Le vrac est-il l’avenir de la cosmétique ?

EPERNON (EURE-ET-LOIR). Pionnier dans la recharge en pharmacie des cosmétiques avec sa crème Mustela, le laboratoire eurélien Expanscience vient d’embarquer quatre autres majors du secteur dans cette démarche éco-responsable. Reste à faire adhérer plus complètement les consommatrices à la distribution en vrac de ces produits sensibles.
Les fontaines à vrac de Mustela, en service depuis trois ans, restent expérimentales.
Les fontaines à vrac de Mustela, en service depuis trois ans, restent expérimentales. (Crédits : DR)

Depuis quelques semaines, un meuble commun, proposant la distribution en vrac d'une quinzaine de crèmes cosmétique, a été installé sous forme de test au sein de la pharmacie le Carré Opéra en plein cœur de la Capitale. Le dispositif prévoit la mise à disposition de flacons réutilisables et stérilisés avant chaque utilisation. A la clé, un respect strict des normes sanitaires, intégrant trois paramètres principaux : l'absence de contact avec le produit, un stop goutte intégré, enfin une traçabilité de la crème garantie.

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Cinq laboratoires sont associés dans ce test initié sous la houlette d'Expanscience, fabricant de la marque de crème Mustela. Au sein du nouveau consortium, figurent ainsi les groupes de cosmétique Garancia, La Rosée, Bioderma ainsi que Pierre Fabre. Cette expérience, qui doit en principe être menée jusqu'à la fin de l'année, permettra de procéder à des réglages éventuels en termes d'utilisation par la clientèle.

Produits sensibles

Le déploiement de futurs mobiliers de recharge, communs aux cinq marques, est ensuite prévu à partir de 2024. Il sera accompagné de campagnes de sensibilisation et de communication autour de la distribution en vrac des crèmes de soins, produits sensibles par excellence.

Expanscience, dont le siège est situé à la Défense et qui possède un site unique en France à Epernon en Eure-et-Loir, réalise plus de 60% de son chiffre d'affaires (274 millions d'euros en 2022) sur le segment de la cosmétique. Le groupe familial est leader sur ce plan avec la marque Mustela. Employant un millier de collaborateurs, il opère par ailleurs en rhumatologie avec son médicament, Piascledine 300.

Enfin, une partie marginale de l'activité est consacrée à la fabrication d'extraits naturels. Le laboratoire avait lancé dès 2020 son propre mobilier de distribution en vrac de crème Mustela. Une douzaine de ces fontaines sont opérationnelles au sein d'officines de pharmacie de l'Hexagone. Expanscience, qui détient six filiales européennes, a également installé sept mobiliers de distribution en vrac en Belgique ainsi que deux autres modules en Italie. Concomitamment au lancement du consortium pour l'exploitation commune de distributeurs de cosmétique, le laboratoire continuera à déployer ses propres meubles, sans toutefois annoncer d'objectifs chiffrés.

20% réservé au vrac dans les surfaces de ventes en 2030

Après les solutions cosmétiques elles-mêmes, les emballages constituent le second paramètre générateur d'empreinte carbone avec environ 20% du total. En limitant ce facteur polluant grâce au vrac, Expanscience s'inscrit dans une démarche durable qui doit encore susciter l'adhésion du grand public. Contrairement aux produits alimentaires, il reste encore en partie réticent à appliquer directement sur la peau de la crème rechargeable.

« Pour lever l'appréhension des consommatrices, il est d'une part nécessaire de multiplier les offres de vrac », souligne Karen Lemasson, directrice RSE d'Expanscience. « Face à cet écueil, les laboratoires cosmétiques doivent d'autre part développer de nouvelles innovations assurant une sécurité sanitaire optimale des crèmes de soins ».

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Le contexte réglementaire participera également à la montée en puissance de la distribution rechargeable. La loi climat et résilience votée en 2021 prévoit notamment que 20% de la surface de vente des magasins de plus de 400 m2 soit réservé aux produits en vrac à l'horizon 2030. Cette échéance, anticipée par Expanscience, devrait conduire les autres enseignes majeures des soins du corps, comme L'Occitane, Yves Rocher, The Body Shop et Nivea, à emboiter emboîter le pas du laboratoire euralien à court ou moyen terme.

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Commentaire 1
à écrit le 30/09/2023 à 8:51
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Il faudrait se pencher sur le principe du maquillage, je pense que l'on découvrirait des phénomènes particulièrement intéressants.

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