Mais que va faire Stellantis de Maserati ? Si le groupe à la dénomination astrale se fait fort de réunir pas moins de quatorze marques, son seul label luxe revendique son exclusivité et n'envisage pas de synergies de plateformes ou moteurs. Et pourtant... Même pour un "psychopathe de la performance" comme Carlos Tavares, qui ne recule devant aucune économie de coûts, son statut semble définitivement acquis.
Ne fera rien comme les autres
D'ailleurs, la marque italienne fondée en 1914 à Modène, a communiqué son plan stratégique en octobre dernier... Soit trois mois avant la fondation officielle de Stellantis née de la fusion des groupes PSA et FCA. Maserati ne fera donc rien comme les autres marques du groupe. Il aura sa propre famille moteur et sa propre plateforme. Soit les deux foyers de dépenses les plus importants d'une voiture. "La plateforme Giorgio est parfaite pour les produits Maserati qui allient design et performance", explique à La Tribune, Bernard Loire, le directeur commercial monde du label. Quant au moteur, il fallait trouver une solution pour remplacer ceux de Ferrari dont le contrat de fourniture s'achevait fin 2020, conséquence de la sortie de la marque au cheval cabré du giron FCA en 2016. En septembre, Maserati a donc présenté Nettuno, un moteur V6 de 630 chevaux. De quoi donner de la performance et garder de la hauteur sur le marché.
Huit nouveaux modèles
Mais il ne suffit pas de disposer d'une mécanique performante. Maserati a annoncé pas moins de huit nouvelles silhouettes d'ici 2024. Il était temps ! La marque au trident n'avait lancé que deux modèles en cinq ans, et en a fait sortir deux du catalogue en 2019. Dans ces conditions, difficile d'animer la gamme et les ventes, laissant de nombreux clients qui n'ont pas trouvé de quoi renouveler leur véhicule aller chez les concurrents.
Mais pour Bernard Loire, le prestige de la Maserati est resté intact. Ainsi, le MC20 présenté en septembre dernier et qui doit marquer le retour du trident sur le segment des supercars a enregistré un immense succès alors qu'il ne sera pas commercialisé avant juin. "C'est toute la production prévue en 2021 qui a déjà été commandée. Cela illustre la puissance de la marque Maserati, et la forte attente qu'elle suscite encore", se réjouit Bernard Loire.
Au siège à Modène, la direction fonde d'immenses espoirs sur l'arrivée du Grecale en fin d'année. Ce SUV doit redonner de l'amplitude commerciale à des ventes qui n'ont cessé de baisser ces dernières années. Hormis l'année 2020 frappée par la crise sanitaire, les ventes avaient commencé à dégringoler depuis le pic de 2017 avec 53.000 ventes, année de l'arrivée du Levante (photo ci-dessous), premier SUV à arborer un Trident. En 2019, Maserati a vendu 18.000 voitures seulement.
Des SUV et de l'électrification
Maserati disposera donc de deux SUV au moins, tandis que le Grand Turismo et le Grand Cabrio feront leur retour dans la gamme "pour renouer avec l'ADN de la marque", explique Bernard Loire. Mais le label luxe de Stellantis va également multiplier les versions et annonce une vingtaine de nouveautés autour de ces huit silhouettes. L'électrification devrait être le maître-mot de ce plan produit. "La bascule sur l'électrification est un enjeu pour Maserati. Elle doit traduire cette promesse de performance, chère à Maserati. C'est un critère absolu pour nos clients", souligne Bernard Loire qui estime "arriver au bon moment" sur ce segment. Toute la gamme sera donc électrifiée soit en hybridation, soit en version 100% électrique.
Pour Stellantis, il s'agit d'investissements conséquents... Et l'équation économique de Maserati est complexe : le seul levier est le prix, puisque par nature, les volumes sont faibles sur ce segment. D'autant que la marque a revu ses ambitions à la baisse. En 2016, avec le lancement du Levante, le Trident visait les 100.000 immatriculations par an. Désormais, l'objectif a été ramené à 75.000 unités. Ce qui contraint davantage la marque en termes de qualité mais également à élaborer des versions qui tirent les prix vers le haut. Sur le Levante, la version Trofeo participe à cette montée en gamme. Maserati parie aussi sur l'électrification pour défendre ses prix élevés.
Un actif très très cher...
Car sur le luxe, le modèle économique est largement éprouvé malgré les petits volumes. Les marges du segment représentent jusqu'à deux fois et demi celles des marques premium. En 2019, Porsche était à 16% de rentabilité et Ferrari à 23%. D'ailleurs, Ferrari est valorisé 29 milliards en Bourse, tandis que le groupe Volkswagen espère tirer plus de 20 milliards d'euros d'une introduction en Bourse partielle de Porsche. Pour Stellantis, qui s'échange actuellement autour de 41 milliards d'euros, Maserati pourrait ainsi être un actif hautement valorisable si le plan de relance rencontrait le succès escompté.
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