Voitures électriques : pression autour du pneu

La transition du secteur automobile vers des véhicules électriques pose de nombreux défis, dont certains sont insoupçonnés, comme celui des pneus. Et pour cause. Le pneumatique devra supporter une charge plus lourde... tout en diminuant son impact carbone. Pneu connecté, sans air, à base de plantes...: toutes les technologies sont envisagées et les équipementiers cherchent à se démarquer pour répondre aux exigences environnementales. Décryptage.
« Avec l'électrique, il y aura moins de maintenance donc le pneu va prendre une place encore plus importante dans la durée de vie du véhicule », affirme Tom Adams, le DG France et Benelux de Bridgestone.
« Avec l'électrique, il y aura moins de maintenance donc le pneu va prendre une place encore plus importante dans la durée de vie du véhicule », affirme Tom Adams, le DG France et Benelux de Bridgestone. (Crédits : SERGEI KARPUKHIN)

Plus écologique, plus résistant aux fortes charges et aux variations de températures, plus connecté... Avec l'avènement de la voiture électrique et la nécessité urgente de réduire les émissions carbone, le pneu se retrouve au centre des enjeux de la voiture de demain. « Avec l'électrique, il y aura moins de maintenance donc le pneu va prendre une place encore plus importante dans la durée de vie du véhicule », affirme Tom Adams, le DG France et Benelux de Bridgestone.

Avec le fabricant japonais de pneus, ce sont aussi les Michelin, Continental qui sont lancés dans une course à la technologie et tentent d'anticiper les prochaines réglementations. Récemment, le bonus écologique français privilégierait les matériaux recyclés et biosourcés dans la voiture. Si le pneu n'a pas été mentionné expressément, l'importance de le recycler ne fait pas de doute. En France, c'est près de 53,8 millions de pneumatiques toutes catégories confondues qui ont été mis sur le marché en 2021, selon l'Ademe.

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L'électrique et les problèmes de poids

Le premier enjeu des fabricants de pneumatiques reste la transition vers l'électrique. En effet, les batteries alourdissent les voitures et font peser un poids plus important sur le pneu. Il a donc été nécessaire de repenser leur diamètre. Mais même en modifiant ce critère, les pneus des voitures électriques s'usent jusqu'à 20% plus vite que leur homologue sur voiture thermique. La faute à un couple d'accélération plus élevé, soit la force des roues sur le sol dans les voitures électriques qui abîme davantage le pneumatique.

Une étude conduite par Opteven en mai 2022 a estimé qu'un tiers des propriétaires de voiture électrique avait recours à une intervention sur leurs pneus dans les 18 mois suivant leur acquisition. Ils étaient même 17% à devoir les changer.

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Afin de répondre à cette problématique, le géant Bridgestone a choisi de travailler sur une meilleure résistance au roulement mais également plus d'autonomie de la batterie. L'entreprise investit plus de 600 millions d'euros par an pour trouver des solutions et travailler sur ces deux aspects. Résultat : 15% de résistance en moins et 8% d'autonomie de batterie supplémentaire en 4 ans. De son côté, Michelin mise sur le développement d'une bande de roulement en imprimante 3D à fixer autour du pneu et à changer tous les 6 mois plutôt qu'un changement de pneu tous les 4 ans. Ce système doit permettre de répondre à l'usure prématurée des pneus en raison du poids du véhicule mais aussi des variations extrêmes de températures liées au changement climatique.

Toujours plus de connectivité

En outre, le pneu se défait peu à peu de ses fonctions de support et se retrouve de plus en plus connecté au reste du véhicule. « Nous étions des manufacturiers classiques et nous nous transformons en acteur de la mobilité durable », se réjouit Tom Adams. Les équipementiers travaillent sur de multiples capteurs à l'intérieur des pneus permettant de collecter des données sur l'état des routes, les passages des villes les plus accidentogènes ou encore la façon de conduire du propriétaire pour le conseiller au mieux.

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Bridgestone a d'ailleurs établi un partenariat avec Amazon et Google pour le développement d'algorithmes. De son côté, Michelin travaille sur des conseils aux flottes d'entreprises grâce à ses pneus connectés. Plus que des entreprises de manufacture, les équipementiers souhaitent développer de plus en plus les services associés.

Le pneu au cœur des enjeux d'économie circulaire

Mais le plus gros enjeu reste la durabilité. Avec 20% d'usure supplémentaire sur l'électrique, les pneus émettent aussi 20% de plus de particules. En 2020, une étude du Guardian avait alerté sur le fait que l'usure du pneumatique émet 2000 fois plus de particules que les pots d'échappement. Pour résoudre cette problématique, les équipementiers se penchent sur des pneus en matériaux durables et biosourcés. La plupart des constructeurs ont fixé leurs objectifs à un pneu contenant 40% de matériaux durables pour 2030 et 100% pour 2050. Pour se faire, Bridgestone a annoncé travailler sur une nouvelle plante appelée Guayule aux mêmes propriétés que le caoutchouc industriel. Ces futurs pneus verront le jour en 2026.

Michelin, quant à lui, insiste sur la nécessité de pneus biosourcés ou en matières renouvelables à l'échelle humaine, soit 40 ans à 50 ans maximum. Le géant français s'est associé à la startup Clermontoise Carbios, spécialiste du recyclage enzymatique pour réutiliser du polyéthylène téréphtalate (PET, une variété de plastique transparent) des bouteilles en plastique et reconstruire certaines parties du pneumatique.

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L'autre enjeu reste le noir de carbone qui donne sa couleur au pneu. Cette substance hautement polluante et jugée cancérogène permet de transférer la chaleur de la surface de contact avec le sol et d'équilibrer la température du pneu. Michelin et Bridgestone se sont associés afin de récupérer cette matière dans un système de pyrolyse.

« C'est un peu comme si l'on récupère un des ingrédients d'un gâteau. A la fin, ce système permet de capter le noir de carbone mais aussi de l'huile qui servira pour de l'e-fuel à destination de l'aéronautique par exemple », a expliqué Cyrille Roget, le directeur de la communication scientifique de Michelin.

Enfin, le futur du pneu sera peut-être sans air. C'est en tout cas la dernière innovation sur laquelle travaille Michelin afin d'éviter les endommagements liés à la pression qui condamnent 200 millions de pneus par an prématurément. Le constructeur français a mis au point des rayons souples associés à de la gomme et de la fibre de verre permettant de supporter la même charge que la pression. Un système qui est exploité depuis le début de l'année par l'entreprise de livraison DHL à Singapour. Un pneu sans pression, où le début d'une nouvelle ère.

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Commentaires 4
à écrit le 17/05/2023 à 10:10
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Quand on en est à découvrir des problèmes qui ont toujours existé... En pire avec les anciennes voitures à pétrole plus lourdes qu'un berline électrique d'aujourd'hui avec des coques en fer contre celles d'aujourd'hui en aluminium, et des moteurs en ...

à écrit le 17/05/2023 à 9:06
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y a aussi le pb que presque tout le couple est dispo immediatement

le 17/05/2023 à 10:12
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Et vous appelez ça un problème !!!

le 17/05/2023 à 10:12
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Et vous appelez ça un problème !!!

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