Tesla ne va pas quitter Berlin pour produire ses batteries aux Etats-Unis

Tesla assure vouloir maintenir ses projets de production de batteries automobiles dans son usine allemande près de Berlin, malgré son souhait de « donner la priorité » à la fabrication aux États-Unis en raison des subventions américaines massives pour les industries vertes.
L'assemblage de cellules de batteries Tesla se concentrera aux États-Unis, une production qui sera soutenue par le site de Berlin qui se chargera de produire des électrodes.
L'assemblage de cellules de batteries Tesla se concentrera aux États-Unis, une production qui sera soutenue par le site de Berlin qui se chargera de produire des électrodes. (Crédits : EDGAR SU)

Tesla ne va pas fermer son usine Berlin où elle produit des batteries. « Il n'y a pas de changement de plan », a assuré une porte-parole de Tesla dans un communiqué transmis à l'AFP.

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L'assemblage de cellules de batteries Tesla se concentrera aux États-Unis

Des informations de presse ont rapporté que le géant américain comptait abandonner toute une partie du processus de production de batteries dans sa gigafactory allemande, au bénéfice de ses sites américains. En réalité, « l'assemblage de cellules de batteries Tesla se concentrera aux États-Unis en raison des bonnes conditions créées par la législation américaine IRA, qui prévoit des allégements fiscaux », précise le communiqué. Washington, rappelons-le, a adopté l'an dernier l'Inflation Reduction Act américain (IRA), un plan de 370 milliards de dollars prévoyant de distribuer des subventions aux industries vertes, sous la condition qu'elles produisent aux États-Unis.

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Ce plan désavantageait Tesla, qui avait jusqu'à présent prévu d'envoyer des batteries produites dans son usine européenne vers les États-Unis. Le groupe veut donc assembler davantage de batteries que prévu aux États-Unis, même si cette production sera « soutenue » par son site de Berlin.

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« Aucune conséquence en matière d'emplois »

Néanmoins, ces changements n'auront « aucune conséquence en matière d'emplois » en Allemagne, a assuré à l'AFP une porte-parole du ministère de l'Économie du Brandebourg), la région voisine de Berlin qui accueille l'usine car cette priorité donnée aux États-Unis ne concernera pas la production de certains éléments comme les « électrodes », selon Tesla.

Toujours est-il que le plan américain de subventions vertes inquiète considérablement l'Union européenne, qui craint des délocalisations industrielles massives vers les États-Unis. Début février, la Commission européenne a proposé d'assouplir le cadre des aides d'État mais a fermé la porte à de nouveaux financements et un nouveau plan de soutien. Bruxelles a plutôt suggéré de réorienter les fonds européens existants vers l'industrie verte présente sur le Vieux continent.

Les subventions accordées par les Etats-Unis (IRA) pourraient n'avoir qu'une « efficacité limitée »

Depuis des mois, les dirigeants du Vieux Continent alertent sur les risques de délocalisations industrielles liées à l'« Inflation Reduction Act » (IRA), ce grand plan qui subventionne généreusement des filières stratégiques (batteries, panneaux solaires) pour autant qu'elles localisent leur production aux Etats-Unis. Elisabeth Borne, la Première ministre française, a ainsi appelé, jeudi dernier, l'Union européenne à être « ferme » en matière commerciale.

Mais la menace n'est peut-être pas si forte : « la localisation d'une activité de production dépend de nombreux facteurs et l'Union européenne a des atouts en termes d'attractivité des investissements directs étrangers » (taille du marché, qualité des institutions, capital humain...), nuance le Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii). Ces subventions pourraient n'avoir donc qu'une « efficacité limitée ».

Autre argument du Cepii, « si d'un côté la loi (américaine) donne des incitations fiscales attractives, d'un autre, les critères techniques associés pour respecter des obligations de contenu local sont restrictifs ».

Ainsi, une étude du Trésor américain a établi en août 2022 qu'à peine une voiture électrique sur cinq était éligible au crédit d'impôt de 7.500 dollars prévu par l'IRA pour les acquéreurs de ces véhicules. Sans compter que l'IRA interdit l'utilisation de composants issus de Chine, d'Iran, de Russie ou de Corée du Nord, des fournisseurs clés pour certains métaux stratégiques comme le lithium ou le cobalt.

Enfin, les 391 milliards de dollars fléchés par les Etats-Unis vers les industries vertes représentent 0,17% du Produit intérieur brut américain.

 (Avec AFP)

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