Le constructeur italien de voitures sportives Lamborghini a dévoilé le 18 août à Monterey, aux Etats-Unis, le prototype Lanzador qui préfigure son premier modèle 100 % électrique. Ce concept « 2+2 » (deux portes, quatre places) possède une carrosserie aux formes anguleuses, dotée d'appendices aérodynamiques mobiles qui se déploient en fonction de la vitesse. Le Lanzador dispose de voies augmentées, d'élargisseurs d'ailes rapportés sur la carrosserie et d'une garde au sol surélevée par rapport aux sportives traditionnelles de la marque, sans entrer toutefois dans la catégorie des SUV.
« Ce concept-car préfigure l'électrification de la marque, qui sera précédée en 2024 par une phase d'hybridation », a confirmé Stephan Winkelmann, président le Lamborghini. L'arrivée du Lanzador atteste aussi d'une révolution conceptuelle chez ce constructeur qui ne dispose, dans sa gamme, que de trois modèles sportifs ou SUV. « La formule Gran Turismo à cabine avancée offre le meilleur des deux mondes : une allure sportive et une garde au sol augmentée », estime Stephan Winkelmann.
Le Lanzador sera le quatrième modèle de la gamme Lamborghini aux côtés des hypersportives Huracan et Revuelto, et du SUV Urus qui assure actuellement l'essentiel des ventes.
Une quatre places « pour le quotidien »
En renouant avec un format à quatre places « adapté à usage quotidien » selon Stephan Winkelmann, Lamborghini renoue avec ses racines historiques. Le premier modèle produit en 1964 à Sant'Agata Bolognese, la 350 GT, était une élégante voiture de grand tourisme, performante mais sans prétentions sportives. L'évolution vers les hypercars n'est survenue que deux ans plus tard avec la Miura, une voiture très basse dotée d'un moteur à 12 cylindres en position centrale transversale. La tendance à concevoir des voitures destinées à un usage sportif, aux esthètes et aux collectionneurs s'est poursuivie dans les années 1970 avec la Countach, puis dans les années 1990 avec la Diablo et en 2002 avec la Murciélago. Entre temps, la marque était passée entre les mains d'Audi et du groupe Volkswagen.
Contraint par les réglementations environnementales à « verdir » sa production (9.233 voitures livrées en 2022), Lamborghini a engagé cette année un ambitieux projet de renouvellement de ses gammes. La Revuelto hypersportive a succédé en mai 2023 à l'Aventador. Dotée d'une mécanique encore plus bestiale (1.015 chevaux) et affublée de trois moteurs électriques en complément d'un inédit V12, la nouvelle venue interprète habilement les normes d'homologation des voitures hybrides pour réduire ses émissions polluantes. Le successeur du SUV Urus arrivera quant à lui en 2029, doté d'une motorisation 100 % électrique.
Un carnet de commandes rempli à ras bord
En dépit des contraintes environnementales qui affectent l'ensemble de ses marchés, Lamborghini ne s'est jamais aussi bien porté. « Avec 5341 voitures livrées au cours des six premiers mois de l'année 2023, en progression de 5 %, et un chiffre d'affaires de 1,421 milliard d'euros (+ 6,7 %), nous établissons un nouveau record », s'est réjoui Stephan Winkelmlann. Le résultat opérationnel s'établit à 456 millions d'euros, en hausse lui aussi de 7,2 % au premier semestre 2023. « Nous regardons l'avenir avec optimisme et notre carnet de commandes est solide. Les commandes passées par nos clients nous donnent de la visibilité jusqu'au début de l'année 2026. Toutes nos Urus et Huracan sont déjà vendues jusqu'à la fin de leur période de production », détaille Stephan Winkelmann.
Malgré un plan produit annoncé plusieurs années d'avance, Lamborghini aborde l'électrification avec prudence. « Cette technologie n'est pas encore acceptée par nos clients. La concurrence s'y est essayée, mais l'aspect émotionnel d' une voiture supersport n'a jamais été abordé de la bonne manière. Nous avons cinq ans pour permettre aux clients de comprendre ce que nous préparons », reconnaît Stephan Winkelmann.
Réputé pour la sonorité caractéristique de ses moteurs thermiques, Lamborghini aura fort à faire pour inventer la bande son de ses groupes motopropulseurs 100 % électriques. Le silence complet semble exclu. Les ingénieurs de Sant'Agata Bolognese disposent encore de quatre ans et demi pour choisir entre une bande son artificielle, imitant le bruit du V12, ou un son synthétique amplifiant le sifflement émis par les moteurs électriques. Aucune donnée technique n'a été révélée à propos des performances, du poids, de l'autonomie ou du prix du futur Lanzador.
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