Pourquoi le Canada s’intéresse au Grand Paris

Le Québec comme l’État fédéral se sont associé avec deux acteurs franciliens de l’immobilier de bureau.
César Armand
« Les investisseurs étrangers regardent toujours la France avec intérêt, d'autant plus dans la perspective d'un no-deal au Royaume-Uni, et le Canada ne fait pas exception », assure David Lacaze, associé et responsable de la pratique immobilière au cabinet d'avocats d'affaires Herbert Smith Freehills.
« Les investisseurs étrangers regardent toujours la France avec intérêt, d'autant plus dans la perspective d'un no-deal au Royaume-Uni, et le Canada ne fait pas exception », assure David Lacaze, associé et responsable de la pratique immobilière au cabinet d'avocats d'affaires Herbert Smith Freehills. (Crédits : JONATHAN ERNST)

Deux coopérations coup sur coup. Le Canada revient en force dans le Grand Paris en ce printemps 2019. Déjà actionnaire de Gecina, la filiale immobilière de la Caisse de dépôt et de placement du Québec (CDPQ) Ivanhoé Cambridge s'est associé avec le fonds d'investissement Icamap pour créer le fonds Icawood. Doté de 750 millions d'euros en fonds propres, soit 1,6 milliard d'euros avec l'effet de levier des financements, il doit permettre la construction de 200.000 à 300.000 m² de bureaux en bois massif lamellé-croisé (CLT) dans la métropole du Grand Paris (MGP) à horizon 2028. Cette signature intervient également dans un contexte où 1 à 1,2 millions de mètres carrés de bureaux sont lancés chaque année en Île-de-France.

« Cela fait partie de nos priorités en immobilier d'entreprise », souligne le directeur général Europe d'Ivanhoé Cambrige Karim Habra. « Nous voulons en effet nous positionner comme un investisseur de long-terme sur des projets à forte création de valeur ajoutée : tours à La Défense, 105 000 m² dans le XIIIème avec les tours Duo, l'acquisition du campus d'EDF à Saint-Denis Pleyel... »

Les sites proches des transports "à fort développement"

Le fonds Icawood sera géré par Icamap, co-fondé par Guillaume Poitrinal, co-président de Woodeum, promoteur spécialiste du CLT, et développé exclusivement par WO2, filiale de Woodeum dédiée à l'immobilier d'entreprise. « Nous partons d'une feuille blanche », explique son président Philippe Zivkovic. « A partir de nos expériences respectives, nous sommes en capacité à trouver de nouveaux projets. » Les zones de prédilection seront les sites proches des transports ''à fort développement'' comme le Nord-Est parisien et les Hauts-de-Seine.

« Guillaume Poitrinal et Philippe Zivkovic sont des références sur le marché immobilier », salue de son côté Karim Habra d'Ivanhoé Cambridge. « Le bois massif lamellé-croisé apporte en outre des hautes performances techniques et architecturales. Il est porteur, léger, modulaire, esthétique, très performant en matière acoustique, plus rapide à construire que le béton ce qui permet de réduire la durée du chantier. » En revanche, le président (LREM) de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, Roland Lescure, ex-premier-vice-président et chef des placements de la Caisse de dépôt et de placement du Québec s'est refusé à tout commentaire sur cette alliance.

Des stratégies immobilières "différentes de d'habitude"

Par ailleurs, au niveau de l'État fédéral, l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC) a conclu un partenariat avec La Française et son actionnaire la Caisse fédérale du Crédit mutuel Nord Europe pour développer une foncière ''Grand Paris''. La coentreprise entre OIRPC (80%) et le CMNE (20%) intitulée Société foncière et immobilière du Grand Paris sera dotée de 387,5 millions d'euros et copilotée par deux cadres de La Française : Anne Génot et Guillaume Pasquier.

« La thèse est simple : le potentiel économique du Grand Paris est tel qu'il justifie de mettre en place des stratégies immobilières différentes de d'habitude », résume ce dernier. La collaboration repose sur trois critères : des endroits desservis par le Grand Paris Express, des prises de position dans des grands projets urbains comme ceux retenus lors des appels à projet Inventons la Métropole, et dans des quartiers mixtes mêlant bureaux et logements.

La perspective d'un no-deal

« Les investisseurs étrangers regardent toujours la France avec intérêt, d'autant plus dans la perspective d'un no-deal au Royaume-Uni, et le Canada ne fait pas exception », assure David Lacaze, associé et responsable de la pratique immobilière au cabinet d'avocats d'affaires Herbert Smith Freehills qui a conseillé l'Office canadien. Déjà en octobre 2018, Groupama Immobilier avait vendu à La Défense le siège de RTE, Widom, à Oxford Properties, branche immobilière d'Omers, fonds de pension des employés municipaux de l'Ontario, pour 477 millions d'euros.

Observateur avisé, Filippo Rean, directeur de la division immobilière du Reed Midem, qui organise le Marché des professionnels de l'immobilier chaque année à Cannes, estime pour sa part que « le Grand Paris Express créé des nouveaux quartiers, désenclave des territoires et fait de Paris une métropole plus intégrée ». A condition que toutefois le super-métro arrive en temps et en heure dans ces communes aujourd'hui excentrées du cœur battant de la MGP.

César Armand

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