Effondrement d'un immeuble à Marseille : que s'est-il passé ?

Dans la nuit du 8 au 9 avril, un immeuble d'habitation s'est effondré dans la cité phocéenne. Six corps sans vie ont été extraits des décombres. Une centaine de sauveteurs continuent leurs recherches, alors qu'il reste de l' « espoir » de trouver « des personnes encore vivantes », selon le commandant des marins-pompiers de Marseille. En parallèle, l'enquête se poursuit pour déterminer les causes de l'explosion, le gaz faisant partie des pistes, alors que l'immeuble ne présentait ni péril, ni insalubrité ni vétusté, selon les autorités.
(Crédits : Dupoux Fabien/ABACA - Reuters)

[Article publié le 9 avril à 9h50, mis à jour le 10 avril à 13h, 19h30 et 21h30

Les marins-pompiers poursuivent lundi leur « bataille contre le temps », au lendemain de l'effondrement d'un immeuble dans le centre de Marseille dont ils ont extrait quatre corps, car il « reste de l'espoir » de trouver des survivants. Près de cinq ans après le drame de la rue d'Aubagne, la cité phocéenne s'est en effet réveillée, dimanche 9 avril, avec l'écroulement du 17, rue de Tivoli, qui a entraîné, dans son sillage, une grande partie du 15 voisin et endommagé le numéro 19.

Cinq personnes, résidentes de ces bâtiments voisins, ont été blessées. Lundi matin, un troisième puis un quatrième corps ont été extraits des décombres après les deux retrouvés dans la nuit, dont l'identité n'est pas encore déterminée, a annoncé le parquet. Un cinquième, puis un sixième corps sans vie ont été découvert en fin de journée ce lundi ont indiqué les pompiers et le parquet de Marseille, qui a ouvert une enquête pour « homicides involontaires. »

« Les opérations d'identifications se poursuivent », a précisé dans un communiqué le parquet. Et pour la première fois depuis le drame, les experts judiciaires « ont pu débuter leur travail pour identifier les causes de l'explosion ». Pour des raisons de sécurité, ils n'avaient jusqu'alors pu accéder au site, trop dangereux. Du côté des marins-pompiers, l'espoir subsistait encore de retrouver des personnes vivantes sous les décombres : « Nous avons bien sûr espoir de trouver des poches de survie, c'est ça qui nous anime », expliquait ainsi à l'AFP le lieutenant de vaisseau Adrien Schaller.

Dimanche soir, lors d'une conférence de presse, la procureure de la République de Marseille avait évoqué huit personnes présumées disparues au 17 rue de Tivoli, qui ne répondaient à « aucun appel » de leurs proches .« Des personnes d'un certain âge et un jeune couple d'une trentaine d'années », avait précisé la magistrate au sujet des habitants de cet immeuble de quatre étages, comptant cinq appartements.

Deux personnes pourraient donc être encore sous les décombres, après l'écroulement de cet immeuble proche d'un quartier connu pour ses bars et restaurants. Et les sauveteurs poursuivaient leur travail, sans relâche, aidés de chiens, de drones et de sondes thermiques. Au total, plus de 500 mètres cubes de gravats ont déjà été évacués, issus du 17 mais aussi du 15 rue de Tivoli, effondré quelques heures après l'explosion dimanche, après avoir été complètement évacué.

Face à ces « tragiques événements », Benoît Payan, le maire de la deuxième ville de France, a décidé de mettre en berne les drapeaux de l'hôtel de ville et de toutes les mairies de secteur. De même des registres de condoléances seront ouverts.

Pour rappel, près de 200 personnes, dont plusieurs familles, ont été évacuées par précaution d'une trentaine d'immeubles alentours. Lundi, les habitants de 61 de ces 220 logements ont pu venir récupérer quelques effets personnels, en attendant de pouvoir peut-être bientôt y retourner définitivement.

Selon le capitaine de frégate Pascal, commandant des opérations de secours lundi, cette opération sera reconduite mardi, pour d'autres personnes n'ayant pas encore pu récupérer leurs affaires. Et pour quelques habitants, de cinq ou six immeubles, ce sera même peut-être déjà le retour, « avec l'électricité mais peut-être sans le gaz », a cependant averti l'officier.

