Le gouvernement a franchi un nouveau palier dans ses ambitions à destination de l'industrie automobile française. Trois ans après le rapport Mosquet-Pélata, dont l'objectif était d'atteindre le million de voitures électrifiées en 2022 sur la route, cette fois, Emmanuel Macron veut faire basculer la production française avec deux millions de voitures électrifiées produites en 2030.
La filière sous "fortes tensions"
Pour soutenir la filière, le Président de la République a promis une enveloppe de 4 milliards d'euros. Mais ce budget comprend aussi le soutien à "l'avion bas carbone". Aucune précision n'a été donnée sur la ventilation de cette enveloppe conséquente. Pour la filière automobile, l'annonce d'Emmanuel Macron dans le cadre du plan "France 2030" est une bonne nouvelle puisqu'elle conforte le soutien de l'Etat dans la filière automobile, à un moment critique pour elle. La transition écologique à marche forcée et la crise économique (crise du Covid, pénurie de matières premières) expose toute la filière à des situations difficiles, notamment pour les plus faibles d'entre eux, particulièrement les fournisseurs. Marc Mortureux, directeur général de la Plateforme Automobile qui regroupe les différents acteurs de la filière, a ainsi rappelé que le secteur automobile français était en proie à "de fortes tensions".
Selon lui, les annonces du gouvernement sont conformes aux discussions engagées avec l'Elysée depuis cet été. "Nous nous félicitons de cette approche qui est en ligne avec le travail engagé depuis juillet avec le Président de la République. L'ensemble de la filière partage cette ambition", a-t-il indiqué à des journalistes.
La baisse des impôts, pas suffisante
Néanmoins, il a pointé d'importants déficits de compétitivité au sein de la filière automobile française, par rapport à d'autres marchés internationaux, mais également européens. "La baisse des impôts de production a été une première étape mais elle ne suffit pas à changer la donne", a-t-il fait valoir. Il a attiré l'attention sur la nécessité de concentrer les efforts d'investissements sur la formation des salariés et le soutien aux petites ETI.
En outre, sur l'objectif de deux millions de voitures électrifiées, Marc Mortureux a rappelé qu'il faudrait prendre en compte des considérations industrielles et de marché (ventes de voitures électriques, réseau de bornes de recharge...).
En réalité, l'objectif du Président de la République est assez peu ambitieux. L'industrie automobile française est déjà largement engagée dans l'électrification de sa production, et plus encore sur les voitures 100% électriques. Renault vise ainsi 90% de ses immatriculations en 2030 sur des voitures exclusivement électriques. Côté Stellantis, les proportions sont également très élevées puisque la marque DS sera entièrement électrique avant cet horizon, tandis que les autres marques du groupe proposeront des catalogues largement électrifiées.
Euro 7 va accélérer les choses
De plus, les deux constructeurs sont en train de redéployer leurs capacités industrielles dans cette optique. Renault est en train de bâtir Electricity dans le Nord de la France, tandis que Stellantis multiplie les projets de gigafactory de batteries électriques. La norme Euro 7, encore en discussion et qui va s'imposer en 2025, va probablement accélérer le mouvement. Enfin, si les recommandations de Bruxelles annoncées en juillet dernier sont inscrites dans le marbre, le marché européen ne pourra produire le moindre moteur thermique en 2035, c'est-à-dire voitures hybrides comprises.
Le principal enseignement de l'annonce d'Emmanuel Macron est donc ce soutien que l'Etat est prêt à offrir aux industriels pour faire en sorte que ceux-ci soient prêts en 2030. En juillet dernier, Luc Chatel avait chiffré les besoins de la filière pour assurer sa transition écologique à 17 milliards d'euros...
Sujets les + commentés