Glyphosate : une étude donne le feu vert au renouvellement de l'autorisation dans l'UE

Le glyphosate ne présente pas de « domaine critique de préoccupation » empêchant le renouvellement de son autorisation dans l'Union européenne, selon une étude de l'Autorité européenne de sécurité des aliments remise ce jeudi à la Commission européenne. L'herbicide controversé de Bayer, accusé par des utilisateurs aux États-Unis comme en Europe de provoquer des cancers, pourrait ainsi être autorisé cinq années supplémentaires.
L’EFSA note néanmoins « un risque élevé à long terme chez les mammifères » pour la moitié des usages proposés du glyphosate (Photo d'illustration).
L’EFSA note néanmoins « un risque élevé à long terme chez les mammifères » pour la moitié des usages proposés du glyphosate (Photo d'illustration). (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)

Le glyphosate, désherbant controversé très largement utilisé dans le monde, refait parler de lui ce jeudi 6 juillet. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) vient de rendre les résultats d'une étude très attendue à son sujet, aussi bien par les agriculteurs que les écologistes. Et pour cause, elle doit servir de base à la Commission européenne pour décider du renouvellement, ou non, de l'autorisation de l'herbicide pour cinq ans, l'actuelle courant jusqu'au 15 décembre 2023.

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Il en ressort que l'EFSA « n'a pas identifié de domaine critique de préoccupation » du glyphosate chez les humains, les animaux et l'environnement, explique-t-elle dans un communiqué. Une préoccupation est définie comme « critique » lorsqu'elle affecte tous les usages proposés de la substance active évaluée, empêchant donc son autorisation, précise-t-elle. L'EFSA note néanmoins « un risque élevé à long terme chez les mammifères » pour la moitié des usages proposés du glyphosate.

Au total, le rapport, qui sera rendu public courant juillet, repose sur 2.400 études, représente 180.000 pages, et a fait appel à 90 experts des États membres, fait valoir l'autorité. L'EFSA devait initialement publier son étude au deuxième semestre de 2022, avant de reporter la publication en raison d'un nombre « sans précédent » d'observations reçues.

Le gouvernement français appelé à s'opposer

Avant la sortie des résultats, les producteurs s'étaient dits « assez confiants » sur le prolongement de l'autorisation, selon un représentant de Plateforme glyphosate France (Bayer, Syngenta...) cité par le média spécialisé France Agricole.

Ce mercredi, pour marquer le coup, des ONG environnementales ont appelé le gouvernement français à s'y opposer. « Nos organisations demandent que la France prenne position contre la ré-autorisation de cette substance dangereuse pour la santé et l'environnement », ont réclamé une quinzaine d'ONG - dont Générations futures, Greenpeace, Réseau Action Climat ou encore Les Amis de la Terre - dans une lettre remise à la Première ministre Élisabeth Borne et d'autres ministères.

« Les effets toxiques du glyphosate ainsi que sa présence ubiquitaire dans l'environnement et les êtres vivants sont largement documentés. Pourtant mi-juin 2021, les quatre États membres rapporteurs en charge de la rédaction du dossier d'évaluation ont donné un avis favorable à la ré-autorisation du glyphosate », déplorent les signataires de la lettre.

Une trentaine d'organisations environnementales ont par ailleurs recueilli plus de 500.000 signatures dans une pétition exigeant que la France s'oppose « publiquement au renouvellement de l'autorisation de ce pesticide toxique en Europe ».

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Emmanuel Macron s'était engagé en 2017 à sortir du glyphosate en France « au plus tard » début 2021, avant de revenir sur cette promesse. Des organisations agricoles s'opposent à cette interdiction, estimant que le désherbant reste largement incontournable, notamment pour faire place nette à une nouvelle culture sans labourer (la pratique, millénaire, relâche du carbone et altère la fertilité des sols).

Un produit controversé

Le glyphosate, substance active du Roundup de Monsanto racheté par l'allemand Bayer en 2018, avait été classé en 2015 comme un « cancérogène probable » pour les humains, par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). De son côté, un groupe d'experts de l'Institut national de santé et de la recherche médicale (Inserm) en France a conclu en 2021 à « l'existence d'un risque accru de lymphomes non hodgkiniens avec une présomption moyenne de lien » avec le glyphosate.

À l'inverse, l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a jugé en juin 2022 que les preuves scientifiques disponibles ne permettaient pas de classer le glyphosate comme cancérogène.

Aux États-Unis, les litiges de personnes reprochant au fabricant l'absence d'avertissement sur les emballages du Roundup ont coûté des milliards de dollars à Bayer. Au-delà des procès intentés par des particuliers, des juridictions s'attaquent à Bayer : il y a quelques semaines, le groupe allemand a accepté de verser environ sept millions de dollars à l'État de New York. Objectif, mettre fin à des poursuites l'accusant d'avoir trompé les consommateurs, en présentant l'herbicide Roundup comme un produit sans danger.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 07/07/2023 à 8:14
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Glyphosate mon amour ! Bienvenu en UERSS empire empoisonné prévu pour durer mille ans.

à écrit le 06/07/2023 à 19:14
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Encore une preuve que tout ce passe sous la table au parlement européen malgré toutes les études scientifiques et les gens malades qu'elle honte.

le 17/08/2023 à 14:30
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C'est plutôt la preuve du contraire, sous la pression conjointe de l'opinion publique, des agris et des industriels, elle a donné un droit de rétractation, s'est données des années de tests et de recherche. Elle a été près à repousser son analyse d...

à écrit le 06/07/2023 à 18:05
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il faut savoir si c'est autorise ou pas sa vend comme des petits pains sous le manteau c'est moins rique d'en rapporte de l'etranger que de la drogue les routiers font du beurre parait il c'est vrais que si l'on fait grimper le chien renifleur cela ...

à écrit le 06/07/2023 à 14:49
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Le glyphosate n'est pas un problème s'il n'est pas utilisé de manière intensive comme mode de culture. Le glyphosate est interdit aux particuliers qui représentent un "pouieme" des épandages, alors que l'agro industrie en consomme des milliers de to...

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