Grèves automobiles aux Etats-Unis : les grévistes partent « à l'offensive » pour faire plier les constructeurs

Enervé par la lenteur des négociations salariales avec les trois plus gros groupes automobiles, le syndicat United Auto Workers (UAW) a annoncé, vendredi, entrer dans « une nouvelle phase » de la grève. L'objectif de ces nouvelles règles étant de faire plier rapidement les constructeurs.
« A partir de maintenant, nous mobiliserons les usines quand nous en avons besoin, où nous en avons besoin et avec un préavis très court », a annoncé le syndicat UAW.
« A partir de maintenant, nous mobiliserons les usines quand nous en avons besoin, où nous en avons besoin et avec un préavis très court », a annoncé le syndicat UAW. (Crédits : Reuters)

« C'en est terminé de jouer en défense, nous partons à l'offensive. » Voilà une annonce choc de Shawn Fain, le leader du syndicat United Auto Workers (UAW), faite vendredi, lors de son point hebdomadaire sur les négociations portant sur les prochaines conventions collectives avec les trois grands constructeurs américains appelés « les Big Three » : Ford, General Motors et Stellantis.« Aujourd'hui, je n'annonce pas d'arrêt de travail supplémentaire. A la place, j'annonce une nouvelle phase dans la grève », a-t-il ajouté.

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Depuis le lancement de la grève, le 15 septembre, le syndicat annonçait chaque vendredi l'extension ou non des arrêts de travail en fonction des avancées des négociations. Mais « les groupes commençaient à attendre le vendredi pour faire des progrès importants dans les négociations », accuse Shawn Fain.

En réponse, « à partir de maintenant, nous mobiliserons les usines quand nous en avons besoin, où nous en avons besoin et avec un préavis très court », a lancé Shawn Fain, accusant les trois groupes de « faire traîner les choses ».

« Ils pensaient avoir décrypté les règles du jeu. Donc nous changeons les règles », a-t-il ajouté.

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34.000 grévistes et des dizaines de sites impactés

Pour rappel, dans l'objectif d'obtenir des hausses de salaires face à l'inflation qui a grignoté le pouvoir d'achat de nombreux Américains, près de 34.000 employés des trois constructeurs sont mobilisés, sur leurs 146.000 salariés encartés à l'UAW. Six usines d'assemblage et 38 sites de distribution sont concernés, dans 22 Etats, selon le syndicat.

Le syndicat a créé la surprise cette semaine en appelant à la grève dès mercredi ses 8.700 membres dans la Kentucky Truck Plant (KTP), la plus grande usine de Ford qui génère 25 milliards de dollars de chiffre d'affaires par an.

Shawn Fain a assuré à ses adhérents que le syndicat se trouvait « dans une position très très solide » et qu'il avait déjà obtenu des hausses salariales supérieures au cumul de celles octroyées depuis quinze ans.

Des avancées chez Stellantis

Si le torchon brûle entre les groupes automobiles et les grévistes, certains sont plus avancés que d'autres dans les négociations.

Ainsi, Stellantis (Chrysler, Jeep, Dodge, etc) a affirmé dans un communiqué qu'il s'employait avec l'UAW à « combler les écarts sur des sujets qui apporteront des gains financiers immédiats et une sécurité de l'emploi tout en fournissant un pont pour l'avenir du groupe ».

« Nous avons effectué des progrès cette semaine », a affirmé le groupe, espérant un « accord dès que possible pour que tout le monde retourne travailler ».

A ce sujet, il a annoncé le licenciement temporaire de 700 employés supplémentaires travaillant pour deux usines de l'Indiana dont l'activité dépend directement de sites grévistes, ce qui porte le total à plus de 1.300 personnes. Ford et General Motors ont annoncé des mesures similaires.

Ford accusé de faire traîner les négociations

En parlant de Ford, le constructeur américain est justement la cible des critiques de l'UAW cette semaine. Selon Shawn Fain, Ford a déposé mercredi après-midi exactement la même offre que deux semaines plus tôt, « sans argent supplémentaire ». En sortant de la réunion, « nous n'avons pas attendu une minute (...) et j'ai appelé moi-même pour dire (à KTP) de débrayer ».

Kumar Galhotra, un haut responsable de Ford, a fait part jeudi de la surprise du groupe après cette décision, affirmant que Ford négociait « de bonne foi » et avait adressé une offre « incroyablement positive » qui hisserait le personnel de Ford parmi les 25% des meilleurs emplois aux Etats-Unis en termes de salaires horaires et d'avantages. « Nous avons fait la démonstration que nous souhaitons parvenir à un contrat record assurant un avenir solide pour nos employés », a-t-il affirmé.

« Mais nous avons atteint la limite, aller plus loin mettrait en danger notre capacité à investir » pour l'avenir du groupe, a finalement annoncé le responsable.

Les grèves ne devraient donc pas s'arrêter de si tôt.

(Avec AFP)

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