Lyon, Grenoble et maintenant Paris. En parallèle des zones à faibles émissions qui empêchent les voitures les plus anciennes d'accéder au centre-ville, les municipalités s'attaquent désormais au poids des véhicules. Aujourd'hui, les 1,3 million d'électeurs parisiens sont amenés à répondre à la question: « Pour ou contre la création d'un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes ? » Concrètement, si le « pour » l'emporte, les propriétaires de SUV dont le poids dépasse 1,6 tonne pour les thermiques et hybrides et 2 tonnes pour les électriques paieront trois fois plus cher leur place de parking en ville. Sont exclus de la mesure les artisans, les résidents parisiens, les chauffeurs de taxi, les professionnels de santé et les personnes handicapées.
Emissions de carbone
Les SUV, ou sport utility vehicles, sont devenus peu à peu la bête noire des métropoles. D'après l'Agence internationale de l'énergie, ces voitures émettent 20 % de CO2 en plus qu'une berline de taille équivalente. En cause : un poids supérieur de 300 kilos en moyenne et un aérodynamisme peu efficient. « Lorsque l'on regarde le cycle de vie des voitures, l'empreinte carbone sur un véhicule électrique peut varier du simple au triple entre une Renault Twingo et un gros SUV de type Audi Q8. La plus grande différence se joue sur la fabrication du véhicule. Plus le véhicule est lourd, plus sa batterie sera grosse et plus il faudra extraire de métaux », explique Tommaso Pardi, codirecteur à l'ENS du groupe d'études et de recherche permanent sur l'industrie et les salariés de l'automobile.
Outre les émissions de carbone, les gros SUV entraînent davantage de frottements avec le sol, donc plus d'émissions de particules fines. Ces dernières sont notamment responsables des problèmes de santé comme les bronchites, les bronchiolites ou les pneumonies, qui explosent lors des pics de pollution. Pour rappel, plus de 40000 décès annuels sont attribués à l'exposition aux particules fines, selon Santé publique France.
Mais l'impact sur le climat n'est pas la seule cible des villes. Les SUV sont également révélateurs d'une augmentation progressive de la taille des véhicules. Dernièrement, l'association Transport & Environnement (T&E) a montré que les voitures neuves s'élargissaient en moyenne de 1 centimètre tous les deux ans.
« Si on ne met pas un frein à cette tendance, dans cinq à dix ans, nous allons nous approcher des 2 mètres de large. Certains gros SUV premium, comme le Defender, de Land Rover, ou la BMW X7, atteignent déjà ces dimensions, avertit Nicolas Raffin, porte-parole de T&E France. Il faudrait imposer une limite à 1,92 mètre de large pour garder 97 % des modèles d'aujourd'hui et endiguer cette course. »
Le stationnement n'est pas extensible
Surtout, les places de stationnement dans les agglomérations ne sont pas extensibles et une augmentation de la taille des voitures signifie une diminution de l'espace public pour les autres usagers. Ce sont d'ailleurs ces très gros SUV qui sont ciblés par les villes. Ainsi, la votation à Paris ne concernera pas les petits SUV, comme les Renault Captur, la Dacia Duster ou encore la Peugeot 2008, toutes inférieures au poids taxé.
Malgré un engouement constant pour ces modèles, qui représentent désormais presque la moitié des ventes de véhicules neufs, plus de la moitié des Parisiens sont favorables à la mesure, d'après une étude menée par l'association Respire et le cabinet OpinionWay.
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