pour tenter de sauver les échanges transatlantiques, FCA pourrait être le constructeur le plus exposé à une nouvelle surenchère protectionniste de Donald Trump. Il faudra également gérer la situation sociale dans les usines italiennes, ou la volatilité des marchés sud-américains...

Les analystes semblent de plus en plus convaincus que l'avenir de FCA passera par un adossement à un autre groupe industriel, ou à son démantèlement. Parmi toutes les options passées en revue ces dernières années, il y a bien sûr la revente de Jeep (70% des bénéfices du groupe), ou la constitution d'un pôle luxe autour des marques Alfa Romeo-Maserati. La cession de Magneti-Marelli pourrait enfin être finalisée avant la fin de l'année.

Mais les marchés n'avaient d'yeux que pour Marchionne pour faire le job: "FCA est une entreprise faible, et maintenant avec le départ de Marchionne, elle l'est devenue encore plus", a ainsi déclaré Ferdinand Dudenhoeffer, expert automobile allemand cité par l'AFP.

Nabil Bourassi

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Commentaire 1
à écrit le 26/07/2018 à 19:33
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L'inconnu de l'après Marchionne y est pour beaucoup dans la baisse du titre.La chute des profits par contre ne regarde pas que FCA.GM et Ford ne sont pas mieux lotis.Ford pense même se concentrer sur le marché domestique,vu qu'en Asie,Europe,Amérique...

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