Stellantis utilisera l'énergie géothermique pour fabriquer ses voitures à Mulhouse

Stellantis, actionnaire minoritaire de la startup australienne Vulcan, a confié à son partenaire un projet d'aménagement géothermique sur son usine de Mulhouse. L'énergie calorique puisée dans le sous-sol alsacien fournira le site industriel en chauffage ou en électricité.
L'usine Stellantis (ex-Peugeot) est implantée dans la forêt de la Hardt, en périphérie de Mulhouse, depuis 1962.
L'usine Stellantis (ex-Peugeot) est implantée dans la forêt de la Hardt, en périphérie de Mulhouse, depuis 1962. (Crédits : DR)

Stellantis et l'entreprise minière Vulcan ont annoncé le 31 mai un accord sur un projet de développement géothermique à Mulhouse, dans l'usine où le constructeur automobile fabrique la Citroën DS7 et les Peugeot 308, e-308, 408 et 508. La première phase de ce projet consistera à évaluer les ressources du sous-sol alsacien. En fonction du rendement potentiel, encore indéterminé, Vulcan construira une installation géothermique pour produire de la chaleur ou de l'électricité.

« Ce projet pourrait contribuer à combler une part significative des besoins énergétiques annuels du site dès 2026 », a indiqué Stellantis dans son communiqué. Vulcan évaluera également la présence de lithium dans les saumures puisées dans les sous-sols du fossé rhénan supérieur. Une deuxième phase éventuelle permettrait à cette startup d'origine australienne, dont Stellantis détient 8 % du capital, d'exploiter ce lithium afin de produire des batteries.

« La transition vers l'usine du futur et la lutte contre le réchauffement climatique prennent forme dans notre région grâce à une exploitation rationnelle de l'énergie géothermique », s'est réjoui Franck Leroy, président du Conseil régional du Grand-Est, cité par le communiqué de Stellantis. Avec 5.000 salariés, l'usine (ex-Peugeot) implantée à Mulhouse depuis 1962 apparaît comme l'un des principaux employeurs privés en Alsace. « Ce projet de géothermie confirme et conforte la présence de Stellantis dans notre région, si cela était encore nécessaire », commente l'entourage de Franck Leroy.

Les collectivités cherchent un avenir pour le site de la Hardt

En réalité, l'opération apparaît plus complexe. Les collectivités locales (région, agglomération de Mulhouse) sont préoccupées par un projet de compactage du site envisagé par Stellantis. La superficie de l'usine (320 hectares) située dans la forêt de la Hardt doit diminuer en deux tranches successives. La première, qui porte sur 22 hectares au sud-ouest de la plate-forme industrielle, libèrera des emprises foncières idéalement situées en périphérie de l'agglomération mulhousienne. Une deuxième tranche dégagera 30 hectares supplémentaires au sud-est de l'usine.

Mais ces emprises à vocation industrielle devront être réaffectées à de nouveaux opérateurs. Et rien ne garantit que Vulcan sera le nouvel occupant. « L'implantation de la centrale de géothermie ne s'effectuera pas forcément sur le site de Stellantis. Nous allons effectuer des études et des relevés sismiques en 3D. L'implantation de la centrale dépendra du lieu où nous pourrons forer ce puits de géothermie profonde », explique Vincent Ledoux Pedailles, directeur commercial de Vulcan.

Si Vulcan ne les prend pas en charge, Stellantis et les collectivités territoriales pourraient se rejeter les responsabilités du financement des réaménagements. La plate-forme nécessitera de coûteux investissements dans les réseaux de fluides et le génie civil.

La géothermie partout en Alsace

Afin de préparer les populations locales à des forages géothermiques inédits, Vulcan promet de ne pas reproduire les erreurs d'un autre industriel minier : en 2020, les activités du français Fonroche ont généré une inquiétante activité sismique dans l'agglomération strasbourgeoise. « Le réservoir de saumure est moins profond sous la forêt de la Hardt, où se situe l'usine Stellantis, qu'à Vendenheim, où Fonroche menait ses opérations. De ce fait, les températures sont moins importantes. Tout le risque sera levé par nos relevés sismiques en 3D », assure Vincent Ledoux Pedailles.

Les réserves de lithium apparaissent toutefois plus importantes dans le nord de l'Alsace, où trois industriels (Arverne, Lithium de France et déjà Vulcan) bénéficient de permis d'exploration, que dans le sud où se trouve l'usine Stellantis. En imposant son partenariat avec le constructeur automobile, Vulcan entend prendre de l'avance sur ses concurrents locaux. « Nous nous sommes développés d'abord en Allemagne, où nous exploitons déjà une quinzaine de licences d'extraction de lithium. Nous aimerions répliquer le même schéma en France », espère Vincent Ledoux Pedailles. Avec la future Green Factory de Stellantis comme démonstrateur, une première dans la région.

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Commentaire 1
à écrit le 01/06/2023 à 17:14
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Avec pour effets pervers des secousses telluriques...

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