Alors que le virus du Covid s'installe durablement dans la liste des maladies à surveiller et mute sans cesse, comment le soigner ? Malgré l'accélération de la vaccination, Le virus continue à circuler et les médecins ont désormais besoin de traitements. Si la pharmacie Covid est encore mince, les anticorps monoclonaux commencent à montrer leur intérêt. Et parmi les candidats à de futurs traitements autorisés, certains misent sur une stratégie un peu différente afin de déjouer le cauchemar des mutations.
Avec une même efficacité sur tous les variants "inquiétants", SPKM001 est un candidat prometteur. Lors des premiers essais pré cliniques in vitro et sur des animaux, l'anticorps monoclonal développé par la jeune biotech SpikImm a donné de très bons résultats. Il neutralise efficacement la souche originale du virus, mais aussi les variants Alpha (variant "anglais"), Beta ("Sud-africain"), Gamma ("Brésilien") Delta ("Indien") et Delta Plus.
Quel intérêt thérapeutique ?
Comme avec les vaccins, le principe des anticorps monoclonaux repose sur la capacité à identifier les virus du Covid dans le corps du patient. Les anticorps les repèrent à leur protéine Spike, une forme de passe-partout qui permet de pirater nos cellules. En se collant sur cette protéine, l'anticorps neutralise cette faculté de nous pirater. Du coup, la charge virale baisse par la mort progressive des virus et la maladie finit par disparaître. Dans la lutte contre le Covid, ces anticorps tous clonés à partir d'un seul (d'où leur nom) sont des traitements intéressants pour éviter les formes graves chez les patients à risque, surtout lorsqu'ils sont administrés en tout début d'infection.
Un traitement universel ?
Initialement étudié à l'institut Pasteur, l'anticorps de SpikImm a un gros avantage. Il s'attaque à un élément de la protéine Spike qui ne semble pas se modifier dans les mutations dangereuses du virus. Du coup, il devrait continuer à fonctionner quelle que soit la nouvelle mutation et rester efficace à long terme. Selon le Dr Hugo Mouquet, directeur du Laboratoire d'Immunologie Humorale à l'Institut Pasteur : « SPKM001 devrait présenter des avantages importants par rapport aux anticorps de première génération grâce à sa capacité de neutralisation large et en monothérapie vis-à-vis des variants d'inquiétude ».
Un traitement plus abordable ?
Selon SpikImm, le SPKM001 permettra sans doute ainsi de diminuer les doses administrées sans perdre en efficacité. Car si quelques premiers anticorps comme ceux d'Elli Lilly et de Regeneron ont été autorisés dans le traitement Covid, leurs tarifs sont élevés : autour de 1.000 euros l'injection aux États-Unis. Des prix qui ont permis à Regeneron de dégager des ventes de 2,59 milliards de dollars (2,21 milliards d'euros) au deuxième trimestre 2020 avec son cocktail d'anticorps. Comme l'explique le Pr Karine Lacombe, cheffe de Service Maladie Infectieuses à l'Hôpital Saint-Antoine de Paris. « Les "super-anticorps" puissants et à large spectre développés par SpikImm pourraient constituer un outil majeur dans le traitement et la prévention de la Covid-19, car SpikImm développe une forme à longue durée d'action et une voie d'administration compatible avec une prise en charge ambulatoire. »
En France, le traitement par anticorps souvent cité en ce moment est le XAV-19 de la biotech Xenothera qui passe en essai clinique phase 3 et vient de lancer la production à cet effet. Il ne s'agit pas d'anticorps monoclonaux mais plolyclonaux, c'est-à-dire issus de plusieurs modèles d'anticorps. Les avantages du modèle monoclonal sont qu'il est plus simple à fabriquer et qu'il est administré par injection sous cutanée, contre une perfusion pour les anticorps polyclonaux. SpikImm annonce poursuivre le développement accéléré de son anticorps monoclonal 001 et vise l'entrée en essais cliniques en 2022.
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