Résistance aux antibiotiques : une ONG dénonce les pratiques "sales" de labos pharmaceutiques indiens

Changing Markets a effectué des prélèvement dans plusieurs cours d'eau bordant des zones de production pharmaceutiques indiennes, et révèle la présence de bactéries résistant aux antibiotiques, due aux rejets des usines.
Jean-Yves Paillé
Une usine de la société pharmaceutique Aurobindo.

L'Inde est le plus grand producteur d'antibiotiques, mais est aussi loin d'être le plus exemplaire en la matière. Telle est la conclusion d'un rapport de Changing Markets, publié cette semaine. L'ONG a prélevé des échantillons dans les cours d'eau bordant 34 sites industriels de médicaments en Inde, appartenant Aurobindo, Orchid Pharma et  Asiatic Drugs and Pharmaceuticals.

L'ONG a trouvé des bactéries résistantes aux antibiotiques dans 16 sites, qu'elle qualifie "d'usines sales". Et sur quatre d'entre eux, elle a découvert des bactéries résistant aux trois principales classes d'antibiotiques, à savoir les céphalosporines, carbapénèmes et les fluoroquinolones, utilisées en dernier ressort. En clair, s'ils ne fonctionnent pas, aucun traitement de secours ne palliera leur inefficacité.

La pollution de ces industries produisant des médicaments en Inde n'est pas un problème juste localisé, explique le rapport. "Dans notre société d'échanges internationaux, une fois créés, les résistances peuvent s'étendre dans le monde entier."

La pollution environnementale aux antibiotiques, facteur de diffusion des bactéries résistantes

Les scientifiques ont révélé ces dernières années que la pollution environnementale issue de la production d'antibiotiques causait un accroissement de la diffusion de la résistance aux antibiotiques. Ces derniers pointaient du doigt la Chine et l'Inde notamment, qui fournissent la plupart des antibiotiques dans le monde.

Les grandes quantités de déchets rejetés par les usines se diffusent dans les plans d'eau et les usines de traitement des eaux usées, et offrent un terreau fertile pour des bactéries résistantes aux antibiotiques.

Le lourd coût de la résistance aux antibiotiques

La résistance aux antibiotiques pourrait tuer 10 millions de personnes par an à l'horizon 2050, soit une toutes les trois secondes, et ainsi faire plus de morts que le cancer, selon un rapport commandé par le gouvernement britannique au début de l'année. Celui-ci rapporte en outre que plus d'un demi-million de personnes sont mortes à cause d'une infection liée à la résistance aux antibiotiques depuis la mi-2014.

Et le coût économique mondial serait énorme, si aucune action concrète forte n'est menée contre la résistance des "super-bactéries": il est estimé à 100.000 milliards de dollars d'ici à 2050.

Jean-Yves Paillé

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Commentaires 5
à écrit le 24/10/2016 à 13:57
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Merci pour cet article formidable, désespérant de part le fait que l'on permet tout même le pire à l'oligarchie mais merci de nous en parler, de véritablement nous informer.

à écrit le 23/10/2016 à 10:42
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Le lait du diable de Tasmanie permet de lutter contre les «super-bactéries». Faudrait se mettre à jour... :)

à écrit le 22/10/2016 à 13:55
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Pourrait a été estimé wouah ca c'est du fait. De la bonne propagande écologiste. Les fait il y a des bactérie polyrésistantes prés de trois usines. Parfait améliorons les procédures de nettoyage et arrétons cette propagande de pseudos ONG financé p...

le 23/10/2016 à 3:42
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Même si on nettoie les proximités des usines, c'est déjà trop tard. Les bactéries résistantes se sont déjà propagées sur toute la planète. Le mal est irréversible. Elles résistent à tous les antibiotiques connus.

à écrit le 22/10/2016 à 9:30
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Les labos sont là pour avant tout faire du fric et servir de gros dividendes....sous couvert de recherche...quant au reste ils s'en moquent....d'autant plus que la situation decrite concerne une population qui se compte en milliard. Quelques milliers...

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