Renault s'apprête à recapitaliser Avtovaz et croit encore au marché russe

Sur un marché qui a été divisé par deux en quelques années et qui reste en proie à une forte volatilité, Renault estime qu'il est le mieux placé en cas de reprise de la demande. Il espère que ses activités russes redeviendront bénéficiaires à l'horizon 2018.
Nabil Bourassi
Nicolas Maure a en charge le redressement d'Avtovaz. Il doit notamment améliorer la compétitivité industrielle du constructeur automobile historique russe.

Renault ne sonnera pas la retraite de Russie ! C'est le mot d'ordre du constructeur automobile français à la veille d'une assemblée générale des actionnaires d'Avtovaz qui doit se tenir lundi. Renault serait même sur le point de recapitaliser le constructeur historique russe qu'il contrôle depuis 2008, à hauteur de 1,1 milliard d'euros d'après des informations divulguées par Reuters.

Un marché sinistré

Renault continue de penser que la Russie est une opportunité de croissance à long terme et qu'il n'est pas question d'abandonner ce marché. A court terme, le groupe est prêt à assumer les vents contraires qui s'abattent sur ce marché : l'effondrement des cours du pétrole qui a plongé la Russie dans la récession, mais également les sanctions internationales consécutives à la crise ukrainienne. Ainsi, le marché automobile russe s'est écroulé de 35% en 2015 après avoir chuté de 10% en 2014. L'année 2016 ne devrait pas être meilleure puisque depuis le début de l'année, les ventes ont continué à baisser, certes à un rythme moindre, mais en reculant de tout de même 13% sur les dix premiers mois.

En 2015, le marché russe n'a pesé que 1,6 million de voitures, soit quasiment moitié moins que les 3 millions d'unités de 2012 et qui en faisait le deuxième marché d'Europe. Chez Euler-Hermes, on estime que le marché pourrait toutefois se redresser en 2017 à hauteur de 12%. Une estimation optimiste puisque Renault table tout juste sur une stabilisation en 2017. Pour les constructeurs, la Russie reste un marché extrêmement volatil avec des variations qui peuvent être très soudaine d'une année sur l'autre. Ainsi, les immatriculations s'étaient envolées de 40% en 2011.

Carlos Ghosn contrôle un tiers du marché russe

Le groupe Renault, et plus encore l'alliance Renault-Nissan, est exposé à cette tendance puisqu'avec ses cinq marques (Renault, Avtovaz, Nissan, Infiniti et Datsun), les constructeurs emmenés par Carlos Ghosn détiennent près d'un tiers du marché. A cela, il faudra désormais ajouter Mitsubishi que Nissan est en train d'intégrer dans l'alliance via une participation de 32%, et qui pesait 2,2% du marché russe en 2015.

Chez Renault on estime toutefois être parvenu à sauver les meubles. Les ventes de Lada n'ont baissé que de 5% depuis le début de l'année, celles de Renault de 6%, soit des résultats meilleurs que le marché. La situation est toutefois plus critique côté Nissan puisque les ventes ont baissé de 24% pour la marque japonaise, de 48% pour sa filiale entrée de gamme Datsun, et de 19% pour Infiniti.

Le marché russe, "erratique, reste stratégique pour les constructeurs automobiles qui y voient des perspectives de croissance à long terme. Solidité financière et souplesse industrielle sont nécessaires pour s'adapter à une telle volatilité", écrit l'assureur-crédit Euler-Hermes dans son étude annuelle publiée en septembre.

Renault peut s'appuyer sur son alliance avec Nissan pour se donner l'envergure d'un groupe financièrement solide. Le Français pourrait d'ailleurs être le seul à mettre la main au pot à l'occasion de la recapitalisation d'Avtovaz ce qui porterait sa participation à 72,5% du capital. Nissan passerait de 12,5 à 5,5% tandis que Russian Technologies ne détiendrait plus que 11% du capital contre 25% auparavant.

Un marché qui reste prometteur aux yeux de Renault

Le groupe français croit dur comme fer à la reprise du marché russe mais également au fait qu'il sera le premier à en profiter. Son implantation commerciale mais également la forte compétitivité de son outil industriel, grâce à un sourcing local très abouti, lui fait penser que ses activités russes devraient revenir dans le vert dès 2018. En mars dernier, Carlos Ghosn a intronisé un français à la tête d'Avtovaz. Nicolas Maure, ancien président de Dacia, aura pour mission d'accroître la compétitivité du constructeur russe pour le redresser.

Mais il faudra attendre plusieurs années encore pour la Russie devienne un marché profitable pour Renault. Sur huit ans, Avtovaz n'aura contribué positivement que deux années aux résultats financiers du groupe. En février, la firme de Boulogne-Billancourt avait même inscrit une dépréciation de 225 millions d'euros en raison des difficultés d'Avtovaz. Pour Nicolas Maure, la pression financière est importante. Cet ingénieur qui compte déjà dans ses faits d'arme le redressement de Dacia, devra néanmoins jouer les diplomates dans une entreprise hautement politisée qu'est Avtovaz. Le ministère russe de l'industrie attend qu'elle continue à se fournir auprès de fabricants russes de composants. Vladimir Poutine lui-même garde un œil sur Avtovaz dont il assure parfois la promotion comme pour le lancement de la Vesta (vidéo ci-dessous). Il a déjà eu l'occasion de le faire savoir à Carlos Ghosn.

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Vladimir Poutine qui arrive au volant de la toute nouvelle Lada Vesta à la 12e réunion annuelle du Club Valdaï à Sotchi. "Une super voiture", a déclaré le président russe.

Nabil Bourassi

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