La tech s'invite dans le monde des syndics

Souvent, les propriétaires jugent sévèrement leurs syndics de copropriété, les trouvant insatisfaisants, voire opaques. Ces professionnels s'adaptent donc pour proposer de nouveaux services à leurs clients. La révolution numérique permet aussi à de nouveaux acteurs d'investir ce marché.
César Armand
(Crédits : Reuters)

Le syndic de copropriété demeure un objet pas toujours très bien identifié aux yeux des propriétaires d'appartements. Tout au plus savent-ils que c'est à que lui qu'ils versent une somme pour rémunérer le gardien, maintenir l'ascenseur ou entretenir ses espaces verts. C'est lui aussi qui organise les assemblées générales (AG) au cours desquelles les propriétaires se crêpent le chignon à chaque vote de ravalement.

Les banques investissent le terrain

"On est partis d'un constat : l'insatisfaction client et le manque de transparence", explique Sandra Bohné, dirigeante de Cotoit, fruit de son intrapreneuriat chez Crédit Agricole Centre-Loire.

Cette startup propose le même service de gestion administrative et financière qu'un syndic classique, mais s'adresse à tous les habitants, propriétaires, bailleurs non-occupants et locataires. Elle propose notamment une plateforme collaborative où "chacun peut échanger en amont des AG" voire "dénouer d'éventuelles tensions", précise Emmanuel Poulet, directeur de l'innovation et du logement chez Crédit Agricole Centre-Loire. Sandra Bohné complète : "le numérique permet d'accéder à l'information en temps réel, comme lorsqu'il faut gérer des sinistres".

Fin octobre 2018 au moment de son lancement officiel, Cotoit travaillait déjà pour sept copropriétés. Elle cible les 15 % de syndics bénévoles où ce sont les résidents eux-mêmes qui administrent l'immeuble. Demain, avec les données agrégées des habitants et du bâtiment, la jeune pousse se dit "en capacité de comparer les dépenses énergétiques des occupants et de prodiguer des conseils " afin de réduire les charges.

Un abonnement à partir de 7 euros par mois

Raphael di Meglio, pdg-fondateur d'illiCopro, cite les mêmes motifs que la filiale bancaire pour justifier la création de sa jeune pousse en janvier 2018.

"Les copropriétaires insatisfaits demandent moins de charges et plus de transparence, ainsi que de l'aide en cas de sinistres dans les parties communes ou dans les espaces privatifs."

Au lieu de régler leurs charges par virement bancaire, ses souscripteurs s'abonnent à partir de 7 euros par appartement et par mois. En contrepartie, la startup gère l'administration et la comptabilité sur une plateforme via laquelle les conseils syndicaux (groupe de propriétaires qui suivent les dossiers en liaison régulière avec le syndic, ndlr) ont un accès direct aux comptes et aux opérations comptables.

"Les syndics professionnels se reposent beaucoup sur les conseils syndicaux (en matière de gestion des incidents du quotidien, ndlr)" accuse Raphael di Meglio. "Ces derniers ne devraient pas rencontrer de difficultés lorsqu'il s'agit de récupérer l'information pour vérifier les comptes."

Forte d'une levée de fonds d'1,5 million d'euros début janvier 2019, illiCopro va créer un forum intercopropriétés afin que les résidents s'échangent des bonnes pratiques et/ou recommandent des prestataires qui les ont satisfaits. Depuis son lancement, elle revendique 280 copropriétés clientes, avec en moyenne 200 demandes par mois. Avant de recourir à ce service, les conseils syndicaux doivent en effet le soumettre au vote des assemblées générales.

Un moyen d'exister dans le "nouveau monde"

Les administrateurs de biens, qui peuvent aussi bien gérer des logements pour le compte de propriétaires qu'intervenir dans des copropriétés en tant que syndics, commencent à s'intéresser de près à la real estech. 

"Soit on leur tourne le dos et on reste dans l'ancien monde, soit on fait évoluer notre modèle et on part gagnant-gagnant", résume Franck Chartier, le nouveau directeur général de Seiitra, éditeur de logiciels spécialisés sur ce marché et filiale de Foncia.

Créer une interface commune où tout ce qui est saisi est centralisé et traité dans une base de données unique permet de réduire le temps de travail en back-office et donc de se concentrer sur les relations interpersonnelles.

"Au lieu de systématiquement redévelopper des services existants, nous pouvons réaliser un état des lieux sur un système tiers et en incorporer une synthèse au cœur de notre logiciel pour garder une vision client globale", explique Franck Chartier.

Au dire de grands groupes, l'offre de prestations de la part de jeunes pousses est toutefois si "foisonnante" qu'il faut opérer un tri avant de collaborer avec l'une d'entre elles.

César Armand

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Commentaires 3
à écrit le 04/01/2019 à 13:10
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"Souvent, les propriétaires jugent sévèrement leurs syndics de copropriété, les trouvant insatisfaisants, voire opaques" Parce qu'elles sont souvent insatisfaisantes et opaques, ces syndics ne répondant pas exactement aux besoins du propriétaire ...

à écrit le 04/01/2019 à 11:29
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Il y a un gros travail à faire de ce côté, avec ds syndics viellots, bloqués sur leurs connaissances administratives et qui maintiennent une certaine opacité vis à vis des propriétaires du fait de ces connaissances. Il y a aussi certaines accointance...

le 04/01/2019 à 16:33
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Les syndic ne sont pas formés pour preuves pratiquement aucun ne possède comme l exige la loi d attestation pour leurs collaborateurs. Le plus grave est que la DGCCRF ne réagit pas lorsque qu il lui est signifié ce fait. Un bon conseil syndical est c...

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