Pas d'insalubrité ni de vétusté, selon le ministère

Le drame s'est produit dans la nuit du 8 au 9, vers 00H40, dans un secteur résidentiel en bordure du quartier de la Plaine, connu pour ses restaurants, bars et sa vie nocturne. « L'immeuble qui s'est effondré ne présentait ni péril ni insalubrité ni vétusté », avait fait encore savoir, à 16h, le ministère de la Ville et du Logement.

« A ma connaissance, il n'y a pas de problèmes particuliers sur cet immeuble. On n'est pas sur le cas d'une rue avec de l'habitat insalubre », a également affirmé le maire.

La procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, a annoncé l'ouverture d'une enquête pour « blessures involontaires ». Lors d'un point presse dimanche à 18 heures au tribunal, elle avait communiqué sur le nombre de « huit personnes ne répondant pas aux appels ». Il est « impossible d'indiquer les causes »avait-elle aussitôt ajouté.

Dans la matinée, le président de la République, Emmanuel Macron, avait exprimé, sur Twitter, son « émotion ».

L'enquête se poursuit pour déterminer les causes de l'explosion, une fuite de gaz faisant partie des pistes, selon les autorités.

« La déflagration a été ressentie partout dans la ville et encore plus ici dans le quartier du Camas, où l'impact a été considérable, » a précisé lundi Yannick Ohanessian, adjoint au maire pour la sécurité : « ça a été d'une violence inouïe, et à ce titre, cela a fait bouger potentiellement les bâtiments adjacents, donc il faut être vigilants »"

33 personnes prises en charge

Au moment de l'explosion « tout a tremblé, on voyait les gens courir et il y avait de la fumée partout, l'immeuble est tombé sur la rue », a dit à l'AFP Aziz, un homme qui a préféré taire son nom de famille, mais a déclaré tenir un commerce d'alimentation nocturne dans la rue où l'immeuble s'est effondré.

33 personnes au total ont déjà été prises en charge. Aucun habitant du bâtiment effondré ne s'est manifesté, ravivant les inquiétudes sur le sort des occupants.

« C'est vraiment un bilan très très provisoire, il faut attendre d'en savoir plus, il y a des recoupements qui sont faits avec des familles qui cherchent leurs proches. Toutes les personnes qui sont censées être dans cet immeuble n'ont pas encore été vues, et des familles s'inquiètent », a déclaré Olivier Klein sur Franceinfo, qui se rendra sur place en fin de matinée le 10 avril.

Un centre d'accueil destiné aux personnes recherchant un membre de leur famille ou un proche dont ils n'auraient pas de nouvelles a été ouvert dimanche, a annoncé le parquet de Marseille.

« La cellule d'urgence médico-psychologique ainsi que l'association d'aide aux victimes AVAD accueilleront ces personnes recherchant des membres de leur famille ou des proches pouvant être victimes » dans ce centre situé dans le 4e arrondissement voisin du drame, a indiqué le parquet.

« Il ne s'agit pas d'un immeuble insalubre » (ministère)

En novembre 2018, l'effondrement rue d'Aubagne de deux immeubles dans un autre quartier du centre de Marseille, Noailles, avait fait huit morts et suscité une vague d'indignation contre le mal-logement dans cette ville où 40.000 personnes vivent dans des taudis, selon des ONG.

Sur l'habitat insalubre le ministre de la Ville et du Logement, Olivier Klein, vient, selon les informations de La Tribune, de missionner les maires (PS) de Mulhouse et de Saint-Denis, qui devront lui rendre des propositions d'ici à la fin du mois de juin.

(avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 11/04/2023 à 14:15
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Mon dieu, quelle horreur. Je n'ai pas de mot assez fort pour exprimer ce que je ressents. Cela peut arriver n'importe ou et n'importe quand. Personne n'est à l'abri dans nos logements même modernes. Je pense aux familles des victimes et aux victimes....

à écrit le 11/04/2023 à 7:39
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En Coree, la vie des citoyens est precieuse. Pour preuve, chaque mois une preposee acreditee passe chez vous munie d'un detecteur de gaz. Si une fuite est decelee, une equipe fonce dare-dare pour reparer. Autre pays, autres moeurs.

à écrit le 09/04/2023 à 10:56
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Bonjour, Une fuite de gaz... une explosion non définie... des comique qui fabrique de l'explosif... m'importe coment l'obs ne nous dira pas la vérité... Bien sur , qu'ils n'y est pas trops de victimes est une bonne nouvelles.... Maintenant, ils ...

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