Renault-Nissan : soupçon d'espionnage chez Nissan sur fond de guerre des chefs

Nissan est soupçonné d'avoir installé un système de vidéosurveillance au domicile de son ancien directeur général adjoint, Ashwani Gupta, à l'initiative du directeur général, Makoto Uchida. Les deux hommes étaient en guerre ouverte.
(Crédits : DAVID DEE DELGADO)

Nouvelle « affaire » en vue au sein de l'Alliance Renault-Nissan ? Après celle concernant Carlos Ghosn il y a moins de 4 ans, celle du vrai faux espionnage de Renault en 2011, Nissan est soupçonné d'avoir installé un système de vidéosurveillance au domicile de son ancien directeur général adjoint, Ashwani Gupta, selon les premiers éléments d'une enquête menée par le constructeur japonais sur des accusations d'espionnage, ont déclaré à Reuters deux sources proches du dossier. Pour rappel, Ashwani Gupta, qui vient de quitter le groupe, était un farouche opposant à l'alliance entre Nissan et Renault et était en guerre ouverte avec le directeur général du groupe Nissan Makoto Uchida, plus favorable à continuer l'aventure avec Renault. Ashwani Gupta faisait d'ailleurs de l'ombre à Makoto Uchida et se comportait parfois comme le véritable numéro un.

Deux systèmes de caméra de sécurité

Justement, selon les accusations d'un haut conseiller, Makoto Uchida, a fait surveiller son ancien adjoint. Les dirigeants de Nissan ont été tenus au courant des premiers éléments de l'enquête menée par le cabinet d'avocats américain Davis Polk & Wardwell lors d'un conseil d'administration le 20 juin au siège du groupe à Yokohama, ont dit les deux sources. Selon ces premiers éléments, Nissan a installé deux systèmes de caméra de sécurité à l'entrée du domicile d'Ashwani Gupta situé dans le quartier de Shibuya à Tokyo, ont-elles ajouté. Le premier système était destiné à une société de sécurité privée tandis que le second a été mis en place pour que le service de sécurité interne à Nissan puisse surveiller Ashwani Gupta, ont détaillé les sources. Le rapport établi par le cabinet d'avocats ne mentionne pas si l'usage de caméras par Nissan pour surveiller Ashwani Gupta était illégal, ni si l'ancien dirigeant était au courant de cette surveillance, ont dit les sources.

Reuters n'a pas été capable de déterminer quand les caméras ont été installées ou le nom de la société de sécurité privée. Le rapport final sur l'enquête, qui a débuté fin mai à la demande des administrateurs indépendants de Nissan, est attendu dès juillet, ont dit les deux sources. Nissan a expliqué ne pas pouvoir commenter l'enquête en cours et a refusé de rendre ses dirigeants disponibles pour un commentaire. Le cabinet Davis Polk & Wardwell n'a pas souhaité non plus commenter.

Renault et Nissan ont annoncé en février une restructuration de leur alliance fondée vingt ans plus tôt, avec un rééquilibrage de leurs participations croisées et la possibilité que Nissan prenne jusqu'à 15% de la future entité électrique Ampère du groupe au losange. Selon une source au fait de la position de Renault, la direction du constructeur français considérait Ashwani Gupta, ainsi que les querelles internes au sommet de Nissan, comme un frein à la finalisation des nouveaux accords de l'alliance, qui n'ont à ce jour pas encore été signés.

Nouvel organigramme

Cette annonce intervient alors que le constructeur automobile japonais a annoncé mercredi une structure dirigeante resserrée autour de son directeur général, après avoir laissé vacant le poste d'Ashwani Gupta. Les changements annoncés prévoient notamment que les responsables des différents marchés géographiques du groupe « rendront compte directement » au directeur général Makoto Uchida. Ces nouveautés visent à mettre en place « une structure de direction plus plate et plus agile qui renforcera les pouvoirs des responsables régionaux et fonctionnels », a déclaré le dirigeant, cité dans un communiqué du groupe. Ces changements peuvent aussi viser à « donner plus de pouvoir à Makoto. Uchida », dit à l'AFP Tatsuo Yoshida, analyste automobile chez Bloomberg Intelligence. Mardi, à l'issue de son assemblée générale ordinaire, Nissan a annoncé la reconduction de la plupart de ses dirigeants, sans toutefois nommer de successeur à Ashwani Gupta, dont les fonctions ont pris fin mardi.

Lire aussi« L'Europe n'a pas de stratégie pour l'automobile » (Luca de Meo, Renault)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 29/06/2023 à 7:14
Signaler
Après l'ère Ghosn il n'est pas étonnant que de la paranoïa s'y soit installée.

à écrit le 29/06/2023 à 0:27
Signaler
Il faut régler les soupçons dès le début

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.